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Par Carenews PRO - Publié le 1 juillet 2024 - 16:53 - Mise à jour le 1 juillet 2024 - 16:55 - Ecrit par : Camille Dorival
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Philanthropie : s’allier pour plus d’impact ?

De plus en plus de fondations et fonds de dotation choisissent d’unir leurs forces pour agir ensemble sur certaines causes. Avec l’ambition de gagner en impact, de s’autoriser à innover davantage ou d’apprendre des autres en partageant des connaissances.

Le fonds de dotation Anyama et la Fondation de France sont à l'origine de la création d'une coalition de mécènes engagés pour la protection des forêts françaises. Crédit : Neydtstock.
Le fonds de dotation Anyama et la Fondation de France sont à l'origine de la création d'une coalition de mécènes engagés pour la protection des forêts françaises. Crédit : Neydtstock.

 

 

Mieux travailler ensemble et créer des synergies entre eux : un nombre croissant d’acteurs de la philanthropie choisissent de se regrouper dans des formes de coalitions ou plus simplement autour de programmes communs, dans le but de démultiplier les effets de leurs actions.

Ces démarches ont d’autant plus d’importance dans un contexte où l’action des acteurs de l’intérêt général pourrait être mise à mal par l’extrême droite si elle arrivait au pouvoir. Unir leurs forces dans des projets communs peut en effet leur permettre d'être plus efficaces et de mieux faire face à un contexte politique potentiellement hostile.

 

Une alliance de 7 fondations pour l’égalité de genre  

 

Ainsi la Fondation Chanel, engagée sur les questions d’égalité de genre, a été à l’initiative de la création, en 2021, de l’« Alliance for gender equality in Europe ». Cette alliance regroupe sept fondations dont quatre françaises, notamment la Fondation de France, le Fonds L’Oréal pour les femmes ou la Fondation Raja-Daniel Marcovici.

« Trois raisons nous ont poussé à initier cette alliance », expliquait Marion Schaeffer, déléguée générale de la Fondation Chanel lors d’un débat organisé dans le cadre de l’Atelier des fondations, l’événement annuel du Centre français des fonds et fondations, qui a eu lieu cette année du 24 au 26 juin. « D’abord le fait qu’il n’existait pas encore d’alliance sur ce sujet en Europe. Deuxième motivation majeure : en raison d’une forme d’illusion de l’égalité qui existe dans nos pays développés, les associations qui interviennent dans le champ de l’égalité femmes-hommes sont largement sous-financées. Enfin, parce que, en face, les mouvements anti-genre s’organisent, sont de plus en plus puissants et représentent une vraie menace. »  

Les sept fondations ont donc décidé de mutualiser leurs moyens à travers cette alliance : elles la financent avec un montant de dotation qui peut varier d’une fondation à l’autre, mais disposent toutes d’une voix dans les décisions, quel que soit le montant apporté. Un comité de sélection est chargé de choisir les projets soutenus, l’alliance étant animée par une équipe de trois salariés.  

 

Une coalition autour de la protection des forêts  

 

Le fonds de dotation Anyama, lui, est à l’origine d’une coalition, en cours de construction avec notamment la Fondation de France, autour de la protection des forêts. Ce fonds de dotation a la particularité d’avoir été créé par un grand gagnant du loto, qui a souhaité mettre sa fortune au service de la cause environnementale, et notamment de la protection des forêts françaises.  

« Mais il n’est pas forcément facile de savoir quel type d’actions nous avons intérêt à financer pour être réellement efficaces, souligne Max Thillaye du Boullay, directeur général d’Anyama. Pour le déterminer, nous avons donc choisi de réfléchir collectivement avec des partenaires, associations de protection de la forêt et fondations. Nous nous sommes réunis plusieurs fois, et avons abouti à un document qui définit cinq grands objectifs d’actions à viser. »  

Chaque fondation associée au projet aura la liberté de définir ses axes d’intervention parmi ces cinq grands objectifs, avec l’idée que l’ensemble fera système.  

 

Le programme Entreprendre pour sa liberté  

 

Quant à la Fondation Entreprendre et la Fondation M6, elles ont décidé d’unir leurs compétences pour financer un programme de développement de l’entrepreneuriat (spécialité de la première) à destination de personnes sortant de prison ou sous main de justice (public cible de la deuxième). Depuis, d’autres mécènes sont venus les rejoindre dans ce programme intitulé « Entreprendre pour sa liberté », qui prévoit une dotation de 1,2 million d’euros sur trois ans. Il soutiendra quatre projets en France, en cours de sélection.  

Comme le précise Emmanuelle Tanneau, déléguée générale adjointe de la Fondation M6, « chaque projet doit être co-porté par deux associations : l’une intervenant auprès de la population carcérale, l’autre spécialisée sur l’accompagnement de l’entrepreneuriat. Comme ces deux mondes ne se connaissaient pas, nous avons organisé des événements pour qu’ils se rencontrent, aient envie de travailler ensemble et puissent répondre conjointement à notre appel à projets. » 

 

Les conditions de réussite  

 

« Il y a trois grandes raisons de créer des coalitions, estime Vincent Bodin, directeur délégué de l’action philanthropique à la Fondation de France. La première est de s’attaquer à une cause tellement énorme qu’elle nous dépasse. La deuxième est de créer des occasions d’innover : il est plus facile de s’autoriser à prendre des risques lorsqu’on est plusieurs. La troisième est l’envie d’apprendre ensemble et de partager des connaissances. »  

Mais la réussite de telles alliances requiert certaines conditions. Toutes les fondations soulignent d’abord qu’il faut une équipe salariée pour gérer de telles alliances. Ensuite, « il faut accepter de sortir de sa zone de confort et de chercher des compromis », note Marion Schaeffer. « Il faut aussi être humble, accepter qu’on ne sait pas tout et qu’on a beaucoup à apprendre des autres », ajoute Elisabeth Da Souza, directrice générale adjointe de la Fondation Entreprendre.  

Enfin, pour Max Thillaye du Boullay, « dans une société où toutes les réponses doivent être simples et faciles, il faut accepter que certains sujets soient complexes, prendre le temps de s’écouter et de comprendre, et accepter qu’on n’ait pas toutes les réponses. »  

 

Camille Dorival 

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