Reporters d’espoirs, l'association qui promeut le journalisme de solutions
Depuis 2004, l’association Reporters d’espoirs vise à inciter les médias à valoriser davantage les solutions concrètes aux problèmes de société. Elle a créé des prix du journalisme de solutions, mais aussi une revue à destination du grand public.
Promouvoir le journalisme de solutions : tel est l’objectif de l’association Reporters d’espoirs. Autrement dit, le journalisme qui vise à mettre en avant des réponses concrètes à des problèmes, qui raconte des initiatives inspirantes, sans pour autant renoncer au recul critique indispensable au métier de journaliste.
L’idée est née il y a vingt ans dans la tête de Laurent de Cherisey, qui travaillait alors dans la communication. Un soir de Noël, il s’étonne que le journal télévisé ne parle que de marées noires et de catastrophes. Dans un reportage publié par le journal Libération, il découvre un entrepreneur social du Rajasthan, qui a développé des techniques simples pour permettre aux villageois de créer un système d’irrigation à partie de l’eau de pluie. Par essaimage, le dispositif bénéficiait alors à 700 000 villageois.
Enthousiasmé par cet article, Laurent de Cherisey souhaite trouver un moyen d’inciter les journalistes à faire davantage de reportages de ce type. Il est rejoint par plusieurs confrères et consœurs issus du journalisme et de la communication, et c’est ainsi que naît Reporters d’espoirs.
La France des solutions
Depuis, l’association a créé des prix Reporters d’espoirs, qui récompensent chaque année des articles traités sous l’angle « problème + solutions ». Ces prix ont distingué plus de 120 journalistes depuis leur création en 2004.
Entre 2013 et 2021, l’association a également organisé l’événement La France des solutions, « qui consistait à valoriser des initiatives concrètes, à travers des pitchs de gens qui font, mais aussi des débats qui permettent une prise de recul », explique Gilles Vanderpooten, le délégué général de l’association.
Depuis trois ans, Reporters d’espoirs édite une revue annuelle thématique. « Cette année, pour nos vingt ans, parce que nous restons jeunes, nous avons consacré cette revue à la jeunesse, à travers un numéro sur la "génération solutions", ces jeunes qui agissent concrètement face à la crise environnementale, contre les inégalités ou en faveur de la paix dans des zones de conflit », détaille Gilles Vanderpooten. Cela donne 148 pages d’interviews, de reportages inspirants et d’enquête sur ces jeunes dont chacun a beaucoup à apprendre.
Mais la vocation de l’association est aussi d’outiller les journalistes pour leur permettre d’aller davantage vers le journalisme de solutions. Reporters d’espoirs a ainsi créé une base de données à leur intention pour leur permettre d’identifier des initiatives intéressantes sur différentes thématiques.
En 2020, l’association a mené une étude pour évaluer la place des questions climatiques dans les médias. Il en est ressorti qu’elles représentaient moins d’1 % des contenus traités. « Cela a beaucoup fait réagir les médias », note Gilles Vanderpooten. C’est à cette époque-là, notamment, qu’a été initiée la charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence climatique, aujourd’hui signée par un grand nombre de journalistes et de médias. De son côté, Reporters d’espoirs a publié un guide des bonnes pratiques pour les journalistes souhaitant mieux traiter les questions climatiques, notamment sous l’angle des solutions.
Un Mooc sur l’ESS à destination des journalistes
En 2022, l’association s’est également intéressée à l’économie sociale et solidaire (ESS) et à la manière dont elle est abordée par les médias. « Lorsqu’on a interrogé les acteurs de l’ESS sur ce sujet, il en est ressorti une grande frustration : ils estiment que les journalistes ne considèrent pas suffisamment l’ESS comme un modèle alternatif d’entreprise, incarnant un contre-modèle de société, qu’ils ne font pas suffisamment le lien entre une action de terrain et un contexte plus large dans lequel s'inscrivent ces structures », souligne Gilles Vanderpooten. Les journalistes, eux, soulignaient leur difficulté à appréhender la notion d’économie sociale et solidaire dans son ensemble, en raison de la diversité des structures qui la composent, mais soulignaient aussi la richesse et le foisonnement des initiatives d’ESS, porteuses d’innovations sociales, qui sont pour eux une grande source d’inspiration.
L’étude a notamment donné lieu à la réalisation, en partenariat avec l’Essec, d’un Mooc (cours en ligne) gratuit sur l’ESS à destination des journalistes et des communicants, intitulé « Mieux comprendre l’économie sociale et solidaire pour mieux en parler ».
Camille Dorival
La revue « Générations solutions » de Reporters d’espoirs est en vente en librairie, en Relay, et en ligne.