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Par Chroniques philanthropiques par Francis Charhon - Publié le 14 janvier 2021 - 10:01 - Mise à jour le 14 janvier 2021 - 10:30
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[TRIBUNE] Gardons notre part de rêve et d’espoir, l’immobilisme n’est pas une fatalité

Nous avons déjà écrit dans ce blog sur les masques, les tests, la difficulté de faire face à de grands événements qui touchent le pays. On pensait que la vaccination allait être un exemple de préparation grâce à une anticipation qui ne prendrait personne au dépourvu tant l’arrivée des vaccins était prévisible. Et pourtant, rien de cela. Le Président doit hausser le ton pour « aller plus vite » et pourtant même en poussant les gaz de la machine France, celle-ci reste collée sur place. Véritable sabotage de la volonté politique ! Tribune de Francis Charhon.

Crédit photo : iStock
Crédit photo : iStock

C’était faire fi de l’administration qui a pris le pas sur toutes les décisions, faire fi des comités multiples citoyens ou pas, faire fi des préséances, des circuits de décisions opaques. De fait, qui a pris le pouvoir ? Le parti de l’immobilisme, ceux qui sont tétanisés par la peur de décider, par le principe de précaution avec le risque du tribunal, la nouvelle forme de lâcheté démocratique qu’est le procès envers les décideurs notamment les ministres. Il est plus valeureux d’engluer la décision dans les prétoires que de porter notre pays vers l’innovation et la modernité, d’être dynamique et constructif. 

De leur côté, les politiques d’opposition donnent des leçons, alors qu’ils ne feraient certainement pas mieux ; ils jettent le discrédit sur une classe politique qu’ils participent activement à déconsidérer. On apprend aussi avec effarement qu’il a été fait appel au cabinet Mackinsey, certainement des grands spécialistes de la logistique. Peut-être aurait-il été utile de faire appel à MSF, MDM, des ONG ayant une longue pratique de la vaccination, d’autant que la question est principalement logistique et non médicale. Quand l’incendie de Notre-Dame s’est déclaré, les pompiers sont intervenus rapidement, entraînés à réagir vite et bien. Heureusement qu’il n’y avait pas de fumeux comité de gestion de la lance à incendie ou du camion. 

L’idée n’est pas de s’engager dans un débat contre tel ou tel responsable, il n’y en a pas. La France est à l’arrêt et l’on doit le regretter. Les politiques n’ont plus la main face à ceux qui portent au plus haut la capacité de dire non, de ne pas répondre plutôt de que dire oui, de créer les circuits les plus complexes.  

Quelle tristesse, alors que chaque jour des forces vives créent et se développent contre vents et marées comme les startups, les acteurs de l’ESS, les entrepreneurs.  Ce sont eux qui donnent une vision positive et allante de la vraie vie. Tous à leurs côtés.

Le besoin urgent est celui de la délégation de responsabilisé et du pouvoir d'agir. Lors du confinement, les queues sont apparues devant les lieux de distribution. En quelques jours, ONG, associations, fondations, bénévoles ont pris la main et répondu aux besoins. Partout  en France, des milliers d’initiatives ont permis de faire face sans délais ni procédures. Ce mouvement fut plébiscité par le public qui l’a largement soutenu financièrement. 

Dans ce blog, je présente régulièrement le parcours de responsables d’organisations philanthropiques qui sont l’honneur de notre pays. Ils passent leur temps à s’adapter, réagir vite. Grace à des alliances futées et imaginatives ils amplifient leurs actions. Pour faire face il faut être capable de casser les routines et les procédures. C’est ce qui a sauvé l’hôpital lors du premier confinement. 

Ce que nous voyons depuis un an montre que l’État peut mettre en place des dispositifs de survie de l’économie, de protection sociale mais en aucun cas répondre au besoin de « madame Germain » vivant avec ses enfants à « Fontenay-Les-Louvets ». Trop  loin, trop  petit, trop invisible pour la grande machine administrative. Les réponses sont multiples, éclatées sur tout le territoire et différentes à chaque fois. La conclusion s’impose, il devient urgent que  l’État prenne acte de cette situation qu’il pousse en avant ce qui marche et décide de mettre en place une véritable délégation aux acteurs du terrain. Combien de personnes de tous âges y sont investies ?  Salariés, bénévoles apportant une énergie extraordinaire mue par la seule l’envie de faire le bien tout en s’appuyant sur des compétences accumulées avec l’expérience.

L’idée, bien sûr, n‘est pas de dire que les acteurs de la philanthropie (associations, fondations, bénévoles, donateurs) ont la capacité de tout faire. Cela serait prétentieux, et impossible, mais qu’ils peuvent agir en complément de l’État. 

La période est propice car des sommes extraordinaires sont engagées pour les entreprises pour des plans de survie et d’investissement. Il faut investir massivement dans ce secteur comme l’ont demandé le Mouvement Associatif , France générosités, le Centre français des fondations, l’Admical, afin que puisse se développer des initiatives innovantes porteuses d’avenir et de lien social.

Depuis des années, de multiples rencontres ont eu lieu entre associations, fondations et l’État pour que puisse se mettre en place une ambitieuse politique philanthropique. À chaque fois, les organisations ont fait face à des fonctionnaires qui considèrent que ce secteur n’est que dépensier des deniers publics, mais jamais qu’il est une source d’aide, d’innovation et de création de richesse pour notre pays. La rentabilité d’une association de quartier qui soutient des familles en difficultés, apporte de l’espoir, réduit le déclassement social, répond précisément à un problème pour des coûts bien moindres que ceux de l’intervention publique. Et pourtant, à chaque rencontre, la mécanique dilatoire fonctionne à plein, car les interlocuteurs se moquent de la réalité du terrain et des besoins de la population, assis sur la suffisance de ceux qui savent ce qui est bon pour les autres sans même les avoir rencontrés. Qui sera l’homme politique courageux qui ouvrira les yeux sur la situation du pays et donnera instruction de prendre en compte les acteurs de la société civile ? Prenons-nous à rêver que tout d’un coup que les millions d’hommes et de femmes qui travaillent pour le bien commun, sortent de l’invisibilité et soient reconnus. La France est bloquée, les mauvais instincts se développent. N’est-ce pas le moment d’ouvrir un chemin de confiance avec les citoyens en reconnaissant leur valeur ? Les acteurs de la philanthropie sont prêts au dialogue, mais avec qui ?

Francis Charhon

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