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Par Carenews PRO - Publié le 10 juin 2021 - 09:00 - Mise à jour le 6 juillet 2021 - 15:13 - Ecrit par : Christina Diego
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Charlotte Poulain (DUO for a JOB) : « La force du mentorat, c’est un accompagnement personnalisé, entre le senior et le jeune »

Le 100e duo mentor/ « mentee » vient d’être créé à l’antenne parisienne de l'association DUO for a JOB. L’occasion de nous entretenir sur la spécificité du mentorat intergénérationnel avec Charlotte Poulain, la directrice adjointe en Île-de-France. 

Charlotte Poulain de DUO for a JOB à Paris répond à nos questions. Crédit : Duo for a JOB
Charlotte Poulain de DUO for a JOB à Paris répond à nos questions. Crédit : Duo for a JOB

 

L’association DUO for a JOB est implantée en France et en Belgique. Sa mission principale est de proposer un programme de mentorat à la fois intergénérationnel et interculturel, à destination de jeunes demandeurs d’emploi entre 18 et 33 ans qui sont issus de la diversité ou réfugiés. L’accompagnement est effectué par des mentors bénévoles de plus de 50 ans. L’aspect intergénérationnel est une volonté très forte de DUO for a JOB depuis sa création en 2013 à Bruxelles. 

 

  • Comment est née l’idée de DUO for a JOB ?

 

L’association DUO for a JOB a été créée par Frédéric Simonart et Matthieu Le Grelle à partir d’un double constat. D’un côté, les jeunes issus de la diversité rencontraient plus de difficultés pour trouver un emploi que les jeunes belgo-belges et d’autre part, beaucoup de personnes de plus de 50 ans, qui n’étaient plus en activité et avaient envie de continuer à transmettre leurs compétences acquises pendant leur carrière professionnelle. L’engagement des personnes seniors est très fort. Les personnes de plus de 55 ans s’engagent plus dans des activités de bénévolat que le reste de la population. 

Il existe six antennes en Belgique, l’association a essaimé ensuite en France. L’antenne parisienne a été créée à la mi-2019. Les premiers duos ont été créés fin 2019 début 2020 et on a connu une accélération fin 2020. 

 

 

  • Comment sont sélectionnés les mentors et les « mentees » ? 

 

Dans le développement d’une nouvelle antenne, la première phase est de recruter les premiers mentors et ensuite de trouver les jeunes. C’est dans ce sens, car sinon les jeunes devraient attendre trop de temps avant le début de la mise en place du duo. Nous essayons d’avoir légèrement plus de mentors pour être en capacité de former le duo jeune et senior selon leurs besoins et un secteur d’activité. Nous formons les mentors sur trois à quatre semaines avant la mise en duo. En règle générale, ce sont des personnes de plus de 50 ans, avec une expérience professionnelle à valoriser, localisées dans la région de l’antenne. 

Les « mentees », quant à eux, ont entre 18 et 33 ans, sont issus de la diversité ou ayant eu un parcours de migration ou un parent ou un grand-parent né en dehors de l’Union européenne. Nos accompagnements sont en français ou en anglais, et si un jeune a des difficultés pour parler la langue française, on peut le mettre en relation avec un mentor qui lui donnera des cours. Leurs profils sont très différents. Près de 50 % des jeunes accompagnés n’ont pas de diplômes reconnus en France, mais ils ont souvent eu une première formation dans leur pays d’origine, sans forcément d’équivalence ici. D’autres jeunes ne sont jamais allés à l’école et certains sont diplômés à un niveau bac+5. Ils sont tous en recherche d’emplois et ont besoin d’aide. En fonction du profil du « mentee », le mentor aura un rôle très différent. Avec ceux qui connaissent déjà le processus de recherche d’emploi, il s’agira d’une aide sur la modification de CV ou de préparation aux entretiens. Pour les jeunes plus débutants, le travail ne sera pas le même. Il s’agira de découvrir quel est son projet professionnel, ses compétences, ce qu’il sait ou peut faire. La force du programme, c’est un accompagnement long, personnalisé, entre le mentor et le « mentee ». 

