Canada : quelles sont les différentes formes de générosité ?
Si l’on connaît la propension aux dons de nos amis anglo-saxons, on connaît moins la générosité du Canada. Alors que le Musée de la Civilisation de Québec accueille actuellement l’exposition « Générosité. Droit au cœur », décryptage du don au pays dont l’emblème est la feuille d'érable.
Une générosité mature et stagnante ?
Le secteur caritatif canadien emploie 1,5 million de personnes à temps plein, soit 10 % de la population active au Canada. Le chiffre est important et ne prend pas en compte certains acteurs du sport ou de la culture ! Le total de dons relevé s'établit néanmoins à 10 milliards de dollars canadiens. Au-delà de ce chiffre, il faut aussi dire que le total projeté des dons réalisés en 2020 est en repli de 10 %. La crise sanitaire et sociale a sans aucun doute eu un impact, à voir si cette tendance baissière sera ou non confirmée en 2021.
Pour aller plus loin que la conjoncture, le paysage de la générosité des individus est néanmoins marqué par l’instabilité : de 2007 à 2014, le montant total des dons réalisés a ainsi fluctué de 8,5 à 9,5 milliards de dollars. Ce chiffre représente toutefois 0,77 % du Produit Intérieur Brut, une comparaison qui positionne le Canada au troisième rang d’un classement qui voit seuls les USA (1,44) et la Nouvelle-Zélande (0,79) le devancer.
Un bénévolat florissant
Si les dons en numéraires sont incertains, il n’en est pas moins vrai que le pays compte 82 % de donateurs et plus de 40 % de bénévoles. Les 12,7 millions de bénévoles canadiens avaient contribué en 2018 pour 1,6 milliard d’heures à différentes associations, l’équivalent de 863 000 emplois à plein temps pour les associations bénéficiaires. En ce qui concerne cette forme de don, Volunteer Canada (une ONG) propose d’ailleurs un « Code du Volontariat » avec des meilleures pratiques et un outil d’évaluation.
Des entreprises au mécénat très structuré
Les entreprises sont également de grosses contributrices au budget des acteurs de l’intérêt général avec 4 milliards de dollars canadiens donnés en 2018. L’étude d'Imagine Canada, sur les habitudes de dons de 50 des grandes entreprises, dresse le portrait de structures généreuses mais surtout de plus en plus professionnelles dans leur approche des sollicitations et du bénévolat d’entreprise.
En moyenne, les entreprises de l'échantillon ont donné 9 697 dollars à 382 organisations à but non lucratif pour un don/employé moyen de 1 141 dollars. Et 95 % de ces entreprises expliquent avoir un processus précis de traitement et de réponses aux sollicitations.
La générosité, un fait social
Dans ce contexte, il n'est peut-être pas étonnant de voir le Musée des Civilisations de Québec proposer une exposition dédiée au don. « Générosité. Droit au cœur » propose ainsi une plongée dans les différentes formes de générosité, notamment articulée autour de différents gestes : dons de temps, de sang ou d'organe, d'argent, entraide… autant de formes de dons que l'exposition permet de (re)découvrir.
Mais comment exposer ce qui se donne ? Avec des dons bien sûr ! Au-delà des mécènes de l'exposition (parmi lesquels une agence de fundraising), l'ensemble des 232 objets présentés sont tirés de donations faites au musée. À noter que l’idée de l'exposition est antérieure au déclenchement de la pandémie, un événement qui a conforté les équipes dans la mise en place de ce projet.
Quels objets pour illustrer le don ?
Parmi les objets les plus marquants (nous semble-t-il au vu de la liste d’oeuvres), on trouve notamment :
- Une couverture-patchwork tricotée par Francine représentant les temps forts de “sa” pandémie de COVID19 et l’espoir qu’elle maintenait tout de même que “Les beaux jours s’en viennent”.
- Les "bancs de quêteux", des bancs que l'on pouvait déplier et qui accueillaient les mendiants qui allaient de villages en villages.
- Des objets témoins d'une générosité ancrée dans l'histoire canadienne : artefacts des "premières nations", veste du Lions Club, emblèmes Scouts ou religieux…
- Et enfin, autour de la dizaine de formes de la générosité évoquée plus haut, des interventions de donateurs de tous âges et quelque soit "leur" forme de don.
S'il est extrêmement compliqué de rendre compte de tout ce que peut être l'acte de donner (à plus forte raison dans un pays généreux comme le Canada), l'exposition s'attache à donner à voir et comprendre le « fait généreux ».
Une initiative qui pourrait créer des émules de l'autre côté de l'Atlantique ?
William Renaut
