Mécénat culturel : pourquoi la Fondation Crédit coopératif soutient le Festival d’Avignon
Depuis 2011, la Fondation Crédit coopératif est le mécène principal du Festival d’Avignon. Elle souhaite ainsi soutenir la création artistique, qui contribue à faire vivre la démocratie, mais aussi développer le sentiment d’appartenance des acteurs culturels à l’économie sociale et solidaire.

Comme chaque mois de juillet, depuis 78 ans, c’est l’ébullition à Avignon. Le festival de théâtre, créé en 1947 par Jean Vilar, attire désormais plus de 450 000 spectateurs chaque année : 100 000 dans le festival « in » (la quarantaine de spectacles faisant partie de la programmation officielle) et 350 000 dans la partie « off » (les quelque 1700 spectacles proposés en plus par des compagnies un peu partout dans la ville). Sans compter les personnes venues assister aux nombreux débats, rencontres, projections de films ou lectures organisées à cette occasion.
Rendre le théâtre accessible au plus grand nombre
Des amoureux du théâtre, des curieux, mais aussi des publics qui n’avaient jamais, jusque-là, assisté à une représentation. Car l’une des vocations du festival est de rendre le théâtre accessible au plus grand nombre. C’est dans cette perspective qu’a été créé le parcours « Première fois », qui permet à des publics non-initiés, jeunes comme moins jeunes, de découvrir le théâtre dans le cadre du festival, mais aussi tout au long de l’année. « Cette année, nous devrions ainsi accueillir gratuitement 9 000 jeunes au festival dans le cadre de ce dispositif », se félicite Tiago Rodrigues, directeur du festival depuis quatre ans.
Le budget du festival : environ 17 millions d’euros (chiffres pour 2022). Les subventions publiques (ville, agglomération, département, région) assurent 55 % de ce budget. Environ 35 % provient de la billetterie ou de produits divers. Les 10 % restant sont issus du mécénat.
La Fondation Crédit coopératif, mécène principal du festival
Depuis 2011, la Fondation Crédit coopératif est mécène principal du festival. Comme le rappelle Jérôme Saddier, président du Crédit coopératif, « depuis 1987, le Crédit coopératif était la banque de l’événement. Mais après la crise de 2008, Dexia, son mécène principal, a dû se retirer. Le festival nous a alors sollicités. Cela nous a paru naturel, au regard de notre engagement historique auprès des acteurs de la culture et du spectacle vivant, dont beaucoup sont nos clients. Nous sommes donc devenus mécène, puis mécène principal. »
Pour Laurence Moret, déléguée générale de la fondation, ce mécénat s’inscrit dans une volonté plus large : rapprocher le monde de la culture et l’économie sociale et solidaire (ESS). « La plupart des projets culturels font de facto partie de l’ESS par leurs statuts, même s’ils n’en ont pas forcément conscience, rappelle Jérôme Saddier. C’est un enjeu important pour nous qu’ils se revendiquent de cette appartenance. »
Au-delà du Festival d’Avignon, la fondation soutient donc des acteurs culturels, au même titre que d’autres projets de l’ESS, dans le cadre de ses « Prix de l’Inspiration en ESS ». En 2025, elle a ainsi primé la Compagnie Spectabilis, en Pays-de-la-Loire, qui a monté un spectacle visant à sensibiliser le public aux enjeux de la préservation de l’eau. En 2024, elle a soutenu Quest’Handi, qui vise à favoriser l’accessibilité et l’inclusion des personnes en situation de handicap lors d’évènements culturels ou sportifs, ou encore E-Mouvant, qui propose des ateliers de danse et de danse aérienne pour les enfants et adolescents souffrant de troubles du spectre autistique, dans le but d’améliorer leur bien-être et leurs compétences sociales.
« Faire vivre la démocratie partout où cela est possible »
Dans le cadre du festival, la fondation organise également des « cafés des idées », espaces de dialogue et réflexion autour de grands sujets de société en lien avec la programmation théâtrale. Cette année, l’une de ces rencontres, intitulée « Travailler pour vivre ou vivre pour travailler », portait sur la question du travail des artistes porteurs de handicap. Y témoignaient notamment des acteurs issus de l’économie sociale et solidaire.
Des cafés des idées qui contribuent à nourrir le débat démocratique, que la banque coopérative souhaite également soutenir. « L’un des fondements de l’ESS, c’est son fonctionnement démocratique, rappelle Jérôme Saddier. Nous sommes donc particulièrement attachés à faire vivre la démocratie partout où cela est possible, d’autant plus dans un contexte où elle est en crise profonde. L’art, notamment le théâtre, est un formidable vecteur pour cela. »
Camille Dorival