Accompagner les jeunes : un exemple de réussite de la relation entre fondation et association dans une démarche innovante de co-construction

Accompagner l’insertion des jeunes dans la société et leur construire un avenir durable

• Laetitia Gourbeille, avant votre  carrière dans l’univers de la SNCF vous avez travaillé  au Secours Catholique, ce qui vous donne une compétence importante en matière sociale. Vous avez également eu une activité dans la collectivité locale de la Région Franche-Comté. Nommée déléguée générale de la Fondation SNCF, vous êtes arrivée à un moment de redéfinition de la stratégie de la fondation.

Laetitia Gourbeille : J’ai été nommée délégué générale de la Fondation SNCF en avril 2021, alors que se mettait en place sa nouvelle mission pour 2021-2025 : « accompagner l’insertion des jeunes dans la société et construire avec eux un avenir durable ». L’objectif est de soutenir des projets associatifs permettant à la jeunesse fragilisée d’identifier ses talents, ses motivations profondes afin de construire un chemin de vie, d’orientation, professionnel ou d’engagement, notamment en faveur de la transition écologique dans leurs territoires. Le champ éducatif n’était pas inconnu de la Fondation puisque le précédent mandat était centré sur l’éducation, en particulier sur l’apprentissage de la lecture et la lutte contre l’échec scolaire. C’est donc une continuité avec une évolution vers l’orientation choisie et la lutte contre le déterminisme social. Ce nouveau quinquennat a aussi ouvert un nouveau champ d’action, celui d’accompagner la jeunesse dans ses engagements en faveur de la transition écologique. 

• Sébastien Lailheugue, vous êtes directeur de l’association Proxité, une association de jeunes et vous aussi avez pris votre fonction récemment. Quel est le champ d’intervention de votre association ? 

Sébastien Lailheugue : Proxité existe depuis vingt ans, il me paraît important de revenir sur ce qui a fait le sens de la création de notre association. Au départ, un homme, Félix de Belloy , élève avocat qui faisait de l’aide juridictionnelle en lien avec des associations familiales à Saint-Denis, a pris conscience des besoins qui existaient en matière d’éducation. En travaillant avec les mamans, elles lui ont fait part d’un sentiment d’isolement face à la question scolaire et du manque d’accompagnement sur leur territoire pour les collégiens et les lycéens. Elles ne se sentaient pas légitimes quand il s’agissait d’aborder les questions d’orientation et de premiers pas vers l’emploi. Félix s’est alors dit qu’il ne manquait pas grand-chose à ces personnes pour être mieux guidées, outillées pour emprunter le chemin de la réussite dans leur orientation. Il a donc eu l’idée de créer Proxité en se disant qu’il appellerait des amis, très en lien avec le monde de l’enseignement, pour les mettre en relation avec les jeunes de ces familles. C’est de cette manière qu’est née Proxité. Comme, malheureusement, le besoin est toujours d’actualité, nous poursuivons notre action

• Des jeunes de tous âges ? 

Sébastien Lailheugue : Des jeunes de tous âges, avec un focus sur les collégiens et les lycéens. Aujourd’hui, le rôle de Proxité est d’accompagner les jeunes des QPV ou des territoires les plus fragilisés avec des freins sociaux, culturels ou économiques qui compliquent la réalisation de leur projet éducatif et professionnel. Il s’agit donc de leur fournir un accompagnement pour prévenir le décrochage scolaire, favoriser l’orientation choisie et faciliter les premiers pas dans le monde professionnel. 

• Si je me souviens bien, c’est AXA qui a été le parrain des débuts de cette initiative ? 

Sébastien Lailheugue : Effectivement, « AXA Atout Cœur » a été très présent au début et assez vite rejoint par la Fondation SNCF. 

