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Par Carenews INFO - Publié le 22 avril 2022 - 16:30 - Mise à jour le 22 avril 2022 - 16:30 - Ecrit par : Lisa Domergue
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Réfugiés ukrainiens : une opportunité pour accueillir dignement tous les demandeurs d'asile ?

Très rapidement après le début de la guerre en Ukraine, la France a mis en place un dispositif exceptionnel visant à accueillir dignement ces citoyens. Il a d’ailleurs été salué par de nombreuses associations de terrain qui demandent à le généraliser à tous les demandeurs d’asile.

Crédit photo: Charles VIANSSON PONTE.
Crédit photo: Charles VIANSSON PONTE.

 

Un peu plus d’un mois après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, 36 associations ont cosigné un appel « pour que l’accueil digne soit la règle, pas l’exception ». Les pouvoirs publics, et à plus grande échelle l’Union européenne, ont très rapidement réagi pour accueillir les réfugiés ukrainiens, qui sont plus de cinq millions à avoir franchi les frontières. Une solidarité saluée qui pose la question de l’accueil des autres citoyens exilés en France, privés d’accès à ce dispositif.

Un dispositif salué par les associations

En effet, très rapidement après le début de la guerre, l’Union européenne a pris la décision d’activer une directive adoptée en 2001 permettant de donner un titre de protection temporaire aux Ukrainiens. « Il s’agit d’une protection collective, qui ne demande pas de passer par une demande d’asile individuelle et qui leur confère le droit au logement, à l’éducation ou, comme en France, au travail », nous explique Céline Schmitt, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). Pour l’heure, 49 000 personnes ont fait cette demande de protection temporaire en France. 

Toutes les associations de terrain saluent ce dispositif : « On est positivement surpris par la qualité de l’accueil qui est mis en place », précise Nikolaï Posner d’Utopia 56, l’une des associations signataires de l’appel, avant de poursuivre : 

Ce qu’on critique, ce n’est pas tant la différenciation de traitement, mais le mauvais traitement des certains exilés. La situation est désormais mise en parallèle avec cette réalité qui montre que des moyens existent pour accueillir dignement. »

La réalité : un accueil à deux vitesses

Différents témoignages font état d’une dichotomie entre les réfugiés ukrainiens et « les autres », qui n'ont pas accès au même parcours d’accueil. « Ce sont des personnes qui sont laissées à l’abandon dès leur arrivée sur le territoire », dépeint le chargé de communication d'Utopia 56. D’après l’enquête « Les oubliés du droit d’asile », réalisée auprès de cinq structures d’accueil parisiennes, près de la moitié des demandeurs d’asile vivent à la rue ou en squat et seulement 28 % sont hébergés par l’État. 

D’ailleurs, Théa Drogrez, responsable de projet chez Watizat, une association qui milite pour l'accès des personnes exilées à l'information, prévient, ces inégalités de traitement pourront à terme entraîner des incompréhensions et des tensions. Comment expliquer que certains exilés aient le droit à un accueil « à peu près digne avec un accompagnement » et que d’autres « doivent encore attendre trois mois pour avoir une assurance maladie gratuite » ? 

Des inégalités de traitement qui se font déjà ressentir 

Ces inégalités de traitement existent pour les étrangers qui ont fui l’Ukraine, mais qui ne peuvent avoir accès au dispositif de protection temporaire. La circulaire exclurait « les ressortissants de pays tiers qui sont en mesure de regagner leur pays d’origine dans des conditions sûres et durables », a rapporté Street Press qui a recueilli les témoignages d’étudiants étrangers ayant fui la guerre, mais qui ne peuvent pas s’inscrire dans les universités françaises. 

Tout comme l’association Utopia 56, qui craignait la remise à la rue d’une quarantaine de mineurs étrangers mis à l’abri dans un centre d’hébergement. « Le directeur de l’établissement leur a dit que leur prise en charge s’arrêtait, notamment parce qu’il allait accueillir des personnes ukrainiennes », raconte Nikolaï Posner qui précise cependant que l’association n’est pas en mesure de le confirmer. « Mediapart avait cependant eu accès à différents contrats passés dans l'hôtel, mettant en avant que ces jeunes allaient certainement être remplacés par des Ukrainiens. » Grâce à la mobilisation des associations, la préfecture a finalement « fait marche arrière ». 

Des ralentissements pour les procédures

Outre ces inégalités de traitement dénoncées par les associations, la crise ukrainienne a également ralenti la machine administrative pour les demandeurs d’asile. Tiffany Moulin est la responsable d’un des accueils de jour des Amarres, un tiers-lieu solidaire localisé sur les quais d’Austerlitz. Géré par l’association Aurore, ce centre pour homme reçoit plus de 350 personnes par jour.  « Au début de la crise, les autorités et les institutions étaient mobilisées sur la question de l’accueil des Ukrainiens. »

Résultat : arrêt total des transferts – pilotés par la préfecture d’Île-de-France et qui vise à orienter les demandeurs d’asile vers des centres d’accueil et d’évaluation de situation (CAES) – contre un transfert toutes les semaines, voire les deux semaines. « C’est l’une des conséquences de la crise ukrainienne, car elle a mobilisé de nombreuses personnes. Il y avait donc moins de temps pour gérer les autres transferts et permanences », détaille-t-elle. 

« Le dispositif existe, il n’y a rien à inventer »

Avec leur appel, les associations ne remettent aucunement en cause le dispositif mis en place pour accueillir les réfugiés ukrainiens. Elles appellent seulement les autorités publiques à le généraliser pour qu’il soit ouvert à tous les demandeurs d’asile, et ce, sans distinction de nationalité. 

La guerre en Ukraine a ainsi démontré que la France a les capacités d’accueillir dignement tous les demandeurs d’asile, comme l’appuie Nikolaï Posner : « Le dispositif existe, il n’y a rien à inventer. » 

 

Lisa Domergue 

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