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Par Carenews INFO - Publié le 12 décembre 2025 - 10:23 - Mise à jour le 12 décembre 2025 - 10:57 - Ecrit par : Célia Szymczak
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Des livres et BD sur les questions écologiques et sociales à découvrir et à offrir

Agriculture, cuisine, énergie, pêche, racisme... La rédaction a sélectionné ses livres coup de cœur portant sur les questions écologiques et sociales, pour des cadeaux de Noël ou des lectures de fin d’année.

La rédaction a sélectionné ses coups de cœur de l'année. Crédit : iStock.
La rédaction a sélectionné ses coups de cœur de l'année. Crédit : iStock.

 

Vous réfléchissez encore à vos cadeaux de Noël ? Vous allez pouvoir profiter de quelques jours de vacances et souhaitez prendre le temps de lire des essais ? La rédaction de Carenews vous a préparé une courte sélection de livres parus cette année qui nous ont marqué et nous paraissent importants. 

 

  • Énergie et inégalités

Une histoire politique. Lucas Chancel, Seuil, octobre 2025. 448 p., 25 euros. 

Lucas Chancel énergie et inégalités
Crédit : Seuil.

Les choix relatifs au contrôle et à l’usage de l’énergie ne sont pas seulement physiques et techniques : l’énergie est un « fait social », déterminant dans l’organisation de la société. C’est ce que montre l’économiste Lucas Chancel, professeur à Sciences po et codirecteur du World inequality lab avec Thomas Piketty, dans ce livre passionnant.  

Il adopte une approche historique – depuis les sociétés de chasseurs-cueilleurs ! – et s’intéresse à plusieurs régions du monde, nombreuses données à l’appui. Il explique, par exemple, comment la révolution industrielle est nécessairement liée au système colonial, comment « la prise de contrôle des actifs énergétiques par la puissance publique nationale ou locale, ou par des coopératives, est indissociable des projets de redistribution des richesses observés au XXᵉ siècle », ou détaille les inégalités de pollution liées à l’usage de l’énergie entre pays et au sein des pays.  

Rôle de l'État, planification, rapport à la croissance et à la démocratie dans la transition… l’auteur nous donne des clés de compréhension et de réflexion sur de nombreuses questions cruciales pour la transition énergétique, avec beaucoup de clarté, pour explorer les voies possibles.  

 


Lire également : Les 10 % les plus riches responsables de la moitié des émissions mondiales, selon Oxfam 


 

  • Violences en cuisine. Une omerta à la française.

Nora Bouazzouni, Stock, mai 2025. 342 p., 21,50 euros. 

Nora Bouazzouni
Crédit : Stock.

Tout amateur de bonne cuisine, et à fortiori client des restaurants, devrait avoir lu cet ouvrage. La journaliste Nora Bouazzouni s’appuie notamment sur une cinquantaine de témoignages recueillis au cours d’une enquête de quatre ans. Elle démontre que les violences dans la restauration, en particulier dans la gastronomie, sont « de tous ordres (...), économiques, racistes, physiques, psychologiques, homophobes, sexistes et sexuelles ». Elles sont « systémiques » et surtout « normalisées ». 

L’autrice explique comment l’assimilation du chef à un artiste ou un génie, la verticalité dans les cuisines, l’idée qu’il faut souffrir pour réussir et le poids de l’imaginaire méritocratique contribuent à légitimer et reproduire les violences. Elle épingle les médias, les critiques, les politiques publiques. Sans oublier la convention collective des hôtels, cafés et restaurants (HCR), moins- disante que le code du travail sur les heures supplémentaires – quand elles sont prises en compte – et sans majoration pour le travail le dimanche, par exemple. L’ouvrage s’achève toutefois sur des solutions, syndicales, associatives et dans la formation. De quoi permettre au lecteur de se faire un avis : le modèle du restaurant tel que nous le connaissons est-il viable ?

 


Lire également : « La restauration est un milieu malade » : avec le mouvement Restaure, Éloi Spinnler s’attaque aux violences en cuisine  


 

 

  • On a mangé la mer. Une enquête au cœur de la crise de la pêche en France.

Maxime de Lisle et Olivier Martin, Futuropolis, février 2025. 128 p., 22 euros.  

On a mangé la mer
Crédit : Futuropolis.

Si vous vous posez des questions sur la surpêche, cette excellente bande dessinée est faite pour vous. Grâce aux dessins d’Olivier Martin, le co-fondateur de l’ONG de protection des océans Seastemik, Maxime de Lisle montre la complexité et l’interdépendance des enjeux, avec des interviews de spécialistes et des recherches. La nécessité d’équilibre, de diversité et de stabilité de la biodiversité marine, l’impact sur l’océan des différentes méthodes de pêche, de la pollution provenant des terres et du changement climatique ou encore les difficultés des pêcheurs sont racontés et dessinés avec pédagogie et précision.  

L'auteur évoque également le rôle des politiques publiques, notamment européennes, des consommateurs – ils pointent le manque d'information –, et (surtout) des entreprises. Là encore, une attention est accordée aux solutions : ainsi, le lecteur ne se sent pas submergé, il comprend qu’un autre système est possible malgré tout, pour le bénéfice du plus grand nombre, y compris des pêcheurs.  

