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Par Carenews PRO - Publié le 28 juin 2022 - 10:00 - Mise à jour le 28 juin 2022 - 11:40
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Diaspora et générosité : le « give back » version international !

Chaque mois, Hors-Frontières vous emmène à la découverte de la philanthropie en dehors de France. Focus aujourd’hui sur un de ses aspects méconnus : les transferts d'argent des personnes migrantes vers leurs pays d’origine.

Les transferts d'argent des personnes réfugiées. Crédit : iStock
Les transferts d'argent des personnes réfugiées. Crédit : iStock

 

600 milliards de dollars de transferts

 

En premier lieu, il convient de rappeler que les personnes migrantes sont souvent parmi les populations les plus pauvres de leur pays d’accueil. Dans son rapport sur le sujet, l’INSEE pointait ainsi que, après redistribution, les personnes immigrantes avaient un niveau de vie moyen 20 % inférieur à celui des non-immigrés. Et les personnes originaires de pays hors Europe sont encore moins bien lotis. 

Les immigrés originaires d’Afrique ont un niveau de vie de 33 % inférieur. Néanmoins, ces populations renvoient une partie de leurs revenus vers leurs pays d’origine. Le plus souvent réalisés de manière individuelle via des envois par virement ou mandat-cash, ces flux sont particulièrement difficiles à quantifier. 

Ainsi, que ce soit sous forme philanthropique, d’envoi de numéraire ou d’investissement, ces mouvements de fonds ont représenté 596 milliards de dollars en 2017 selon le rapport de la Charities Aid Foundation (CAF) sur le sujet. Le Hudson Institute donne une idée de la part des transferts de fonds issus des USA : pour l’année 2014, ce sont 224 milliards de transferts de fonds et 64 milliards de dollars dons qui ont été envoyés à l’étranger.

 

Des transferts financiers importants et en évolution

 

Au-delà des chiffres, il convient de souligner la dynamique : 244 millions de personnes vivent aujourd’hui en dehors de leur pays d’origine, un chiffre qui a augmenté de 41 % entre 2000 et 2018. Mais, si les diaspora ont toujours renvoyé de l’argent de leurs pays d'origine, les formes de ce “give back” ont évolué. 

D’un point de vue technique, l’envoi de fonds s’est largement simplifié ces dernières années. Les nouvelles technologies ont permis de faire baisser le coût sous les 10 % des fonds envoyés même si des disparités régionales subsistent (9,74 % en moyenne en Afrique, 5,74 % en Asie du sud. La Banque mondiale indique que 700 millions de foyers des pays en développement bénéficient de ces transferts.

 

Des modalités d’engagement qui évoluent

 

Comme souligné dans le numéro dédié d’Alliance en 2018, « Les nouvelles générations de donateurs de la diaspora sont parfois plus disposées à faire des dons transfrontaliers à des communautés dont elles ne sont pas originaires plutôt qu'à des initiatives locales » (backyard initiatives dans le texte original)

Les modes d’engagements des diasporas changent également et dépassent le simple envoi de fonds vers le pays d’origine. Le rapport de la CAF en pointe quatre  : 

 

  • « Diaspora for the diaspora », c'est-à-dire l’aide à l’arrivée de pairs en provenance du même pays. C’est tout le propos de l’African Bridge Network qui aide les nouveaux arrivants (mise en relation, aide à l’insertion professionnelle…) ;
  • « Diaspora for a cause », par exemple en soutenant les personnes restées au pays et touchées par une catastrophe ou un problème particulier (emploi, formation…) ;
  • « Diaspora as ambassadors », de plus en plus mis en place par les gouvernements pour faire de leurs diaspora des instruments de soft power dans les pays d’implantation ;
  • « Diaspora for change », qui cherche à faire évoluer les politiques publiques dans le pays d’origine notamment sur les questions d’éducation, d’infrastructures numériques etc.).

 

Rôle des Etats et enjeux de développement

 

De plus en plus, les États de résidence ou d’origine des personnes migrantes prennent en compte des flux de capitaux dans leur politique de développement. Incitations fiscales, fléchage vers tel ou tel type de projet ou de cause permettent d’orienter ces fonds… À tel point qu’un « Manuel à l'usage des décideurs et praticiens dans les pays d’origine et d’accueil » a été publié sur le thème « Comment associer les diasporas au développement. » Les diasporas contribuent également via des dons en nature (médicaments…) ou en compétences.

Enfin, les différents acteurs constatent une évolution des pratiques avec de plus en plus de personnes issues de la classe moyenne choisissant de donner à des organisations actives dans leur pays d’origine. De ce point de vue, internet, en facilitant les communications et les transferts d’une part et la mobilité accrue des personnes diplômées d’autre part changent le visage de la philanthropie des diasporas.

 

Lever des fonds auprès des diasporas ?

 

Ceci dit, collecter auprès de ces publics n’est pas pour autant aisé. Comment définir une diaspora? Quel est le dénominateur commun de ses membres ? Le rapport de la CAF met en lumière la complexité du don de ces acteurs. En effet, il ne suffit pas de proposer un projet dans leur pays d’origine pour voir l’argent affluer. De ce point de vue, la philanthropie peut également devenir un agent de construction de l’identité d’une diaspora et un élément culturel à part entière. 

Certains acteurs se positionnent ainsi comme de véritables interfaces entre donateurs internationaux et associations d’un pays. Comme BCause, une organisation bulgare qui propose de nombreuses formes d’engagement (don, arrondi sur salaire, pro bono…) et a, en 2020, redistribué plus de trois millions d’euros en direction de différentes associations du pays.

La générosité des diasporas va certainement continuer à se développer au cours des prochaines années, le nombre de personnes vivant hors de leur pays de naissance augmentant. Une possible opportunité pour un développement plus horizontal et des transferts de compétence accrus !

 

 

William Renaut 

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