[TRIBUNE] Ensemble la philanthropie se renforce
Après une interruption de deux ans en raison de la crise sanitaire, l'Atelier des Fondations a réuni début avril les professionnels des fondations et fonds de dotation en France. Francis Charhon, président d'honneur du CFF, l'organisateur de l'évènement, souligne dans cette tribune l'importance des thèmes abordés lors de cette édition 2022 : les engagements collectifs et innovants ainsi que l'environnement.
Agir ensemble pour demain
Un congrès, une convention annuelle, quel que soit le type d’organisation usuellement, ne méritent pas un article sauf quand cette réunion marque une étape importante. Deux ans de restrictions dues au Covid avaient privé les membres du Centre Français des Fondations de rencontres. Les rassemblements redevenus possible, l’Atelier des Fondations, moment important pour les fondations, s’est tenu pendant deux jours dans le centre des conférences des Pensières au bord du lac d’Annecy. Il a rassemblé plus de 180 personnes représentant tous les types de fonds et fondations mais aussi pour la première fois les membres d’autres organisations collectives : France générosités, l’ADMICAL, le Mouvement associatif ainsi que l’AFF, Esprit de famille, IDEAS.
Cette réunion, la seizième, a permis de voir l’évolution très importante du secteur et son implication pour faire face aux défis qui pèsent sur notre société. Celui-ci a acquis une grande maturité lui permettant de se projeter vers l’avenir avec compétence et imagination. Outre les ateliers techniques utiles pour le renforcement des compétences, deux thèmes majeurs, l’environnement et les alliances, furent le fil conducteur de ces journées répondant au thème « Être ensemble, le temps d’après ».
L’environnement
Il est notable de voir que la question de l’environnement n’est plus traitée comme un sujet théorique lointain mais comme une urgence qui oblige chaque composante de la société. Porté par la Coalition Française des Fondations pour le Climat (CFFC), le sujet a été décliné très concrètement pour l’inscrire en profondeur comme partie intégrante du fonctionnement des organisations dans tous les domaines : finances, programmes d’action, formation, jeunes, action culturelle... Chacun apporte avec volontarisme des réponses à son niveau, partage ses pratiques pour diffuser les progrès réalisés.
Les alliances
L’autre thème est celui des alliances. Les acteurs de la philanthropie (associations, fondations, bénévoles, donateurs) sont devenus au fil du temps une composante essentielle de la société innovante, capable d’intervenir avec rapidité et souplesse en cas d’urgence mais aussi de s’inscrire dans le long terme pour apporter des réponses concrète aux besoins de la population. Ils sont les artisans quotidiens du lien social que notre pays voit se déliter de jour en jour laissant aujourd’hui une place à l’extrême droite, menaçant de façon inquiétante la démocratie.
Pour faire face, il est évident que personne ne peut imaginer agir seul. Des partenariats sont nécessaires entre des acteurs les plus divers, associations, fondations, entreprises, collectivités locales.
À partir d’exemples, chacun a pris conscience de cette nécessité et a pu entendre comment ces alliances avaient permis de progresser significativement dans la réalisation des missions sociales.
La coalition générosité : un grand pas pour le secteur
Réaliser des alliances locales, si elles renforcent l’action ne suffisent pas à montrer une volonté politique commune pour faire reconnaître le secteur. Depuis longtemps on ne peut que regretter qu’il soit mal connu des décideurs, du public et mal reconnu par l’État. Il n’existe aucune représentation parlant d’une même voix pour faire face aux pouvoirs publics, donnant ainsi une vision morcelée du secteur, avec parfois des positions contradictoires rendant impossible pour les interlocuteurs de comprendre ses enjeux.
Après plusieurs années de travail et de rapprochements, ces différents acteurs ont décidé de s’engager dans une coalition, la coalition générosité, pour porter un plaidoyer commun à l’occasion de la campagne présidentielle et ainsi se donner les moyens de faire reconnaître l’utilité du secteur non lucratif dans l’espace public.
Les travaux présentés lors de la séance de clôture ont montré qu’une étape importante était franchie. Cela a entrainé beaucoup d’enthousiasme et d’espoir chez les participants heureux de voir que les institutions qu’ils avaient créées avaient su franchir l’étape difficile de se rassembler au-delà des spécificités de chacun.
Créer et faire vivre un collectif est un exercice long et complexe qui nécessite une vision forte et un but clair à atteindre, la volonté d’acteurs engagés qui croient au projet et s’efforcent de trouver ce qui les rassemble au-delà des différences. Cela amène à des renoncements mais aussi à des évolutions stratégiques majeures qui structurent le chemin à prendre et l’avenir du projet.
Certes cette étape peut paraître anecdotique car cette alliance ne repose pas encore sur un socle encore très solide. Pourtant je suis certain qu’elle marquera l’histoire de la philanthropie.
Il reste encore du travail à faire, car par-delà les questions techniques la coalition devra créer un récit pour que tous ceux qui œuvrent chaque jour dans la grande aventure du secteur non lucratif se sentent parties prenantes d’un grand projet sociétal, à même de changer la vie d’hommes de femmes et d’enfants pour que demain ils vivent mieux dans une planète préservée.
Pour faire vivre un tel projet, il faut qu’il suscite de l’enthousiasme et donne l’envie et l’énergie pour s’y engager.
Merci à la coalition générosité d’avoir ouvert cette voie, merci à vous de poursuivre pour qu’enfin les acteurs de l’engagement soient reconnus et merci de nous faire rêver.
Francis Charhon
