Une ruralité qui résiste et invente : l’engagement des jeunes
Dans cette deuxième publication sur la ruralité, les intervenants montrent combien la bataille est rude pour garder de la vie dans nos villages. Les problèmes sont multiples : accès à l’école, aux services publics, à la médecine, au mur numérique, aux transports… Se rassembler, inventer, créer du collectif par l’engagement d’hommes et de femmes qui résistent et ne veulent pas disparaître ; ces héros de l’ombre appellent à l’espoir. L’échelle des interventions peut paraître insignifiante, ne la méprisons pas, cela concerne la vie de nos concitoyens dans les zones reculées. Les associations et les fondations ont un rôle essentiel à jouer en coordination avec les mairies et les pouvoir publics.

Un maire au front de la résistance
- Thibault Renaudin, vous avez un parcours extraordinaire, parce que vous êtes ce qu'on peut appeler un militant. Vous avez été à l’AFEV avec les étudiants, vous avez beaucoup travaillé dans les régions, et vous avez créé une association qui s'appelle INSITE. Aujourd’hui, vous êtes aussi maire d’un village comme il en existe des milliers. Quel sont les problèmes de tous ces petites communes qui sont plutôt en décroissance ? Être maire d’un petit village comme Termes-d’Armagnac, est-ce un défi ou une contrainte ?
Thibault Renaudin (TR) : Être maire d’un village de 200 habitants, c’est d’abord une chance, c’est vivre chaque jour le rendez-vous du lien humain, celui qui fait tenir une communauté. Dans les 27 000 communes de moins de 1500 habitants on n’a pas les moyens d’une ville : pas de chef de cabinet, pas de services supports. Mais on a autre chose, de précieux : la proximité. On fait avec les anciens, les enfants, les voisins. On fait avec les mains, avec le cœur, avec le collectif. La ruralité, ce n’est pas un monde parfait. Il y a des tensions, des désaccords. Vivre à côté de gens qu’on n’a pas choisis, c’est parfois rude. Mais cette promiscuité crée aussi de la solidarité, de la vigilance mutuelle. Quand quelqu’un va mal, on le remarque. Et c’est là que le mot “village” prend tout son sens. Pas comme un décor, mais comme un tissu humain vivant et solidaire.
Lutter contre l’abandon
- Pourtant, on entend beaucoup parler du sentiment d’isolement dans les campagnes. Quelle est cette réalité ?
TR : Cette réalité ne vient pas de la ruralité elle-même. Elle vient du sentiment d’abandon. Quand l’école ferme, quand les cars ne passent plus, quand le bureau de poste devient un souvenir, ce ne sont pas des services qui s’en vont, c’est un morceau de République qui s’efface. On a beau créer des dispositifs comme “Village d’Avenir” ou les “Maisons France Services”, ils ne peuvent pas compenser 40 ans de recul.
Mais malgré cela, je vois tous les jours des formes de résilience. Des gens qui inventent, qui maintiennent le lien : les fêtes, les associations sportives ou culturelles, les repas partagés. Il y a une énergie de fond, souvent invisible, mais bien là. Et c’est elle qui nous permet de continuer à faire société.
Un tisseur de liens, un animateur du commun
- Et vous, comment voyez-vous votre rôle de maire ?
TR : Je ne me vois pas comme un gestionnaire mais comme un tisseur de liens, un animateur du commun. C’est ça mon rôle. Dans mon village, il n’y avait plus de cérémonies du 11 novembre ou du 8 mai. Aujourd’hui, la moitié des habitants vient car ce sont des moments de rassemblement qui ont du sens, à la fois de mémoire et de démocratie. On lit des lettres, on partage une soupe. On va plus loin encore. On organise des chantiers participatifs pour isoler des logements de personnes âgées. On a transformé un ancien relais postal en épicerie de produits locaux. L’EHPAD communal est devenu le premier 100 % bio et local de France. Ce n’est pas de l’utopie : c’est du concret, ancré, utile, qui donne de la fierté aux habitants.
- Comment est-ce possible de faire tout cela avec peu de moyens ?
