Un Observatoire citoyen lancé pour inciter au signalement des publicités « abusives »
Plusieurs ONG et partenaires lancent un Observatoire citoyen de la publicité. Chacun pourra signaler, en ligne, des messages publicitaires considérés comme trompeurs, incitant à la surconsommation, ou véhiculant des stéréotypes. Ces signalements seront ensuite jugés recevables ou non.
Vous êtes-vous déjà indigné du message porté par un spot télévisé, radiophonique ou une affiche publicitaire que vous avez aperçue dans la rue ? Il existe désormais un Observatoire citoyen de la publicité (OCP), un site sur lequel « chaque citoyen » peut « signaler, par un formulaire simple, une publicité qu’il considère abusive en raison d’un discours incitant à la surconsommation, comme trompeur sur le plan écologique et social ou véhiculant des stéréotypes dégradants ».
Une « équipe permanente publie ensuite les signalements considérés comme recevables sur la base des critères objectifs rendus publics », peut-on lire dans le communiqué de presse de lancement diffusé le 27 octobre. Ces critères sont précisés sur le site : il s’agit notamment de « campagnes publicitaires commerciales largement diffusées en France dans des formats visuels ou audiovisuels », ce qui exclut celles portées par les associations, les acteurs publics, mais aussi les campagnes locales ou encore les prises de paroles en dehors de dispositifs publicitaires et les messages d’influenceurs. Les signalements jugés recevables pourront ensuite faire l’objet d’une « analyse approfondie » par les organisations membres et partenaires de l’OCP.
Sept d’entre elles ont fondé et portent le projet, dont Les amis de la Terre France, Communication & démocratie ou Zero waste France. 13 ONG partenaires l’appuient, parmi lesquelles Alternatiba, Paye ton influence, Pépite sexiste, Quota climat ou Reclaim finance. Plusieurs fondations, dont la Fondation Terre solidaire, le fonds Équité partagée de Max Havelaar et la Fondation Charles Léopold Mayer, participent à son financement.
Lutte contre le greenwashing
L’objectif de l’observatoire est de « construire une critique collective des discours véhiculés par les marques et d’interpeller les pouvoirs publics pour faire évoluer les règles qui les encadrent », signalent les partenaires.
« Qu’il s’agisse d’inciter à la surconsommation ou de tromper les consommateurs, la publicité actuelle, avec ses 35 milliards d’euros de dépenses annuelles, joue un rôle central dans notre modèle économique, qui n’est ni juste ni soutenable », déplore Mathilde Dupré, co-directrice de l’Institut Veblen, think tank qui fait partie des fondateurs de l’OCP. « 64 % des Français pensent qu’un nouveau produit est généralement plus désirable qu’un ancien (mars 2025). C’est le résultat de l’obsolescence marketing : l’ensemble des stratégies et discours poussant au renouvellement prématuré de produits fonctionnels. La publicité prend donc une part active dans l’obsolescence programmée, poussant activement à la surconsommation », ajoute Julie Caillard, chargée d’étude et de plaidoyer pour l’association Halte à l’obsolescence programmée (HOP), cofondatrice de l’OCP.
L’observatoire « servira à collecter des données fiables, en temps réel, sur les pratiques de blanchiment d’image des entreprises — comme le greenwashing ou le socialwashing — et à réfléchir collectivement aux meilleurs moyens d’y mettre fin », affirme également Laura Bourgeois, chargée de contentieux et de plaidoyer pour l’ONG Sherpa, autre organisation fondatrice.
La rédaction 