La gouvernance des fondations n’est pas paritaire selon la Fondation de France
La Fondation de France vient de dévoiler les résultats d’une étude sur l’état de la parité dans les instances de gouvernance des fondations et des fonds de dotation. Réalisée par l’Observatoire de la philanthropie, elle met en lumière le défi de la parité qui attend un secteur se devant d’être exemplaire.
Le secteur de la philanthropie est-il exemplaire en termes de parité dans sa gouvernance ? C’est l’objet de l’étude menée par l’Observatoire de la philanthropie, crée à l’initiative de la Fondation de France, et présentée le 8 novembre 2022. Cette étude s’appuie sur un échantillon de 520 fondations répondantes, se concentrant sur les FRUP, les fondations d’entreprises et les fonds de dotation.
Qu’est-ce que la parité ?
La parité signifie, selon l’Observatoire de la philanthropie, « que chaque sexe est représenté à égalité dans les institutions et questionne la dimension sociale des rôles masculins et féminins ». L’observatoire considère ainsi que la parité est respectée lorsque la part des femmes est comprise entre 40 et 60 %.
Les fondations, moins paritaires que le reste de l’ESS
Premier état des lieux : les fondations et des fonds de dotation comptent un tiers de femme dans leur conseil d’administration et seulement 27 % dans leurs bureaux. C’est bien moins que la moyenne dans l’ESS avec 45 % de femmes dans la gouvernance.
Un constat qui se confirme lorsqu’on s'intéresse à la parité selon les fonctions au sein du conseil. La seule fonction paritaire est le secrétariat avec 45 % de femmes et 55 % d’hommes.
Les fondations d’entreprise se démarquent
Quant à la parité dans la gouvernance en fonction du statut juridique des fondations, les fondations d’entreprises tirent leur épingle. Près de la moitié (48 %) ont un conseil d'administration à parité de femmes, contre 28 % pour les FRUP et 34 % pour les fonds de dotations. Cela s’explique notamment par un cadre juridique – la loi Coppé-Zimmerman – contraignant pour les entreprises de plus de 250 salariés, imposant ainsi des quotas de parité dans leurs instances de gouvernance.
La Fondation de France souligne cependant une progression de la parité dans les FRUP. En 20 ans, le nombre de femmes a presque triplé au sein des conseils d’administration, passant de 10 % en 2001 à 30 % en 2021.
Les petits CA plus paritaires
Autre constat soulevé par l’étude : les petits conseils d’administration respectent davantage la parité. Ainsi, près de la moitié (46 %) des conseils d’administration des fonds de dotation de moins de six membres sont paritaires, contre 27 % pour ceux de plus de six membres. Même constat pour les FRUP.
Le défi de la parité
Par les valeurs qu’il porte et les causes qu’il soutient, le secteur de la philanthropie se doit d’être exemplaire en termes de parité, comme en témoigne une fondation anonyme dans l’étude : « Les fondations sont vigilantes sur ces thématiques. On ne peut pas agir pour l’intérêt général et avoir un conseil d’administration qui serait uniquement masculin, cela n’aurait pas de sens. »
D’autres fondations interrogées ont également souligné le besoin de transversalité entre la parité, la diversité et la mixité. Pour Heidi Giovacchini, déléguée générale de la Fondation Georges Boissel :
Si la parité devient un dogme politique du 50-50, elle n’est pas intéressante. Elle doit être un outil pour assurer la mixité et la diversité. La parité, ce n’est pas de voir partout des femmes issues du même milieu social et économique. La question de la parité et de l’égalité hommes-femmes est une question parmi d’autres qui doit être traitée dans un champ beaucoup plus vaste, celui de la lutte contre la discrimination de toutes sortes : le genre, la classe sociale, le handicap, la couleur de peau, l’âge…
Lisa Domergue 