TR : On n’a ni les compétences d’une métropole, ni ses budgets. Mais on a autre chose : la connaissance fine du terrain, la confiance, la capacité à embarquer les gens. Ce sont les habitants qui rénovent la salle des fêtes, qui animent les activités, qui livrent les repas. Il y a une densité d’engagement incroyable dans les petits villages, à condition de leur laisser de la place. Mais à l'évidence, on a besoin de réinventer une place du secteur public dans nos territoires en s'appuyant sur les élus qui composent avec la complexité de nos structures territoriales.
- Est-ce que cela ne ressemble pas à une forme de démocratie participative, très locale ?
TR : C’est exactement ça. Les maires des petites communes sont souvent les derniers garants du lien civique. On est sollicités pour tout : l’eau, le logement, la santé, l’école. Et on tient parce que les gens participent car ils savent que le village, c’est leur affaire. Ce n’est pas un territoire géré de loin. C’est leur vie, leur cadre, leur communauté.
En effet ce qu’on construit, c’est une démocratie de proximité, lente, patiente, enracinée, mais profondément vivante. Et je crois que c’est de là que peut repartir un vrai renouveau démocratique.
INSITE : l’engagement des jeunes comme levier d’espérance et de transformation
- Vous parlez d’INSITE comme d’une “utopie concrète”, un levier d’action autant qu’un message politique. Comment est née cette idée d’envoyer des jeunes en service civique dans les villages ?
TR : INSITE est né de deux constats simples, mais essentiels :
- Le premier, c’est qu’il existe partout en France, dans nos villages, des femmes et des hommes qui tiennent la vie collective à bout de bras. Des maires, des bénévoles, des responsables associatifs, souvent peu visibles, peu aidés, mais extraordinairement engagés. Ils créent du lien, font vivre la culture, l’environnement, la solidarité. Pourtant, ces héros du quotidien manquent cruellement de moyens humains et financiers. Si on ne les aide pas, on les isole et pire on risque de les décourager. C’est pour cela que nous avons créé INSITE : pour soutenir concrètement ces porteurs de projets ruraux, pour leur apporter des forces vives, et pour faire vivre leurs idées dans la durée.
- Le deuxième constat, c’est la richesse de la jeunesse. La jeunesse française est extrêmement engagée, curieuse, généreuse. On l’ignore souvent, ou on l’enferme dans des clichés. Mais c’est une des jeunesses les plus solidaires d’Europe. Encore faut-il lui proposer des cadres concrets pour agir. Alors on s’est dit : pourquoi ne pas créer une passerelle ? Pourquoi ne pas faire se rencontrer ces deux forces – les territoires en quête de souffle, et les jeunes en quête de sens ?
Un « Erasmus rural » grâce au service civique
TR : C’est comme ça qu’est née l’idée d’un “Erasmus rural” : une expérience immersive, collective, profondément humaine. Concrètement, nous envoyons des jeunes, en binômes, dans des villages de 500 habitants en moyenne, pour des missions de service civique de six mois. Ces jeunes vivent ensemble, travaillent ensemble, et s’engagent au service des dynamiques locales. Aujourd’hui, nous accompagnons plus de 200 villages dans 8 régions, et 20 % de nos volontaires choisissent de rester vivre sur place après leur mission. Ce n’est pas rien : cela signifie que la rencontre entre un territoire et une jeunesse peut faire naître de nouvelles histoires. En six ans, INSITE a même contribué à créer plus de 30 emplois directs dans des villages que certains disaient “condamnés”. Preuve qu’il y a du souffle, de l’avenir, de l’élan.
Aujourd’hui, nous allons plus loin, nous diversifions les formats : stages longs, bientôt apprentissages, toujours avec l’envie de renforcer les territoires de manière durable et juste. INSITE n’est pas une simple structure d’envoi. C’est une fabrique d’hospitalité, de lien et de transformation locale.
- Et quand un jeune vous appelle, vous dit : « Bonjour, je veux faire quelque chose, je veux être utile. », comment cela se passe-t-il concrètement ? Quelle est votre méthode ?