Le bénévolat au cœur du projet

• Il y a, me semble-t-il, un point qui vous rejoint tous les deux : vos activités sont très engagées avec du bénévolat. Laetitia, vous avez développé l’action pour la jeunesse et vous avez développé en même temps un programme d’accompagnement par le mécénat avec les salariés de la SNCF. 

Laetitia Gourbeille : Oui, c’est cela.  C’est un programme qui préexiste à mon arrivée, puisque c’est Marianne Eshet qui a mis en place le mécénat de compétence au sein du Groupe SNCF. Ce qui nous semble important, au-delà de l’accompagnement financier de projets associatifs, c’est de construire une relation de proximité entre la Fondation et ses partenaires associatifs et les salariés du Groupe SNCF au plus près des lieux où ils travaillent. Notre partenariat avec Proxité, par exemple, symbolise très fortement cela. 

Coconstruire avec les acteurs et les jeunes le projet de la fondation. Une pratique innovante et transformante

• Vous avez adopté en arrivant une attitude différente de ce qui se fait traditionnellement dans beaucoup d’organisations. Vous avez décidé de ne pas seulement proposer des appels à projets, mais également de coconstruire des projets avec les personnes concernées, c’est-à-dire avec les jeunes. Votre axe de travail est essentiellement pour les jeunes et avec les jeunes et, à ce titre, ils participent à différents  comités. Je pense que c’est une nouvelle approche qui est tout à fait intéressante. 

Laetitia Gourbeille : Oui, effectivement.  Quand je suis arrivée, il y avait un nouveau conseil d’administration et nous étions encore dans la période du Covid. Pour préparer l’avenir, lors de la première séance du CA, nous avons planché sur ce que serait notre action pour les jeunes. Il nous a alors paru essentiel d’aller vers les jeunes pour les écouter dans leurs réalités et leurs aspirations et de le faire avec certains de nos partenaires associatifs dont Proxité. Nous avons monté un comité de pilotage dont faisait partie Sébastien Lailheugue et coconstruit une démarche qui nous a amenés à aller à la rencontre d’environ 160 jeunes partout sur le territoire par groupes de 10 ou 15 jeunes. Nous nous sommes mis à leur écoute, autour de leur vécu pendant et après le Covid notamment sur des sujets d’orientation, de choix de vie, d’études, de vie professionnelle, sur leur appréhension et leurs rêves autour de la transition écologique. Nous nous sommes retrouvés avec une trentaine d’entre eux, devenus leurs ambassadeurs, pour repartager ces paroles de jeunes et leurs propositions. Nous avions conscience de la grande responsabilité de ne pas décevoir ces jeunes qui s’étaient tant engagés pour répondre à nos questionnements. Et comme vous l’évoquiez, aujourd’hui très concrètement, cette matière vient nourrir nos réflexions avec nos partenaires associatifs et aussi enrichir notre gouvernance : désormais, 28 jeunes siègent dans les 14 comités de validation de projets de la Fondation SNCF.

• Sébastien, vous avez participé à tout ce chemin.  Cette démarche qui consiste à coconstruire des programmes avec des financeurs vous a-t-elle parue novatrice ?

Sébastien Lailheugue : Oui, cela fait partie des bonnes surprises quand Laetitia est arrivée ! Cela fait aussi partie du renouveau de la relation avec la Fondation SNCF. Je trouve que c’est une super pratique et cela a eu beaucoup de vertus, parce que nous connaissons bien l’équipe de la Fondation SNCF et lorsque je dis « nous », je veux dire l’équipe de direction et c’est quelque chose qui est très présent. Nous savons que nous sommes dans une relation de coconstruction où en plus nous avons la qualité d’écoute de Laetitia et de sa collègue Croisine, qui suivent de très près ce que nous faisons. Elles sont réellement impliquées avec nous. Je pense que c’était moins tangible pour un grand nombre des membres de nos équipes de terrain. Cela nous a aussi permis, en effectuant ce travail d’implication dans la construction du projet, de montrer aux équipes à quel point ce travail de coconstruction était réel, qu’un financeur ce n’était pas seulement celui qui arrive pour donner de l’argent, demander où l’on en est des objectifs et repartir jusqu’à l’année suivante. Je trouvais que cela avait une vertu de visibilité. Ensuite, personnellement, j’ai énormément apprécié l’exercice. 

