Solidarité, les Shifters, prix Ecoprod à Cannes… Les brèves ESS de la semaine

• Appel à l'action : six organisations dénoncent la crise dans le secteur médico-social en France

Un « cri d'alarme face à la crise qui ébranle la solidarité nationale » : six organisations du secteur sanitaire, social et médico-social, dont la Confédération nationale des associations de prévention et d'éducation, Nexem ou l’Unapei, ont uni leurs voix le 14 mai. Alors qu'environ 1 million de professionnels accompagnent 10 millions de personnes en situation de vulnérabilité en France, elles réclament une politique de solidarité nationale à la hauteur des besoins. 

Les organisations soulignent les défis auxquels elles sont confrontées, notamment le manque de financement pour les établissements, la précarisation des professionnels de santé et les coupes budgétaires annoncées par le gouvernement. Face à cette crise, elles appellent l’État français à « respecter son devoir de solidarité » en garantissant un accompagnement de qualité aux personnes vulnérables, tout en reconnaissant pleinement le rôle des professionnels à « hauteur de leur utilité sociale ».

Espérant déclencher un débat démocratique au sein de l'hémicycle, une pétition citoyenne a été lancée sur le site de l'Assemblée nationale, avec pour objectif d'atteindre 500 000 signatures. 

En parallèle, les six organisations ont déposé un recours auprès du Conseil constitutionnel pour contester certains articles de la loi de financement de la Sécurité sociale et de la loi de finance 2024. Un recours gracieux a également été adressé à la ministre du travail, de la santé et des solidarités, Catherine Vautrin, concernant un décret relatif à la reprise des excédents des établissements sociaux et médico-sociaux. Face à l'absence de réponse, elles se réservent le droit d'engager un contentieux d'ici à la fin juin.  

• « S’accomplir en se tournant vers les autres » : le Service civique lance sa nouvelle campagne 

Lundi 13 mai, l'Agence du service civique a lancé sa nouvelle campagne de communication pour le recrutement de volontaires en service civique. Depuis sa création il y a 14 ans, plus de 750 000 jeunes ont participé à ces missions d’intérêt général indemnisées à hauteur de 601 euros mensuels.

Présenté comme une « opportunité accessible et positive, tant pour les volontaires que pour la société », « la raison d’être du service civique est de bâtir la société de l’engagement que nous voulons », a estimé Sarah El Haïry, ministre déléguée chargée de l'Enfance, de la Jeunesse et des Familles.

La campagne de communication qui sera notamment diffusée sur les réseaux sociaux vise à mieux identifier le service civique parmi les options disponibles pour les jeunes. Selon Jean-François Martins, associé au sein de l’agence Insign qui a participé à l’élaboration de la campagne, « l’enjeu sur cette campagne était à la fois de trouver un concept capable de parler aux jeunes dans la diversité de leurs situations et aspirations, mais aussi réduire le chemin entre leurs passions et l’intérêt général pour inciter à un passage à l’acte ».

• Les Shifters célèbrent une décennie d'engagement pour la décarbonation 

L’association des Shifters, issue du think tank The Shift Project, a célébré son dixième anniversaire mardi 14 mai à la Recyclerie, à Paris. Ce collectif de bénévoles, créé en juin 2014, compte aujourd'hui 22 000 membres et soutient près de 700 initiatives.

« Au début, on était trois », a expliqué Alexandre Barré, ingénieur chez EDF et Shifter. En dix ans, ils sont passés d’un petit groupe à un réseau global, avec entre 70 et 80 groupes locaux en France et à l’international (Espagne, Allemagne, États-Unis…). 

Les Shifters ont pour mission principale de promouvoir et d’accompagner la décarbonation de l’économie, un processus visant à réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre. Leurs actions incluent la rédaction de rapports sur l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, l’organisation de conférences et débats pour sensibiliser le public aux enjeux climatiques (environ 400 événements par an) ou le soutien à environ 700 initiatives locales autour de l'agriculture durable et des économies d’énergie.

« J’espère que les gens trouvent du sens au sein des Shifters » a déclaré Jean-Marc Jancovici, cofondateur du Shift Project au cours de l’évènement, alors que la chercheuse Yamina Saheb, co-autrice du dernier rapport du Giec, a conseillé aux Shifters de diversifier leurs actions au-delà de la décarbonation pour « renforcer leur impact ».

• Prix Ecoprod à Cannes : coup de projecteur sur les long-métrages durables 

Pour sa troisième édition, le prix Ecoprod a distingué trois films français pour leurs efforts de réduction des impacts écologiques pendant leurs tournages, ce vendredi 17 mai. Le roman de Jim des frères Larrieu, Maria de Jessica Palud, et Niki de Céline Sallette étaient tous présentés lors de la 77ᵉ édition du festival de Cannes. 

Créée en 2009, Ecoprod vise à promouvoir la transition écologique dans les secteurs cinématographique et audiovisuel. Alors que l’association estime l’impact moyen d’un long-métrage à 188,7 tonnes de CO2, soit l'équivalent de cent allers-retours en avion entre Paris et New York, elle encourage les productions à adopter des pratiques plus durables.

Depuis 2022, Ecoprod récompense à Cannes les longs-métrages « produits de la manière la plus éco-responsable possible ». Cette année, le film Le roman de Jim, tourné dans le Jura, a notamment évité l'utilisation de groupes électrogènes thermiques, privilégiant les branchements civils et des unités mobiles d’énergie. Pour Maria, les efforts se sont concentrés sur les décors, réutilisant et recyclant au maximum les matériaux. Niki a été reconnu pour ses initiatives innovantes dans l'hébergement et le transport, en optant pour des solutions locales et durables.

Alissa Aubenque, directrice des opérations chez Ecoprod, appelle à une mobilisation plus large des productions internationales et mise notamment sur les initiatives récentes comme le plan de transition du secteur par le Centre national du cinéma (CNC). 

• Zero Waste Europe pointe les défis du recyclage textile dans l’UE

Seulement 6,6 % des 11 millions de tonnes de déchets textiles produits par les consommateurs européens en 2019 ont été réutilisés ou recyclés au sein de l'Union européenne, révèle un récent rapport de Zero Waste Europe. Dans le détail, 1,7 % ont été réutilisés et 4,9 % recyclés en Europe. Près de 80 % de ces déchets textiles finissent incinérés ou jetés localement, tandis que 16 % sont exportés en dehors des frontières européennes, principalement en Afrique et en Asie. 

Selon Zero Waste Europe, le « recyclage des textiles en Europe reste un tout petit secteur tandis que la seconde main est davantage établie ». Faute d'investissements importants dans des technologies de recyclage, il n’est pas assez rémunérateur pour les entreprises.

Les politiques de certains pays européens en matière d’économie circulaire sont toutefois « plus avancées que d’autres », et la France se distingue. Le taux de collecte et de recyclage des déchets textiles y est « nettement supérieur à la moyenne européenne », souligne l’ONG. 

Lauriane Veillard,  responsable de la politique de recyclage chimique à Zero Waste Europe, souligne que « si l’industrie textile veut une image plus propre, des changements doivent intervenir dans les phases initiales de la production et au cours du développement du produit afin de garantir un recyclage durable, sûr et qui renforce la circularité ». Alors que plus de 15 millions de tonnes de déchets textiles devraient être produits par les consommateurs européens d'ici à 2035 d’après l’ONG, elle appelle à inclure des matériaux recyclés à partir des déchets textiles dès la phase de production.

Félicité Dussel