TR : Elle est très structurée. Tout commence par une commune ou un territoire qui nous contacte. Nos équipes se rendent sur place pour réaliser un diagnostic, voir de quoi le village a besoin, quelles initiatives locales existent déjà, qu’est ce qu’ INSITE peut-il vraiment apporter un plus ? C’est à ce moment-là que le projet prend forme, dans l’écoute et le respect.
Une fois que la mission est jugée pertinente, on pose trois conditions :
- l’hébergement gratuit des jeunes. C’est un geste d’accueil fondamental ;
- la désignation d’un ou deux référents locaux (souvent des élus ou des bénévoles), qui suivent la mission au quotidien ;
- une contribution symbolique de la commune, à prix libre, parce que nous fonctionnons en gouvernance partagée.
On co-construit ensuite des fiches missions adaptées : lien intergénérationnel, animation culturelle, actions environnementales, médiation sociale… 80 % de nos missions tournent autour du lien social et de l’écologie. Les jeunes arrivent pour six mois. On les co-recrute avec les acteurs locaux. Pendant la mission, ils ne “font pas à la place de”, mais viennent en appui, dans une logique de coopération et d’humilité.
À la fin des six mois, il y a une restitution publique, un moment de partage, et souvent de fête parce que la ruralité, c’est aussi la convivialité. Ensuite, on entre dans une phase de “jachère” volontaire : on ne relance pas immédiatement une mission pour éviter toute forme de dépendance. On laisse le temps au territoire de réagir, de respirer, de reprendre la main. Et si besoin, on recommence.
INSITE repose sur deux convictions :
- Nous sommes une structure ascendante, qui ne décide pas pour les territoires, mais agit avec eux.
- Nous nous inscrivons dans la durée. Rien ne se transforme profondément en trois mois. Ce qui change les choses, c’est le temps long, la confiance tissée, les gestes répétés.
Et c’est en construisant ainsi que l’on contribue, modestement mais sûrement, à faire reculer l’isolement, à faire avancer l’engagement, et à redonner à chacun une place dans la société.
Rura : faire tomber les murs invisibles de l’assignation à résidence
- Salomé Berlioux, vous avez fondé Rura, qui s’appelait autrefois Chemins d’avenirs. À vous entendre on sent une cause, un combat. Pouvez-vous nous expliquer ce qui vous a amenée à créer ce projet ?
Salomé Berlioux (SB) : Oui. Rura est née d’un vécu personnel et d’un constat partagé par des milliers de jeunes : quand, comme moi, on grandit dans un petit village ou une petite ville, on intègre très tôt l’idée que certains parcours ne sont pas pour nous. Pas par manque d’intelligence, mais par manque d’information, de réseau, de représentation. Parfois même, on s’autocensure. C’est ce que j’appelle une assignation à résidence mentale.
On agit à deux niveaux. D’abord, l’accompagnement individuel et le changement de la carte mentale des inégalités.
L’accompagnement individuel
SB : Depuis 2016, nous avons accompagné près de 15 000 jeunes, un par un. Ce n’est pas un programme de masse, c’est du cas par cas. On les aide à se projeter, à mieux se connaître, à identifier leurs forces, leurs freins. Puis on les met en lien avec un mentor : un adulte qui les écoute, qui les soutient, qui leur dit “Tu peux y arriver”. C’est un lien humain fort qui peut changer une trajectoire. Certains jeunes nous disent que c’est la première fois qu’un adulte les écoute sans jugement. Ensuite, on complète ce soutien par des formations, des visites culturelles, des stages, des bourses, des coups de pouce pour un billet de train ou le BAFA… Rien de spectaculaire, mais des leviers concrets qui permettent à un jeune de reprendre la main sur sa vie.
On travaille aussi sur l’engagement citoyen des jeunes. Pas uniquement pour qu’ils s’épanouissent individuellement, mais pour qu’ils deviennent des acteurs de leurs territoires. On les forme à la prise de parole, à l’élaboration de projets, à répondre à un appel à projets. On les encourage à créer un club de débat, une bibliothèque partagée, à devenir animateur. L’idée, c’est de leur dire : “Tu as ta place. Tu peux agir. Tu peux proposer.” Et à chaque fois qu’un jeune passe à l’acte, c’est une petite victoire démocratique.
