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Par Carenews INFO - Publié le 15 mars 2022 - 14:52 - Mise à jour le 15 mars 2022 - 16:28 - Ecrit par : Théo Nepipvoda
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Ukraine : un centre d’accueil France terre d’asile aux avant-postes

Quelques jours après le début de la guerre en Ukraine, l’association France terre d’asile a ouvert à Paris un centre d’accueil et d’information pour les réfugiés ukrainiens. Trouver un logement, se nourrir, se soigner… Ce centre multi-service est aux avant-postes pour soutenir ces personnes fuyant la guerre. Reportage.

Le centre de France terre d'asile. Source : Théo Nepipvoda.
Le centre de France terre d'asile. Source : Théo Nepipvoda.

 

Dans la salle d’attente du centre, certains réfugiés traînent de gros bagages, parfois plusieurs, entassés, semblant contenir toute leur vie. D’autres sont uniquement lestés de petits sacs à dos, comme s’ils partaient quelques heures pour une promenade dominicale. Diverses situations qui témoignent de la précipitation avec laquelle tous ont quitté l’Ukraine.

L'attente après le périple

Assise sur l’une des chaises de la salle d’attente, Tanya patiente accompagnée de sa grosse valise de voyage. Son bonnet coloré et ses petites lunettes lui donnent un air juvénile. Pourtant, la jeune femme, originaire de Kharkiv, vient de traverser l’Europe pour fuir la guerre : « Je suis passée par la Pologne puis arrivée hier soir à Paris avec des amis », retrace en français la jeune femme éprouvée. 

Pour faire passer le temps en attendant de rencontrer un salarié de l’association, Tanya envoie des messages vocaux à sa famille, restée en Ukraine, pour les informer sur son voyage. Comme elle, une trentaine de personnes doivent s’armer de patience avant d’être appelées pour un rendez-vous d’information, étape permettant d’obtenir une solution d’hébergement.

Un point d’accueil à Paris

Ce centre, situé dans le 18e arrondissement à Paris, est devenu le point d’accueil et d’aide parisien pour ces réfugiés fuyant les bombes qui, pour certaines, ont rasé leur logement. Triste ironie, le centre est implanté dans le quartier en construction de Porte de la Chapelle, où immeubles et entrepôts commerciaux poussent comme des champignons.

Le centre accueille également un tiers d'habitants non-ukrainiens, étudiants pour certains, ayant souvent choisi la France, car originaires de pays francophones. Un exil qui peut être plus tourmenté pour ces populations qui doivent réunir les preuves de leur vie en Ukraine.

Chaque jour, jusqu'à 500 réfugiés ukrainiens ou résidents sont accueillis sans rendez-vous, jusqu’à 18 heures, dans ce point d’accueil. Géré par l’association France terre d’asile, il permet principalement d’enregistrer puis de rediriger les réfugiés vers des solutions d’hébergement d’urgence, dans les hôtels d’Ile-de-France et depuis peu, dans d’autres villes françaises. Depuis son ouverture, quelques jours après l’invasion, il a permis d’aider près de 3 000 personnes.

Des salariés en ordre de bataille

Au total, 16 salariés de l'association se relaient dans trois petites salles vitrées pour mener les entretiens administratifs : « Nous les recevons pour les informer sur ce qu’il va se passer, sur leurs droits », explique Hélène Soupier-David, directrice du plaidoyer de France terre d’asile. « Nous prenons également des informations telles que le nom, prénom et le nombre de personnes par famille » Des salariés sont également chargés de trouver la solution d’hébergement idoine.

Après cette rencontre, les réfugiés patientent dans une deuxième salle d’attente, encore plus bondée et métallique, parfois plusieurs heures. Ils scrutent l’arrivée du bon bus, celui qui les conduira jusqu’à l'hôtel, lieu synonyme d’un premier repos pour la plupart d’entre eux.

D’autres associations pour un accueil global

Outre l’information, le lieu est construit comme un accueil global. Pendant l’attente, les réfugiés peuvent profiter d’autres services proposés par des associations ou des équipes de la Ville de Paris installées sur les deux étages du centre. Une distribution alimentaire est assurée par une équipe de l’Armée du Salut. Des agents municipaux animent deux zones de jeux pour les enfants, décorées par des dessins collés aux murs. Une équipe d’infirmiers du Samusocial de Paris et une seconde de psychologues de la ville sont dépêchées sur place pour les problèmes de santé. 

Enfin, le deuxième étage est réservé à la préfecture. Un passage obligé pour les arrivants puisqu'elle est chargée d’attribuer une protection temporaire. Près de 100 rendez-vous sont menés chaque jour.

Un lieu multiservice 

« Nous avons voulu que ce lieu soit multiservice », précise Hélène Soupier-David.  « Chacun agit en fonction de sa spécialité. France terre d’asile pour l’accompagnement social et l’accueil. L’armée du Salut pour la distribution alimentaire, la logistique ». Ces situations de crise peuvent donc déboucher sur de nouveaux modèles d’organisations.

Mais les jours avancent et les arrivées se multiplient. Les attentes sont de plus en plus longues. Le faible volume sonore, traduisant la fatigue générale, ne parvient plus à masquer l’évidence : le lieu devient trop étroit pour répondre à la crise qui est en train de se dérouler. Hélène Soupier-David assure d’ailleurs qu’un déménagement est prévu dans les jours qui arrivent alors que le gouvernement a estimé que jusqu’à 100 000 personnes pourraient arriver sur le territoire français.

Et encore, nous n’avons rien vu. Liubov, bénévole chargée d’accueillir les arrivants, sort son smartphone et montre une vidéo qu’elle a prise ce matin : une queue de plusieurs dizaines de mètres se faufilant à travers les rues parisiennes, rien que pour pénétrer dans le centre.

Des bénévoles arrivés eux-mêmes d’Ukraine 

 

Liubov se charge de l'accueil. Source : Théo Nepipvoda.

 

Liubov, originaire de Kiev, a elle-même atterri avec sa fille dans le centre, quelques jours plus tôt après un long trajet par la Pologne. Après son installation chez des amis, revenir en tant que bénévole lui est apparu comme une évidence : « Je voulais vraiment aider les gens, car je parle un peu français », explique la jeune femme. Il y a quelques années, elle a séjourné un certain temps en France pour apprendre la pâtisserie. 

Aujourd’hui, Liubov se tient à l’entrée du centre, parfois assise ou debout, pour diriger et accueillir les personnes ayant fui la guerre. La jeune femme, aux yeux mouillés par l’évocation de son père resté dans la région de Donetsk, explique que “Liubov” signifie amour en russe. « Je suis obligée d’aider les gens si je m’appelle amour », s’émeut la jeune ukrainienne.

Comme elle, Aléna s’occupe aujourd’hui de l’accueil et accompagne les personnes, d’un pas énergique, vers les services recherchés. Cette jeune russe s’occupe également de la traduction lors des rendez-vous, pour des réfugiés très souvent russophones, car venant de l’est de l’Ukraine. 

Aléna habite et travaille en France depuis huit ans. Cela lui est apparu comme une évidence de venir apporter son aide pendant son temps de repos hebdomadaire. « Cela me permet d’apporter un peu de chaleur à des gens dont la vie est détruite », analyse la jeune femme, venue de banlieue parisienne.

Des bras ouverts, une oreille attentive. Un premier contact, rassurant, dans un processus d’accueil où l’efficacité n’a pas effacé la nécessaire humanité.

 

Théo Nepipvoda

 

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