• Vous avez travaillé avec vos équipes de terrain, même pour remonter les demandes et les projets ? Parce que finalement vous êtes comme tout le monde, vous êtes une association de jeunes pour les jeunes, mais en fait vous faisiez peut-être un peu de top/down plutôt que de repartir de temps en temps dans l’autre sens… 

Sébastien Lailheugue : Non, nous avons ce souci d’écouter les jeunes et c’est un des points sur lesquels on s’engage. Autant le lien en interne et les remontées des jeunes par rapport à leurs besoins et leurs attentes est très fort, autant la question financeurs/jeunes est beaucoup moins creusée et pas si évidente que cela. Ce qui a été super dans la démarche c’est d’avoir pu impliquer nos jeunes et d’avoir pu les faire rencontrer l’un de nos financeurs qui en plus se souciait de son impact par rapport à ces jeunes-là.

J’ai trouvé la démarche novatrice et qu’il était extrêmement enrichissant de participer à la construction de ce projet-là en tant qu’association. Je sais que les jeunes ont été impactés très positivement avec cette expérience de partage et également par le fait d’être écoutés.  Laetitia pourra en parler.  Pour certains, c’était la première fois qu’un acteur pas associatif ou non-institutionnel s’intéressait à eux et venaient à leur rencontre. 

• Laetitia vous avez fait remonter tous ces projets, et il y avait une vingtaine de représentants de différentes organisations, puisqu’il n’y a pas que Proxité. 

Laetitia Gourbeille : En effet, nous nous étions également engagés à transmettre paroles et propositions des jeunes plus largement dans nos écosystèmes interne et externe, ce que nous avons fait en publiant et en partageant le « récit » de cette expérience et ses contenus.

Transformer la gouvernance

• Vous avez de nombreux relais associatifs. Aujourd’hui, nous dialoguons avec un représentant tout à fait enthousiaste. Est-ce que cette démarche de co-construction a apporté, comme avec Proxité, le même résultat avec les autres structures, dans les autres endroits ? L’enthousiasme est-il totalement partagé et peut-on tirer de cela une idée de l’action philanthropique et de la participation des récipiendaires dans le processus de création, voire de décision ?

Laetitia Gourbeille : Je ne suis sans doute pas très bien placée pour le dire, mais en tous cas ce dont je peux témoigner, ce sont deux choses. La première, c’est que très concrètement désormais dans les comités de validation de nos projets, qu’ils soient au niveau territorial ou au niveau national, les jeunes sont présents : deux jeunes siègent en effet désormais dans chacun de nos comités. De plus, nous, Fondation et les membres des comités de validation de projets, allons maintenant pouvoir appréhender ce que cela change à notre façon à la fois de partager, de construire et de valider des projets associatifs qui nous sont proposés. Je suis impatiente de vivre mon premier comité pour expérimenter ce que cela pourrait aussi transformer au niveau de l’entreprise.

• Les jeunes sont dans les comités. Y en-a-t-il aussi au conseil d’administration ? 

Laetitia Gourbeille : Nous avons eu une longue discussion au sein du conseil d’administration pour savoir que proposer aux jeunes en termes de positionnement. Finalement, il nous a paru collectivement juste et pertinent de les positionner là où concrètement se prenaient les décisions, au niveau des comités de validation, plutôt que dans une instance plus institutionnelle, plus formelle et moins concrète. C’est le choix que nous avons fait pour le moment, en laissant évidemment la porte ouverte, peut-être dans un deuxième temps, à leur présence au CA.