 


Lire également : Comment choisir son poisson pour consommer durablement 


 

  • L'État contre les associations. Anatomie d’un tournant autoritaire.

Antonio Delfini et Julien Talpin, Textuel, septembre 2025. 240 p., 19,90 euros. 

Libertés associatives
Crédit : Textuel.

Les sociologues enquêtent sur les conséquences du « tournant autoritaire » qu’ils observent en France en matière de libertés associatives. Grâce à de la documentation acquise pendant cinq ans et en expliquant des textes de loi et décisions de justice, ils reviennent sur deux moyens de répression en particulier. D’abord, les dissolutions administratives, qui ont connu une « explosion récente », notamment après l’élargissement de leurs motifs possibles en 2021. Ensuite, le contrat d’engagement républicain (CER), que les associations doivent signer pour bénéficier de subventions. D’autres modalités de pressions sont exposées : la disqualification publique d’une association, la suspension de l’accès à des locaux, les violences policières, par exemple. 

Cette situation conduit à de l’autocensure et à une dépolitisation des associations : cela est d’autant plus problématique qu’elles jouent un rôle démocratique majeur, alertent les auteurs. C’est notamment le cas de celles – 28 % – qui remplissent des missions « citoyennes ». Antonio Delfini et Julien Talpin formulent donc des propositions pour leur permettre de « se défendre et de riposter », mais aussi pour « transformer radicalement la démocratie (...) en plaçant au centre la forme associative comme contre-pouvoir nécessaire ».  

 


Lire également : Les associations, rempart contre l'abstention et l’extrême droite ? Entretien avec Julien Talpin, directeur de recherche 


 

  • Vivre, libre. Exister au cœur de la suprématie blanche. 

    VIvre libre
    Crédit : La Découverte.

Amandine Gay, La Découverte, octobre 2025. 256 p., 21 euros.

La réalisatrice Amandine Gay nous livre un récit très personnel : elle raconte son enfance, sa relation à ses parents blancs, ses relations amicales, son intimité et sa vie amoureuse, tout en mobilisant des références historiques, sociologiques et philosophiques. Ainsi, elle contextualise son histoire pour montrer les effets de la « suprématie blanche » : elle préfère ce terme à celui de racisme, « puisque ce dernier est souvent réduit à une dimension psychique et individuelle », alors qu’il « s’agit d’un phénomène structurel et systémique, ayant des racines historiques et des soubassements philosophiques ».  

L’ouvrage permet de mieux comprendre ses effets sur la vie quotidienne, la santé et l’existence des personnes racisées : Amandine Gay parle notamment d’un « stress traumatique lié à la race ». Le poids d’autres oppressions, comme le patriarcat, s’ajoute à ces dynamiques.  

Le dernier chapitre donne des clés pour « déboulonner » les « douze piliers de la suprématie blanche ». De cette manière, l’autrice appelle les personnes blanches à agir et à se poser la question de leur responsabilité dans la perpétuation de ce système. Une lecture essentielle.  

 

 

  • Champs de bataille. L’Histoire enfouie du remembrement.

Inès Léraud, Pierre van Hove, Mathilda et Léandre Mandard, Delcourt, novembre 2024. 192 p., 23,75 euros. 

Champs de bataille
Crédit : Delcourt.

« Aucun livre n’a été consacré aux perdants du remembrement », écrit Inès Léraud, au début de la bande dessinée illustrée par Pierre van Hove, publiée avec les conseils historiques du doctorant à Sciences po Léandre Mandard. Elle raconte l’opposition à cette politique publique : après la Seconde guerre mondiale, l'État redessine le paysage agricole français, pour faciliter la motorisation et augmenter la productivité, dans un contexte de concurrence internationale. Les parcelles sont agrandies, de nombreuses haies et bosquets disparaissent, des agriculteurs doivent quitter leurs fermes. Un processus qui suscite des oppositions et des conflits dans la population, entre les « pros » et les « antis », et laisse des marques encore aujourd’hui. La BD raconte ainsi le passage d’une agriculture paysanne à une agriculture industrielle et intensive, ses effets sur les paysages et sur les existences.  

 

  • Le monde de l’énergie face à l’urgence écologique ; Le monde de la parentalité face à l'urgence écologique ; Le monde du sport face à l’urgence écologique

Ouvrages collectifs, La Plage, juin et avril 2025. 64 p., 6,95 euros.  

Les ouvrages
Crédit : La Plage.

Les livres de cette petite collection constituent un cadeau idéal à offrir pour les petits budgets. Quatre autres volumes parus en 2024 concernent la gastronomie, la mode, l’influence et le journalisme. Des acteurs divers – responsables associatifs, chefs d’entreprises, chercheurs – participant à des projets engagés « face à l’urgence écologique » y décrivent leurs parcours, leur vision des enjeux et la façon dont ils ont choisi d’agir. Parmi les thématiques abordées dans l’édition sur l’énergie, par exemple : le rôle de la coopération entre territoires urbains et ruraux dans la production d’énergies renouvelables, la précarité énergétique, la décarbonation du transport maritime ou la pédagogie. Les approches et points de vue sont variés. Une manière de montrer différents moyens de participer à la transition dans son travail, et peut-être d’inspirer les lecteurs ! 

 


Lire également : Carnets  « Urgence écologique » : des récits pour penser les transformations durables 


 

Célia Szymczak 

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