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Par Carenews PRO - Publié le 13 juillet 2023 - 10:00 - Mise à jour le 13 juillet 2023 - 10:00
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La philanthropie transfrontalière : une pratique en constante évolution

La philanthropie transfrontalière s’impose progressivement comme une source de financement dans un contexte de crises mondiales successives. La “Lily School of Philanthropy" de l’Université de l’Indiana publiait en avril dernier son Global Philanthropy Tracker, une étude qui mesure les dons transfrontaliers.

Comment évolue la philanthropie transfrontalière ? Crédit : iStock
Comment évolue la philanthropie transfrontalière ? Crédit : iStock

 

L’anatomie de la philanthropie internationale

Le Global Philanthropy Tracker 2023 mesure les flux financiers philanthropiques sortants de 47 pays. Ces pays sont représentatifs des différents niveaux de développement économique et englobent environ 85 % du PIB mondial en 2020. 

 

En 2020, ces pays ont contribué à 70 milliards de dollars en flux philanthropiques sortants (contre 71 milliards de dollars en 2018). Cette relative stabilité apparaît, selon les auteurs, comme plutôt encourageante dans un contexte incertain. En effet, le rapport de 2020 (basé sur les chiffres de 2018) rappelle l’impact négatif que la pandémie pourrait avoir sur la philanthropie transfrontalière. Les résultats basés sur les chiffres de 2020 montrent que, malgré les effets de la pandémie, la philanthropie transfrontalière reste un phénomène pérenne.  

 

L’éducation et la santé sont les causes les plus soutenues en 2020. L’Afrique est citée le plus fréquemment comme la région recevant le plus de soutien philanthropique. Le rapport analyse également trois autres types de flux financiers : l’aide publique au développement, l’investissement en capitaux privés et les envois de fonds par les individus. 

 

La philanthropie des diasporas

Les envois de fonds représentent la plus grande source de revenus étrangers pour beaucoup de pays en développement. Pour rappel, un envoi de fonds est un transfert effectué par un étranger à destination d’un proche dans son pays d’origine. Ces flux aident à couvrir des besoins fondamentaux, tels que l’alimentation, la santé et le logement. Pendant des crises économiques ou des catastrophes naturelles dans le pays d’origine, lorsque les flux de capitaux privés diminuent, les envois de fonds augmentent, grâce à la nature contre-cyclique de ces flux. 

 

Une forte diminution des envois de fonds avait été anticipée du fait de la pandémie. Cependant, les envois de fonds sont restés stables en 2020 grâce à plusieurs facteurs : 

  • les mesures de relances économiques mises en place dans les différents pays d’accueil ;
  • l’utilisation de canaux numériques et formels (qui remplacent l’argent liquide et les canaux informels) ;
  • les fluctuations des prix du pétrole et des taux de change. 

 

En 2020, la somme des flux officiels d’envois de fonds s’élevait à 590 milliards de dollars, soit une augmentation de 19% par rapport à 496 milliards de dollars en 2018 (pour les 47 pays de l’étude). Les envois de fonds sont le plus grand flux de ressources parmi les quatre flux analysés. 

 

Un phénomène difficile à analyser 

Les données sur les dons transfrontaliers sont malheureusement insuffisantes. En particulier, pour ce qui est de causes spécifiques comme la lutte contre le changement climatique ou l’accès aux droits. 

En l’absence d’une méthodologie globale de suivi des données sur la philanthropie transfrontalière, les définitions et les mesures varient d’un pays à l’autre. Plusieurs formes de don ne sont pas incluses dans les estimations de certains pays (dons en nature, dons effectués par l’intermédiaire de plateforme en ligne ou par SMS, bénévolat, dons religieux…) 

Ce manque de données publiques représente un défi majeur pour comprendre pleinement les tendances de la générosité transfrontalière. 

 

Quel futur pour la philanthropie internationale ?

L'écosystème de la philanthropie transfrontalière aspire à se consolider, en particulier par l'intermédiaire d’organisations locales, qui sont souvent les premières à intervenir en cas de crise. Cette consolidation, selon les recommandations du Global Philanthropy Tracker, passe par le partage de bonnes pratiques, en renforçant les capacités locales et en menant des actions de plaidoyer. La philanthropie transfrontalière peut également être renforcée en utilisant l'expertise des membres de la diaspora qui, en temps de crise, apportent une aide philanthropique ciblée et avisée. Par ailleurs, de nouvelles formes de solidarité ont le potentiel de révolutionner la philanthropie internationale. Des outils émergent et prolifèrent, tels que le crowdfunding, les dons en cryptomonnaies et les fonds mondiaux collaboratifs.

 

Plusieurs centres de recherche ont déjà commencé à revoir leurs méthodes de collecte et de mise à disposition de données au public (ClimateWorks Foundation, ou Candid.org). Afin d’encourager les organisations philanthropiques à collecter des données sur les ODD et à les communiquer, la SDG Philanthropy Platform a créé le "SDG Indicator Wizard". Cet outil permet de traduire les objectifs et les actions d'une organisation en ODD. Récemment, plusieurs organisations internationales ont cherché à fournir de meilleures informations sur les dons en faveur des ODD (Arab Foundations Forum ou East Africa Philanthropy Network). 

 

L’enjeu de la qualité des données recueillies pour un rapport de cette envergure à également un réel impact sur l’étude de la philanthropie transfrontalière. Favoriser la transparence des données, ainsi que la mise en place de normes internationales contribue à développer la qualité des données recueillies et donc de leur analyse. Pour faire de la philanthropie internationale, un outil décisif de la réponse aux catastrophes humanitaires et de l’aide au développement.

 

William Renaut

 

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