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Par Carenews PRO - Publié le 25 juillet 2022 - 12:00 - Mise à jour le 26 juillet 2022 - 15:18
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Hedwige Gronier (Fondation Bettencourt Schueller) : « C’est l'un des enjeux du mécénat culturel de distinguer la philanthropie et le mécénat »

Créé en 1999, le Prix Liliane Bettencourt pour l’Intelligence de la main® récompense le savoir-faire et l’innovation dans le domaine des métiers d’art. Nous avons rencontré Hedwige Gronier, responsable du mécénat culturel de la Fondation Bettencourt Schueller pour évoquer les particularités de cet accompagnement et les évolutions du mécénat culturel ces dernières années.

Copyright : Sylvia Gamot pour la Fondation Bettencourt Schueller.
Copyright : Sylvia Gamot pour la Fondation Bettencourt Schueller.

 

 

  • Quels sont les engagements de la fondation en matière de mécénat culturel ? 

 

La fondation a été créée en 1987 par la famille Bettencourt. Elle intervient dans trois domaines : la science, le social et la culture. Dans le cadre du mécénat culturel, nous avons deux axes d’intervention, le chant choral et les métiers d’art. Nous intervenons sur ces deux domaines au moyen d’un prix et de programmes de dons. 

Le soutien aux métiers d’art date de 1999 par l’intermédiaire du Prix Liliane Bettencourt pour l’Intelligence de la main®. Notre volonté initiale était, dans un contexte où les métiers intellectuels étaient davantage valorisés, de mettre en valeur les métiers d’art qui sont une richesse et une spécificité françaises. 

 

  • Quelle est la particularité de ce prix qui récompense « l'intelligence de main » ?

 

Nous avons été précurseurs en nous intéressant à ce secteur. À l’époque, cet engagement pouvait surprendre. Une particularité importante de ce prix, en plus de 20 ans d’existence, est de l’avoir fait évoluer régulièrement afin qu' il réponde aux enjeux du secteur. Au bout de 10 ans, 15 ans, nous avons mesuré son impact, fait des évaluations et des modifications.

Par exemple, après dix ans, la première évolution a consisté à permettre à tous les métiers d’art de candidater, et ce, chaque année et dans toutes les catégories. 

Ensuite, nous avons constaté que certains artisans d’art avaient besoin d’être stimulés par le dialogue avec une autre discipline. Dans la deuxième décennie, nous avons donc créé une seconde récompense qui valorise une collaboration entre un artisan d’art et un designer. 

En 2014, il y a eu une autre évolution avec l’apparition d’une troisième récompense en faveur d’une institution qui œuvrait pour le secteur des métiers d’art. Ce sont, par exemple, les Compagnons du devoir, l’Institut des métaux précieux, etc. 

Autre particularité importante, nous avons mis en place, en 2014, pour ses trois récompenses, un programme spécifique d’accompagnement des lauréats. Ils peuvent candidater avec une œuvre et un projet d’accompagnement sur trois ans. C’est devenu une des marques de fabrique de la fondation. 

 

  • Quels impacts du Prix sur le secteur et le milieu de l’art en particulier ?

 

Nous sommes engagés sur le secteur des métiers d‘art depuis 1999, à l’époque, il y avait peu d’acteurs. Dans le cadre de notre stratégie de mécénat, nous avons une politique de dons en faveur d’institutions publiques. Ce sont des dons octroyés dans la durée, entre trois et cinq ans. 

L'accompagnement sur trois ans permet aux lauréats de se développer plus rapidement. Il y a véritablement un avant et un après. Le prix est un véritable tremplin professionnel. 

Nous intégrons l’évaluation et la mesure de l'impact qui ne sont pas encore très présentes dans le domaine du mécénat culturel. Notre soutien va au-delà du financier, nous apportons également une expertise du secteur et une mise en réseau.

 

  • D’ailleurs, qu’apporte votre soutien aux artistes français en résidence à l’étranger ? 

 

Nous fêterons nos dix ans de soutien pour la Villa Kujoyama en 2024. Nous sommes leur unique mécène. Nous avons permis l’introduction des métiers d’art en résidence à l’étranger, au même titre que les autres disciplines artistiques. 

La fondation est également mécène des résidences métiers d’art et design de la Villa Albertine ainsi que de la Villa Médicis. Nous avons aussi complété notre engagement initial à la Villa Kujoyama pour permettre le financement d’un accompagnement des créateurs à leurs retours de résidences. 

 

  • La fondation existe depuis plus de 20 ans. Comment avez-vous vu évoluer le mécénat culturel au cours des années ? 

 

Nous avons un statut particulier en tant que fondation reconnue d’utilité publique. La Fondation Bettencourt Schueller est un acteur de la philanthropie plus qu’un mécène. C’est d’ailleurs un des enjeux du mécénat culturel en France de distinguer la philanthropie et le mécénat. C’est beaucoup plus clair dans la culture américaine. Je pense qu’il y a un vrai besoin d’éduquer sur ce qu’est la philanthropie, le don et la générosité. 

Un autre enjeu serait de prendre davantage en considération les besoins de mesure d’impact et d’évaluer des projets, tout en n’en faisant pas des conditions sine qua non. L'idée est d’améliorer le projet. La pratique de la mesure d’impact est présente depuis longtemps dans le domaine social. Elle mérite d’être développée dans le milieu culturel.

Par exemple, nous avons contribué au financement d’une évaluation d'impact dans le cadre de notre soutien à la Villa Kujoyama. Nous avons recueilli les avis d’anciens résidents. Ce sont des pratiques encore trop peu courantes, qui doivent se développer dans le secteur, et être pensées en amont du projet.

 

 

Christina Diego 

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