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Par Carenews INFO - Publié le 10 juin 2021 - 13:00 - Mise à jour le 10 juin 2021 - 15:53
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La coopérative Chamarel-les-Barges propose de vieillir autrement

Ne parlez pas d’Ehpad ou d’isolement aux membres de la coopérative de Chamarel-les-Barges. Mais plutôt d’habitat partagé et de démocratie participative où vivent des personnes âgées en communauté.

Crédits : Andrii Yalanskyi
Crédits : Andrii Yalanskyi

 

Chamarel-les-Barges, une utopie qui est devenue réalité. Pour comprendre le projet, il faut revenir en mai 2010. Deux des membres fondateurs de la coopérative, s'interrogeant sur l'accessibilité aux places dans les maisons de retraites et leurs prix exorbitants, décident de se lancer dans un projet sur le concept du mieux vieillir. En décembre 2012, la société Chamarel-les-Barges est fondée, sous forme de coopérative. L’objectif premier est de construire un immeuble coopératif, qui verra le jour en 2017, et permettra aux habitants de vieillir chez eux, de vivre entouré par les autres résidents, sans participer à la spéculation immobilière et de continuer à être maître de leur vie en participant aux assemblées démocratiques de l’immeuble. 

 

Une autre manière de vieillir 

Au 31 décembre 2020, la France comptait 14 750 688 retraités. Selon la Drees (Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques), le nombre de résidents en Ehpad était de 611 000 personnes. Autres chiffres explicites sur la situation des personnes âgées de plus de 60 ans en France, 900 000 d’entre elles seraient isolées, et 300 000 vivraient dans un isolement extrême, selon l’Insee. Pour éviter ces problèmes, qui accélèrent la dégénérescence due à la vieillesse, les habitants de Chamarel-les-Barges ont conçu un système pour mieux vieillir. 

 

Un habitat sous forme de coopérative 

Vivre ensemble, telle est la doctrine qui lie les 18 personnes de plus de 60 ans qui vivent dans l’immeuble coopératif de quatre étages à Vaulx-en-Velin, en banlieue lyonnaise. Le bâtiment comprend 16 logements de 45 à 55 m2. Le but de la coopérative est de continuer à maîtriser sa vie, ses actions, à prendre des décisions de manière autonome. L’immeuble fonctionne en démocratie participative. Chaque décision est prise de manière collégiale, en consensus. Si une personne est opposée à une décision, celle-ci est annulée. Une réunion de plus de deux heures a lieu chaque semaine entre les habitants, et une assemblée générale se tient une fois par mois réunissant les 40 adhérents de l’association qui ne sont pas tous des résidents de l’immeuble. Le but étant de discuter des investissements, des projets de panneaux solaires et de récupérateur d’eau de pluie, de la vie en communauté, de l’aménagement des parties communes, etc.   

Le bâtiment est adapté à la vieillesse de ses habitants, et aux possibles handicaps physiques qu’ils pourraient avoir. Les salles de bain sont toutes équipées de douche à l’italienne, faciles d’accès, et la plupart des portes sont coulissantes pour pouvoir se déplacer rapidement et sans contrainte. Tous les espaces de l’immeuble, des parties communes aux logements individuels sont accessibles en fauteuil roulant. Les couloirs, les salles de bains et les dimensions des portes sont plus larges que la normale.

 

Un autre rapport à la propriété 

Chaque personne membre de la coopérative ne possède pas son appartement mais a acquis des parts sociales de la coopérative. Les habitants ne sont ni propriétaires, ni locataires. Si un membre décide de quitter l’immeuble, la valeur des parts sociales qu’il possède lui reviendra et non la valeur de son appartement, même si celui-ci a connu une plus-value. Le principal objectif de la coopérative est de s’émanciper de la spéculation immobilière. La solidarité dans le budget est inscrite dans le marbre. Pour accéder à un logement, il faut investir 30 000 euros, équivalent à l'acquisition des parts sociales. Mais si certaines personnes ne peuvent allouer une telle somme pour rentrer dans la coopérative, des efforts sont effectués par les autres membres. 

« On ne peut pas dire, on va acheter là puis dans 15 ans nos héritiers, quand ils le vendront, l’immeuble aura pris de la valeur. C’est vraiment un modèle qui pourrait être une solution à la spéculation immobilière. On investit dans des idées, et c’est beaucoup mieux que d’investir dans l'argent », explique Chantal Nay au micro de LCP. Comme la plupart des habitants de l'immeuble, l'ancienne enseignante a participé aux mêmes manifestations, à mai 68, et possède une idéologie égalitariste. 

Les habitants doivent verser chaque mois une redevance allant de 600 euros pour un deux-pièces à 800 euros pour un T3. Ce loyer permet de rembourser les prêts. En plus de leur appartement, les résidents ont accès à deux chambres d’amis, à une salle et une cuisine communes, un atelier de bricolage, une buanderie, au bureau de l’association. Récemment, une petite médiathèque, un espace culturel commun, a vu le jour dans les coursives de l’immeuble. Comme c’est le cas pour l’atelier de bricolage et pour le jardin, la médiathèque se développe avec la mutualisation des biens. Chaque habitant y place ses livres, CD et DVD. 

 

Un immeuble écologique

L’immeuble respecte en tout point les normes du développement durable. Le bâtiment est l’un des plus grands de la région à être isolé en paille, la façade est faite de bois, de manière à réduire l’empreinte énergétique de l’ensemble. Comme dit précédemment, une fois les fonds réunis, la coopérative installera des panneaux solaires et un système de récupération d’eau de pluie pour tendre vers l’autosuffisance. Les déchets organiques sont compostés pour être ensuite utilisés pour nourrir la terre. 

 

Florian Grenon

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