Des engagements à longs termes

• Sébastien, ce partenariat, avec la SNCF et avec d’autres, vous permet-il de bénéficier de beaucoup plus d’accompagnants, de personnes qui vous aident, de bénévoles ? Rencontrez-vous ces bénévoles de temps en temps en groupes pour qu’ils vous donnent des retours ? Discutent-ils entre eux sur la manière d’aborder les situations ? Quelles relations entretenez-vous avec vos bénévoles ?

Sébastien Lailheugue : Sur le partenariat avec la Fondation, je voudrais souligner l’inscription dans la durée qui est un point très important, plus de cinq ans avec nous. Je trouve cela rassurant. Cette présence dans le temps avec une réelle implication, un réel suivi, est quelque chose qui est reconnu en dehors, dans les autres fondations sérieuses avec laquelle la Fondation travaille. Cela sert évidemment de label et cela amène à la fois des financeurs, cela en rassure d’autres, cela montre la capacité à nouer une relation sérieuse. 

• L’exemple de la SNCF, en parlez-vous avec vos financeurs, par exemple pour leur expliquer votre démarche et leur demander si elle présente un intérêt pour eux ? 

Sébastien Lailheugue : Souvent, nous expliquons le rôle et l’implication des fondations les plus engagées avec nous pour illustrer. Quand une structure se lance, c’est toujours intéressant de donner des éléments de contexte et des exemples de nature d’engagement et c’est très regardé. La Fondation Ardian qui vient de nous rejoindre nous demande quels sont nos principaux financeurs, depuis combien de temps nous sommes suivis, quels comptes nous fournissons. Oui, cela donne à voir quand cela fonctionne bien et montre comment cela peut bien fonctionner.  

• J’ai récemment interviewé Sarah Ertel, qui dirige un projet appelé Racines, un collectif avec Ashoka et des fondations qui s’engagent dans une démarche systémique de transformation. Créer des programmes non pas par distribution de fonds mais par coconstruction fait partie des enjeux qui sont traités. L’article se trouve sur mon blog Chroniques philanthropiques. C’est une démarche actuelle. Vous vous êtes engagés pour les jeunes sur le thème de l’éducation essentiellement. Avez-vous l’impression que votre action a un impact suffisant par rapport à l’immensité du problème ? Vos activités sont-elles selon vous assez reconnues comme une valeur réplicative, comme quelque chose qui pourrait se développer ? Quand on travaille à Proxité sur ces questions depuis 20 ans, quand la SNCF est engagée également depuis longtemps, avez-vous l’impression d’une progression ?

Laetitia Gourbeille : Je laisserai Sébastien compléter, mais ce qui me paraît frappant, c’est l’intérêt, la capacité et l’impact qu’a créée, par exemple, la dynamique conjointe des associations concernées par le mentorat en créant le collectif Mentorat. En matière d’approche systémique, c’était aussi une intention de la démarche « les jeunes au cœur de la Fondation » : à savoir, comment créer du lien entre les jeunes, les associations, les bénévoles pour être davantage en capacité de peser et maximiser l’ impact d’actions sur les sujets tels que l’orientation, le mentorat, la transition écologique. Pour moi, le collectif Mentorat est exemplaire de cette dynamique-là qui change la donne. 

Agir avec les familles et les enseignants

• Vous êtes dans une relation binaire, mais en réalité n’y a-t-il pas une relation triangulaire parce qu’il y a aussi l’enseignant, l’école, le collège, le lycée, comment faites-vous le relai avec eux ?

Laetitia Gourbeille : Clairement, nous le faisons peu, voire pas. Il se trouve que nous avons quand même dans certaines régions, au titre du Groupe SNCF, des liens avec des rectorats. Le Groupe SNCF a des conventions avec différents services de l’État, par exemple pour l’accueil de personnes en TIG, ou en insertion professionnelle, ou encore pour proposer des interventions sur la sécurité ferroviaire en milieu scolaire : ces liens peuvent parfois être activés au service de partenaires de la Fondation. Par ailleurs, dans le conseil d’administration de la Fondation siège Frédérique Alexandre-Bailly, la directrice générale de l’ONISEP. Elle a été extrêmement présente et motrice dans la démarche des jeunes au cœur de la Fondation. Elle a repris certaines de leurs observations sur les questions d’orientation pour abonder le programme Avenir(s) de l’ONISEP. 

