Une part importante des personnes en situation de précarité se préoccupe du changement climatique, révèle un sondage
Dans une étude publiée en septembre, le Pacte civique met en lumière la manière dont les personnes précaires vivent et perçoivent les enjeux environnementaux.

Le changement climatique occupe une place importante dans les préoccupations des personnes en situation de pauvreté. C’est ce que révèle une étude réalisée par le Pacte civique auprès d'un public précarisé. 75 % des interrogés s'inquiètent du réchauffement climatique et de la perte de biodiversité. Les inégalités sociales sont quant à elles évoquées par 73 % des répondants. « Cette donnée vient contrarier certaines idées reçues selon lesquelles les personnes en situation de précarité ne se sentiraient pas concernées par les enjeux environnementaux », peut-on lire.
Intitulée « Sobriété et pauvreté », l’analyse s’intéresse à la manière dont les personnes économiquement fragiles perçoivent et vivent les enjeux de transition écologique. L’étude se compose d’un sondage réalisé en collaboration avec l’Institut Viavoice entre le 26 mai et le 6 juin 2023, auprès de 478 personnes ayant un revenu inférieur ou égal au seuil de pauvreté. Elle s’appuie aussi sur une enquête qualitative composée de 44 entretiens menés de 2023 à 2025.
Une consommation qui reste inférieure aux besoins
Parmi les interrogés, 85 % déclarent restreindre leur consommation pour des raisons autres que financières. Cela en vue d’éviter le gaspillage pour 58 % ou encore de réduire leur empreinte écologique pour 46 %. Autre enseignement : 86 % se disent prêts à fournir des efforts supplémentaires, notamment en limitant leur consommation d’eau et d’énergie (39 %), mais aussi réduisant leurs achats de vêtements (34 %).
Plusieurs domaines apparaissent cependant comme ne pouvant faire l’objet de restrictions supplémentaires. Par exemple, seules 7 % des personnes interrogées envisagent de réduire davantage leurs dépenses liées au logement pour des raisons écologiques. En ce qui concerne les achats culturels, l’utilisation des réseaux sociaux et la consommation d’essence ou de transports, respectivement 12 %, 14 % et 16 % des sondés se déclarent prêts à fournir des efforts supplémentaires de sobriété.
En parallèle, la baisse du pouvoir d’achat demeure une préoccupation majeure pour 85 % des interrogés. 55 % affirment que leur consommation est inférieure à leurs besoins, majoritairement dans le champ de l’alimentation (57 %), mais aussi en matière de loisirs et de vacances (45 %). S'agissant de la mobilité (essence, transports), 22 % des sondés déclarent se sentir limité ou restreints.
Le besoin d'une sobriété en adéquation avec les niveaux de vie de chacun
Sur la question du logement, la majorité des répondants se sentent impuissants à agir seuls. En effet, 45 % attendent des pouvoirs publics une intervention dans la rénovation des bâtiments. 41 % souhaitent également que les instances concernées favorisent la création de logements abordables et peu consommateurs de ressources. « La sobriété dans ce domaine est perçue comme un enjeu collectif, au-delà des marges de manœuvre individuelles », soulignent les auteurs de l’étude.
Les personnes interviewées notent aussi la nécessité d’une plus grande intervention publique en matière de sensibilisation aux enjeux environnementaux. Notamment celle des écoliers pour 45 % des sondés. De plus, 21 % aimeraient que cette sensibilisation soit liée aux bonnes pratiques sur l'alimentation et la mobilité. Dans cette optique, 23 % se disent favorables à la mise en œuvre de signaux d’alerte comme l’éco-score.
Autre fait important abordé par l’enquête qualitative : les personnes en situation de précarité soulignent l’impératif d’une sobriété en adéquation avec les niveaux de vie de chacun. « Je ne suis pas d’accord avec l’idée de réduire la consommation pour tout le monde, avec des mesures comme “pas plus de 19 degrés”. [...] J’ai une fille en bas âge. C’est hors de question que je réduise ma consommation et que ma fille en pâtisse. On ne peut pas demander la même chose à tout le monde, comme si tout le monde avait la même situation », fait valoir Patricia, une jeune mère de famille vivant en logement social à Marseille.
Léanna Voegeli