Acteur de plaidoyer
- Peut-on dire que vous luttez contre un déterminisme territorial ?
SB : Oui, très clairement. Le code postal pèse parfois autant que le niveau scolaire. Et cette inégalité est encore plus violente parce qu’elle est silencieuse. Les jeunes ruraux sont peu visibles dans les médias, dans les politiques publiques. On les réduit à une image nostalgique, ou pire, à des votes protestataires. C’est injuste et c’est pourquoi Rura est aussi un acteur de plaidoyer. On veut faire bouger les lignes : dans les entreprises, les grandes écoles, les ministères. Une association seule ne changera pas la donne. Il faut une prise de conscience nationale. C’est là que notre deuxième mission prend tout son sens : changer la carte mentale des inégalités. À travers des enquêtes, des témoignages, une présence dans les médias, on veut créer un effet d’entraînement. Que d’autres associations, collectivités, entreprises se disent : “Nous aussi, on peut faire quelque chose.” Et quand on voit un jeune oser candidater à Sciences Po ou monter une épicerie solidaire dans son village, on se dit que ça en vaut la peine.
- Vous partagez avec Thibault Renaudin une foi dans l’engagement des jeunes ?
SB : Absolument. Les jeunes ont envie de s’impliquer. Mais il faut nommer les freins, leur donner les moyens d’agir, leur tendre la main. Un exemple : aider un jeune à financer son BAFA, ce n’est pas anodin. C’est lui permettre de travailler l’été, d’acheter une voiture, donc de gagner en autonomie. Et de là, tout devient possible : s’engager, se déplacer, se projeter. L’engagement ne se décrète pas, il se construit, avec du soutien, des opportunités, de la confiance. On ne le fait pas seuls. On le fait avec INSITE, avec Bouge ton Coq, avec d’autres structures qui partagent notre volonté de ne laisser personne de côté.
Coopérations rurales et démocratie du faire ensemble : reconstruire la politique à hauteur humaine
- Thibault, vous partez du territoire et faites venir des jeunes. Vous, Salomé, vous partez de la jeunesse, pour l’aider à élargir ses horizons. Comment collaborez vous concrètement ?
TR : On travaille main dans la main avec Salomé, mais aussi avec Bouge ton Coq, et d’autres. On a lancé ensemble une coalition qui s’appelle On fait campagne. Ce n’est pas un slogan, c’est une philosophie. On ne se concurrence pas. On mutualise, on se renforce, on partage des valeurs et des constats. Ce qui nous unit, c’est l’envie de redonner de la dignité aux territoires oubliés. Et de sortir de cette logique absurde qui consiste à opposer la ville et la campagne, l’urbain et le rural, Paris et la “France périphérique”.
SB : Pour moi, chaque fois qu’une nouvelle association se lance sur la ruralité, c’est une victoire. Cela veut dire que notre plaidoyer fonctionne, que la question remonte. Trop longtemps, les jeunes ruraux ont été oubliés des politiques publiques, des médias, même du monde associatif. À Rura, on a cette ligne claire : on ne veut pas faire seuls, on veut faire système. Et Thibault partage totalement cela, c’est rare, et précieux.
- On redécouvre aujourd’hui que la démocratie, ce n’est pas que le vote : c’est une pratique quotidienne du collectif.
TR : Absolument. Et si on veut retisser notre pays, il faut partir de là. Pas des grands discours, mais de ce qui se joue dans une salle des fêtes, sur un marché, dans une cour d’école, dans un conseil municipal. C’est là que se réapprend la nuance, le débat, le respect, la construction collective. Et je peux vous dire qu’il y a beaucoup de politique au sens noble dans les villages.
Fractures politiques, colère sociale et reconstruction du récit collectif depuis les marges
- Thibault, si on regarde les dernières élections, dans votre département du Gers par exemple, les résultats montrent une poussée très nette des votes extrêmes. Est-ce que vous pensez que ce que vous mettez en place à Termes-d’Armagnac peut, même modestement, contribuer à inverser cette tendance ?