• Et pour Sébastien, qui est dans une organisation praticienne depuis longtemps, vous avez ce lien avec l’Éducation nationale ou ses représentants ? 

Sébastien Lailheugue : Nous avons ce lien sur les territoires. Trois canaux nous permettent de toucher les jeunes : le canal établissements/rectorat, le canal plus socioculturel, avec les éducateurs et tous les réseaux de proximité dans les quartiers et, enfin, le travail avec les familles. Nous voyons donc régulièrement les professeurs. 

• Comment les familles vous contactent-elles ? Viennent-elles directement vous voir ? Qui envoie les enfants ? 

Sébastien Lailheugue : Ils viennent par les trois canaux dont j’ai parlé : familles, professeurs et encadrement socioculturel dans les quartiers. Nous touchons 2 200 jeunes pour l’instant.

• Combien de temps les suivez-vous ? Voyez-vous des transformations importantes ?

Sébastien Lailheugue : Au minimum un an, mais usuellement, ce sont des cycles de trois ans. Oui, nous voyons des transformations. Parfois elles ne sont pas quantitatives, elles sont essentiellement qualitatives et il y a beaucoup d’évolutions. Les impacts quantitatifs ce sont les notes, l’obtention des diplômes, l’accès à une orientation choisie, à un stage ou à une alternance. Les impacts qualitatifs touchent les postures, la capacité à se projeter, une plus grande confiance, un engagement scolaire très net et évident. Il y a aussi l’élément dont j’aime bien parler parce qu’il n’est pas évident à percevoir, mais que les familles nous font remonter : l’amélioration des relations à l’intérieur de la cellule familiale. Les sujets comme l’orientation sont dédramatisés, il y a moins de tensions et les familles voient très nettement des évolutions chez leurs enfants. 

• J’avais rencontré des bénévoles de votre organisation, ils avaient l’air franchement enthousiastes.

Sébastien Lailheugue : En effet, les bénévoles en ont encore parlé récemment avec Laetitia, ils sont très heureux de leur engagement et ils trouvent un sens extrêmement fort dans ces actions.

Laetitia Gourbeille : Oui et ils restent longtemps. J’échangeais récemment avec un dirigeant de l’entreprise qui me disait que cela faisait sept ans qu’il accompagnait le même jeune depuis le collège et que celui-ci passait son bac. 

• Ce sont donc des accompagnements individuels et très personnalisés. Le collectif Mentorat permet-il tout cela ? 

Sébastien Lailheugue : Le collectif Mentorat réunit les associations opératrices du mentorat en France et représente 70 associations, soit 150 000 jeunes accompagnés. 

Laetitia Gourbeille : C’est un mouvement d’ampleur.

Sébastien Lailheugue : L’idée c’est bien de s’associer pour mieux travailler avec les opérateurs qui orientent vers nous les jeunes, pour essayer d’améliorer notre accompagnement, et également essayer d’avoir un impact qui soit plus systémique.

Financement : sortir de l’appel à projet

• Nous avons traité la question de l’approche des jeunes et de l’intérêt de votre collaboration pour les associations. Je voudrais encore vous poser une question Laetitia : sur le plan du financement, financez-vous uniquement des projets ou financez-vous aussi des structures pour qu’elles puissent se développer, grandir et avoir de bonnes bases pour poursuivre le travail ? 

