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Par Carenews INFO - Publié le 9 octobre 2023 - 18:48 - Mise à jour le 9 octobre 2023 - 18:57
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Moussa Camara : « Ce que les gens respectent, c’est le rapport de force »

Éducation, sport, politique, associatif, mobilité, ruralité… Dans un ouvrage qui écume les sujets de société comme le ferait un programme politique, le président-fondateur de l’association Les Déterminés revient sur son parcours et son engagement. ENTRETIEN

Moussa Camara a lancé Les Déterminés en 2015. L'association a permis la naissance de près de 600 entreprises.  Crédit : DR
Moussa Camara a lancé Les Déterminés en 2015. L'association a permis la naissance de près de 600 entreprises. Crédit : DR

 

Son ouvrage « Déterminé : Comment on s’en sort » est sorti le 14 septembre aux éditions Les Presses de la Cité et la machine médiatique s’est tout de suite emballée. Depuis, il enchaîne les plateaux télé, les interviews et les dédicaces. 

C’est que Moussa Camara est une perle rare dans cet univers. Un homme noir de 37 ans qui est aussi à l’aise pour parler de ses combats associatifs avec des jeunes de banlieue que pour débattre d’entrepreneuriat avec des chefs d’entreprises ou des personnalités politiques. 

À l’occasion de la sortie de son premier livre, il a reçu Carenews dans ses nouveaux locaux situés au 55ᵉ étage de la Tour Montparnasse à Paris, pour partager les clefs qui font de lui, un homme déterminé. 

 

  • Vous êtes très visible dans les médias, mais aussi sur les réseaux sociaux. Vous avez plus de 54 000 abonnés sur LinkedIn, plus de 21 000 sur Instagram. Vous avez également participé à de nombreux podcasts. Pourquoi avoir choisi de partager votre parcours dans un livre ? 

 

Cela fait plus de seize ans que je suis engagé dans l’entrepreneuriat et dans le monde associatif, c’était le moment. (...) Ce livre est là pour donner du courage à celles et ceux qui peuvent parfois se sentir bloqués parce qu’ils ne viennent pas du bon endroit, n’ont pas la bonne origine, ou la bonne formation. Je suis là pour leur dire qu’il est possible de déjouer ces statistiques, quand on travaille beaucoup, qu’on sait saisir les opportunités et que l’on met du cœur à l’ouvrage. 

Ce livre ne s’adresse pas seulement aux jeunes de banlieue, il s’adresse à tout le monde. Que vous veniez d’un centre-ville ou d’une campagne, que vous soyez dirigeant d’entreprise ou responsable politique. Dans une société fracturée où les gens se replient sur eux-mêmes et où il y a de plus en plus de violences, je voulais adresser un message positif qui rassemble les gens. Peu importe nos différences, on peut se retrouver dans le bien commun, ensemble, on peut construire la France de demain. 

 

  • Dans votre livre, vous demandez à la société française d’avoir un autre regard sur les banlieues, d’où peuvent émerger des projets sociétaux impactants. Vous dédiabolisez également les personnalités politiques…  

 

Il y a des gens intelligents partout et certains sont responsables politiques ou économiques. Quand je rencontre Pierre Gattaz, il est président du Medef, le Mouvement des entreprises de France. Je ne savais même pas ce que c’était à l’époque, il venait d’un autre monde. Il a tout de même décidé de me tendre la main, ce qui m’a permis de rencontrer des entreprises. Par la suite, cela a permis à des milliers de jeunes d’être accompagnés et d’avoir un réseau économique. 

Ma façon de faire est pragmatique. Certains ne seront pas d’accord avec cette méthode, mais j’ai toujours fonctionné comme ça. Personne ne peut réussir seul (...) On ne peut pas confier aux politiques la tâche de trouver, seuls, les solutions pour un pays, une jeunesse ou une génération. 

Notre travail en tant qu’acteurs de terrain, c’est de leur montrer où sont les sujets importants et de les bousculer pour qu’ils agissent. Je n’attends rien des personnalités politiques, quand je travaille avec eux, je veux qu’ils comprennent nos problématiques.

Ce que les gens respectent, c’est le rapport de force. Quand tu es important, on te respecte, quand tu ne l’es pas, on t’oublie. Mais ils ne peuvent pas faire cela avec nous, qui sommes aussi bien organisés et mobilisés pour le bien commun. 

 

  • Dans votre livre, vous parlez de mobilité, de ruralité, de sport, de vote, d’éducation, de jeunesse… on a finalement tous les ingrédients d’un programme politique. Réfléchissez-vous à vous engager politiquement ? 

 

La politique, j’y suis plongé dedans quotidiennement depuis des années, toutes mes actions y sont liées (...) Mais je n’ai jamais voulu en faire mon métier. J’ai eu des propositions très intéressantes que j’ai tout le temps refusées parce que je pense que le travail que je suis en train de faire n’est pas encore fini. 

Chacun son rôle. Pour ma part, là où je suis bon, c’est dans l’action, en mettant les gens autour de la table, en mobilisant des équipes et en fédérant pour mettre des projets en place. 

Depuis que j’ai commencé mon action, j’ai vu passer les présidents… C’était Chirac, puis Sarkozy, après Hollande et maintenant Macron. J’ai aussi vu passer des dizaines et des dizaines de ministres sur mes sujets… Moi, je suis encore là. 

 

  • Alors que les labels se multiplient dans l’écosystème entrepreneurial, vous n’utilisez pas une seule fois les termes « impact », « ESS » ou « RSE » dans votre livre. Pourquoi ? 

 

Ce ne sont que des mots. Ils ont pour objectif de générer plus de notoriété et de communication ou d’engranger plus d’argent, tout simplement (...) Le plus important, c'est d’être solide et sincère dans ses actions, avec comme intérêt premier de vouloir changer le monde avec ses idées, c’est ça que doivent viser les acteurs de l’engagement (...) Sinon, on se perd et à la fin, on n’est plus utile là où on devrait l’être.

 

  • « Les Déterminés, c’est le premier étage d’une maison plus grande à construire ». C’est l’une des dernières phrases de votre livre. Alors de quoi seront faits les prochains étages ? Quel est votre prochain défi ? 

 

J’ai encore des choses à raconter, je vais continuer à déployer le programme des Déterminés notamment en Outre-mer. 

Il faut également qu’on arrive à faire émerger d’autres role models en France. Il y a encore un plafond de verre qu’on n'arrive pas à faire exploser. Il faut des personnes aux origines et aux parcours différents dans toutes les sphères de pouvoir. C’est un travail sur le long terme, mais on va réussir à le faire. On a le devoir de réussir cette mission, si on ne le fait pas, on va se cloisonner dans un pays qui reproduit les mêmes élites sur des générations. On ne peut plus tenir sur ce système-là, c’est impossible. 

 

Leticia Farine 

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