Les jeunes des quartiers sont plus difficiles à toucher. Nous mettons en place des « allers vers » avec des associations de quartiers partenaires, où nous leur présentons nos programmes de duo et mentorat. 

 

 

  • En quoi consiste concrètement le mentorat intergénérationnel ? 

 

Le programme est régi par un cadre très structuré, sur six mois, à raison d’une rencontre par semaine pendant deux heures. Les mentors sont formés, avant la mise en place du duo, sur des thématiques différentes. Ils suivent des modules sur l’insertion professionnelle, avec un focus spécial sur comment s’inscrire à Pôle emploi ou se réactualiser par exemple, sur la communication interculturelle, l’écoute active... différentes thématiques très importantes dans le cadre d’une relation de mentorat. 

Une fois les mentors formés, nous organisons une réunion « de matching » où nous allons regarder de plus près les profils des mentors et des jeunes identifiés en amont. Une fois le duo mentor-mentee créé, nous organisons une première rencontre entre eux et à l'issue de celle-ci, ils nous disent s'ils souhaitent continuer le duo ensemble. Le duo est suivi à un rythme défini selon la convention de mentorat mise en place. En général, les rencontres hebdomadaires ont lieu dans nos locaux et un permanent de l’association suit le duo durant les six mois, avec un point mensuel pour répondre à leurs questions.

Pour DUO for a JOB au global, France et Belgique, nous en sommes à trois jeunes sur quatre qui ont trouvé une solution positive. C’est-à-dire soit un CDD de plus de trois mois, un CDI, un stage ou une formation dans les trois mois qui ont suivi l'accompagnement. C’est très positif pour nous, car nous n’avons pas de critères de sélection basés sur des diplômes ou la motivation, mais d’éligibilité comme l’âge, la langue parlée ou le pays d’origine, etc. 

 

  • Quel a été l’impact de la crise sur votre activité ? 

 

Chez DUO for a JOB, nous étions très attachés au présentiel, mais avec la crise, nous avons dû faire pas mal de visioconférences. Du coup, nous avons proposé des sessions en distanciel pour l’information, le recrutement, la formation des mentors, les entretiens individuels, et nous avons équipé les jeunes d’ordinateurs. 

Il y a eu un impact en digitalisant notre activité. L’inclusivité était la variable à prendre en compte dans le sens où certains mentors ou jeunes n’étaient pas forcément capables d’utiliser les outils numériques. 

Aujourd’hui, nous privilégions vraiment le présentiel pour que tous les jeunes puissent nous rejoindre. 

Pendant le premier confinement, il y avait assez peu de duos déjà formés et actifs. Ceux qui existaient l’ont fait par téléphone. Lors du second, les duos qui existaient ont commencé en visio et se sont vus une fois en présentiel. 

En ce moment, beaucoup de mentors expriment le souhait de revenir à du présentiel. Et d’autres veulent continuer en mixant les deux, présentiel et à distance. C’est très nouveau. Nous espérons continuer cet été en distanciel pour accompagner plus de jeunes.  

 

  • Vos projets à venir ?

 

Nous sommes en pleine expansion sur la France. L’antenne de Lille vient d’ouvrir en mai. Les premiers duos vont être créés cet été. L'antenne de Marseille va ouvrir à la rentrée. Ils feront leurs premiers duos fin d’année 2021 voire début 2022. La prochaine antenne en développement est prévue sur Lyon en 2022. Donc en 2022, il y aura Paris, Lille, Marseille et Lyon en antennes opérationnelles. 

Les autres projets sont centrés sur l’international, comme aux Pays-Bas, à Rotterdam en ce moment. 

 

 

Christina Diego 

 

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