Laetitia Gourbeille : C’est une question importante. Depuis deux ans, nous n'organisons plus aucun appel à projets et tous nos partenariats, y compris nos partenariats territoriaux, qui étaient souvent des partenariats « one shot », sont désormais pluriannuels. Nous sommes dans la construction avec nos partenaires associatifs, à l’écoute de leurs besoins. Nous ne nous interdisons pas d’accompagner la structure. Si elle a besoin d’être soutenue, solidifiée, accompagnée, nous la finançons ainsi que des projets à fort enjeux ou émergents. 

• Quel est le budget annuel de la Fondation SNCF ?

Laetitia Gourbeille : Il est d'environ 4,5 millions d'euros. Sur ces 4,5 millions, un peu moins de 3 millions sont fléchés sur le mécénat financier, le reste étant plutôt dédié à des projets transverses pour l’accompagnement, l’engagement des salariés, le mécénat de compétences et pour valoriser le bénévolat associatif de nos collègues : chaque année, ils ont la possibilité de présenter les associations dans lesquels ils sont bénévoles, qui vont se voir dotées d’un prix. 

Pour une politique d’alliance

• Vous avez une dynamique territoriale importante  ?

Laetitia Gourbeille : Absolument, je crois aux systèmes et aux liens. Nous sommes en train d’initier région par région des rencontres entre nos partenaires associatifs, parce que nous nous sommes rendu compte qu’entre le champ de la transition écologique notamment et le champ de l’éducation, de l’orientation, les associations ne se connaissaient pas forcément : l’objectif est d’abord de créer du lien et peut-être des alliances entre associations qui le souhaiteraient. La Fondation pourra intervenir pour porter des projets qui émergeraient de cette démarche. Tout cela de manière très ouverte, car c’est un processus qui demande du temps, de la connaissance mutuelle et de la confiance entre nous tous. Nous soutiendrons aussi si besoin et nécessaire les relations entre nos partenaires associatifs et les autorités, qu’elles soient pouvoirs publics, ou collectivités territoriales.

• Vous avez mis en place l’Alliance pour le mécénat de compétences, une organisation créée par votre prédécesseuse, qui regroupe aujourd’hui 27 entreprises qui proposent du mécénat de compétences pour ses salariés.

Laetitia Gourbeille : En effet, et la dynamique collective est, là aussi, vertueuse. Les projets associatifs gagnent en impact quand on arrive à monter des alliances entre différents acteurs concernés, et particulièrement au niveau local. 

• Vous avez vraiment pris un axe sur les jeunes, par les jeunes et avec les jeunes et vous Sébastien vous en apportez un témoignage fort.

Sébastien Lailheugue : Effectivement, et je souligne encore une fois qu’il y a bien le contexte avec les jeunes et pour les jeunes, et qu’il y a aussi le fait de vraiment s’intéresser au devenir du projet, aux difficultés que l’on peut rencontrer et je trouve qu’il y a un réel accompagnement. Quand on travaille avec la Fondation, il y a un réel souci que ce ne soit pas qu’un accompagnement financier, mais que ce soit vraiment un appui dans le développement de la structure avec ce souci de la qualité de l’impact. Après, une chose intéressante et que l’on sent bien, c’est que derrière la Fondation SNCF, il y a aussi, et sans que ce soit une pression, la présence de la partie qui est plus corporate. Quand nos parrains, les bénévoles SNCF, s’engagent, ils s’engagent à la fois par conviction et, en même temps, ils sont vraiment là avec une vision métier, une envie de partage. Je trouve que c’est un bon mariage entre une culture philanthropique, une envie de mobilisation individuelle très forte qui est proche des valeurs qu’ils portent au sein du groupe et cette vision métier qui n’est jamais loin et qui est très intéressante parce que pour nous, sur ces questions de jeunesse il y a un vrai enjeu employabilité et orientation. Tout cela se rejoint de manière assez harmonieuse. 

• Merci beaucoup et bonne chance pour tout ce que vous faites ! 

Propos recueillis par Francis Charhon.