TR : C’est une vraie question, et il ne faut pas la contourner. Le vote RN, dans bien des cas, n’est pas un vote de conviction : c’est un cri de colère, d’exaspération. Une manière de dire “On ne nous écoute pas”. Il faut être lucide : la colère est là et elle est légitime. Elle vient de décennies de reculs successifs – écoles, gares, services publics – et du sentiment d’être oubliés. Dans beaucoup d’endroits, on ne vote pas pour un projet, mais pour dire qu’on existe. Et ça, il faut l’entendre
On ne combat pas ce genre de vote avec des slogans ou des leçons, mais avec du concret, du lien, de l’attention. Quand on crée une épicerie coopérative 100 % locale, quand on isole une maison avec des bénévoles, quand on rouvre un relais postal pendant le confinement, ce sont des actes politiques. Ce ne sont pas des gadgets. Ce sont des preuves que le collectif peut encore fonctionner, que la vie locale peut répondre aux besoins, que chacun peut encore avoir sa place. Là se joue le vrai politique, celui du quotidien Ce n’est pas magique, cela prend du temps mais pas par des injonctions venues d’en haut, mais par de petites preuves, locales, concrètes, de solidarité pour apaiser et d reconstruire. Je crois que la peur recule quand on agit ensemble, quand on recrée du lien, quand on se regarde comme des voisins avant d’être des ennemis cet ainsi que dans mon village, l’extrême droite n’est pas en tête.
SB : Ce que dit Thibault est essentiel. À Rura, on entend parfois des discours similaires. Certains nous disent : “Mais à quoi bon investir dans ces territoires de toute façon, ils sont perdus.” Je trouve cela scandaleux. Ce sont des jeunes, des familles, des histoires, des intelligences, des espoirs. On ne peut pas les abandonner au seul motif qu’ils voteraient “mal”. Ce serait une double peine. Et puis, ce sont souvent les mêmes qui ne lèvent pas le petit doigt pour améliorer les conditions de vie dans ces zones. Il faut arrêter de ne s’intéresser aux campagnes que lors des crises – crise des gilets jaunes, crise agricole, élections à risque. Il faut un travail de fond, sur la durée, pour retisser les liens. Et cela passe par des politiques publiques cohérentes, mais aussi par des récits nouveaux. Aujourd’hui, on entend plus parler des problèmes de circulation à Paris pour les JO que des jeunes ruraux qui passent 2h37 par jour dans les transports pour aller au lycée. Ça dit quelque chose de notre déséquilibre.
Des bâtisseurs de récits
- On a l’impression qu’il faut réécrire un récit national plus inclusif. Est-ce que vous vous considérez, tous les deux, comme des bâtisseurs de récit ?
TR : Oui, absolument mais pas à la façon des essayistes parisiens. On raconte un autre récit, en actes. Le récit d’une France qui tient debout, d’une France qui doute, mais qui agit, d’une France du “nous” plutôt que du “eux”. Ce récit-là, il se tisse dans les repas partagés, les marchés, les cafés associatifs, les groupes WhatsApp de covoiturage, les chantiers solidaires. Ce sont des histoires de fraternité ordinaire, qu’on n’entend pas assez. Et comme on dit chez nous : la politique, ce n’est pas une affaire d’estrade c’est une affaire de table partagée.
SB : C’est exactement ça, on porte le récit ensemble. Pas pour faire joli ni pour embellir mais pour donner des clés, des leviers, de la reconnaissance à tous ceux qui, dans l’ombre, font vivre nos territoires. Un prof qui motive ses élèves, un maire qui s’engage sans compter, un jeune qui organise un tournoi de foot pour recréer du lien dans son quartier… Ce sont eux, les artisans d’un avenir plus collectif, plus apaisé. Il n’y a pas de territoire perdu quand on s’y engage avec bienveillance et constance.
- Merci à vous deux. Vous donnez une image bien différente de la ruralité que celle qu’on entend souvent. Une ruralité qui n’est ni figée, ni repliée, mais profondément vivante, inventive, engagée. Peut-être, finalement, l’endroit où l’on expérimente le plus sincèrement ce que peut être une démocratie incarnée.
Propos recueillis par Francis Charhon