Un « Café des mamans » pour rompre l’isolement des mères en situation de monoparentalité
Le samedi 1er mars s'est tenu un moment convivial destiné aux mamans solo et à leurs enfants. Organisé par la Collective des mères isolées, ce type d'événement entend rompre la solitude de ses membres. Pour l'occasion, Carenews s'est rendu à Montreuil, dans les locaux de l'association Comme vous émoi.

« Comme ça, la petite peut promener sa tortue », s'amuse Sarah. Elle se sert un verre de jus d’orange tout en gardant un œil sur sa fille. L’enfant de cinq ans s’amuse dans les locaux de l’association Comme vous émoi, tiers-lieu culturel et solidaire situé à Montreuil. C’est dans cette grande salle qu’a lieu un « Cafés des mamans », le samedi 1er mars. Organisée par la Collective des mères isolées, l’initiative est dédiée aux mères en situation de monoparentalité et à leurs enfants. L’association milite depuis cinq ans « pour les droits et contre l’invisibilisation » du 1,5 million de femmes confronté à cette situation.
L’espace comprend une grande salle, une scène de théâtre, une cuisine et une pièce à proximité d’un piano où se déroule l’évènement.
Un espace jeux au sein des locaux de Comme vous émoi. Crédit : Léanna Voegeli
Une initiative locale qui se déploie sur le territoire
L’objectif est de « rencontrer des femmes dans la même situation que nous », explique Diana en remuant son thé à la menthe. Maman célibataire depuis 13 ans, elle apprécie la liberté de ton qui caractérise la collective. « On peut parler de précarité sociale ou encore d’accès à l’éducation sous le spectre de la monoparentalité. Ce n’est pas forcément le cas dans d’autres associations », fait-elle valoir.
Alors qu’un jeune garçon aux cheveux bouclés de quatre ans se démène pour faire disparaitre un œuf magique grâce à une baguette Harry Potter, Sandrine et Sarah abordent la genèse du projet. Cette dernière a fondé la Collective des mères isolées en compagnie de trois autres mamans.
« Le mouvement est née lors des municipales montreuilloises en mars 2020. Nous revendiquions un tarif "parents isolés" pour la cantine et les activités périscolaires à Montreuil », explique-t-elle. « De fil en aiguille, l’association s’est créée grâce au mouvement qui a pris de l’ampleur. Beaucoup de mères isolées se sont reconnues et des antennes se sont déployées un peu partout en France ».
La monoparentalité abordée sous un prisme sociétal
Sandrine les rejoint à l’automne 2020 : « Grâce aux réseaux sociaux, j’ai eu connaissance d’un groupe d’entraide. Je me suis reconnue dans les revendications », se rappelle-t-elle. « Les mères qui nous ont rejoint découvraient que leurs problématiques n’étaient pas des cas personnels. Elles ont réalisé que cela dépassait les individualités », argue Sarah.
Les sujets abordés lors de ce Café des mamans sont variés : cela va de la charge mentale décuplée aux échanges d'informations sur l’aide juridique. « Impossible de lutter contre les violences en général, si on ne nous donne pas les moyens de contrer les violences économiques », peut-on entendre. Les conversations suivent un même fil : la monoparentalité vue comme un enjeu sociétal et politique, comme le souligne Sarah, appuyée par Diana et Sandrine.
Le « Cafés des mamans » se déroule dans les locaux de l'association Comme vous émoi. Crédit : Léanna Voegeli
Une action qui repose sur la solidarité
À côté des événements en présentiel, à l’instar des Noëls solidaires ou des « open mic » (micros ouverts), l'action de la Collective des mères isolées repose également sur un groupe WhatsApp. L’objectif est d’apporter un soutien en temps réel aux mères rencontrent des difficultés. Sarah dévoile l’écran de son téléphone afin d’expliquer l’organisation de la communauté virtuelle.
De nombreuses sous-catégories organisent les dialogues en ligne. « Par exemple, il y a le groupe solidarité sur les situations judiciaires difficiles, un groupe plaidoyer politique également », explique-t-elle avec dynamisme. La Collective compte sur la solidarité de ses membres : « Les mamans peuvent poser des questions en permanence, les plus anciennes font profiter les nouvelles de leur expérience », accentue Sandrine. « C’est un outil de lutte contre le manque d’information et le non-recours aux droits », insiste Sarah.
Il est 16h et les mères ne dérogent pas à la règle du goûter. Un gâteau au chocolat réunit la petite assemblée autour de la table. Pendant que les enfants se régalent, leurs mères évoquent une proposition de loi rédigée par l’association. Elle vise à « reconnaître le statut de parent isolé afin de leur ouvrir l’accès à des droits en matière d’éducation, de culture, de santé qui pour l’instant, leur sont refusés », peut-on lire sur un billet Instagram.
Depuis, un tel statut a été voté et est désormais reconnu à l'échelle municipale à Paris et à Ris-Orangis (Essonne). Sarah et Sandrine espèrent un positionnement national sur la question afin d'éviter les inégalités territoriales.
La Collective des mères isolées a rédigé une proposition de loi visant à créer un statut spécial pour les parents isolés. Crédit : Léanna Voegeli
Léanna Voegeli