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Par Fondation Bouygues Telecom - Publié le 23 novembre 2023 - 15:25 - Mise à jour le 23 novembre 2023 - 17:30
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Mesure d’impact : qu’en disent les lauréats d’Incub’Asso ?

La mesure d’impact est un sujet central pour les associations. Mise en place, bénéfices, difficultés… qu’en est-il vraiment sur le terrain ? Trois lauréats de la première promotion d’Incub’Asso, l’incubateur créé par la Fondation Bouygues Telecom, et l’agence Citizing, spécialisée en mesure d’impact, nous livrent leur point de vue après deux ans de travail.

Crédits: Laurent Zylberman - Graphix Images
Crédits: Laurent Zylberman - Graphix Images

Quand mettre en place la mesure d’impact ?

Le plus tôt possible ! Le parti-pris d’Incub’Asso est d’introduire la mesure d’impact dès le début auprès de ses lauréats. Tous ont pourtant moins de trois ans d’existence – c’est la condition sine qua non de leur intégration à l’incubateur –, mais la Fondation Bouygues Telecom leur propose d’être accompagnés dès les premiers mois par Citizing, agence-conseil experte en évaluation et mesure d’impact économique, social et environnemental. 

Pourquoi ? « Pour les associations en démarrage, faire de la mesure d’impact est un outil stratégique, explique Julie de Brux, fondatrice et présidente de Citizing.

« C’est une boussole. La mesure d'impact définit qui on est et quels sont les changements sociétaux recherchés. Les associations connaissent tout de suite les données dont elles ont besoin pour nourrir leurs indicateurs et objectiver la création de valeur. L’introduire dans ses process au bout de cinq ans est bien plus difficile ! » 

La première étape consiste à établir une « théorie du changement », qui pose sur le papier les objectifs espérés. De là découle une liste d’indicateurs, curseurs de l’action suivis en permanence sur la plateforme Impact Track. Le choix des impacts mesurés est large : création d’emplois, déchets ou gaspillage évités, hausse de l’estime de soi, qualité des sols, séquestration de CO2, coûts évités, changements de pratiques… Le panel offre beaucoup de possibilités adaptables au contexte.

Après avoir fixé une feuille de route stratégique, Citizing ajoute un autre outil essentiel : le business plan d’impact, qui propose aux associations de fixer des objectifs théoriques à 3 ans. « C’est un principe de réalité, grâce auquel on peut vérifier la concordance entre les ambitions et les ressources mises en place pour y parvenir », ajoute Julie de Brux.

Quels bénéfices ?

États Sauvages, Robin.e.s des Bennes et Atelier 17.91, tous trois lauréats d’Incub’Asso, sont unanimes sur les bénéfices de la mesure d’impact dans le développement de leur association. 

« La question de la mesure d’impact est devenue un élément central dans notre gestion de projets, pour suivre notre développement et valoriser les résultats de nos actions, explique Julie de Saint Blanquat, fondatrice d’États Sauvages. Le travail avec Citizing a été un véritable accélérateur dans le déploiement de la culture de la mesure d’impact au sein de notre association. » 

À l’entrée de son association les Robin.e.s des Bennes dans l’incubateur, Louise Boyard souhaitait obtenir des données qualitatives, bien plus difficiles à définir que les chiffres quantitatifs des collectes et redistributions qu’elle met en place. « Cela a permis de fluidifier et de simplifier les données. Nous avons dû nous replonger dans nos archives mais le résultat valorise tout le travail fourni depuis plusieurs années. C’est bluffant ! »

Pour Gaëlle Courson, co-fondatrice d’Atelier 17.91, la mesure d’impact est « une révélation ».

« C’est comme armer notre projet de superpouvoirs. On a vraiment saisi l’impact de nos actions. Citizing est notre allié secret grâce à qui nous avons une vision nette qui nous guide dans la bonne direction. »

Gaëlle Courson

Qui dit mesure d’impact, dit communication efficace auprès du grand public et des partenaires financiers. « C’est la clé d’accès à de nouvelles subventions privées ou publiques, ajoute Julie de Brux. Il est aujourd’hui indispensable d’indiquer la création de valeur d’un projet. C’est un instrument de développement. Et c’est avant tout un outil stratégique d’aide à la décision, qui vient vérifier l’ambition de l’association dans les faits. » 

La mesure d’impact, un outil compliqué à mettre en place ?

Le rythme soutenu du quotidien d’une association, entre animations, appels à projets, rendez-vous et obligations administratives, laisse peu de place à l’installation d’un nouvel outil. De surcroît perçu parfois au départ comme chronophage et/ou complexe. « Les équipes redoutent que ce soit une usine à gaz avec des processus compliqués, explique Julie de Brux. Il y a aussi l’idée répandue que par nature, une association a de l’impact et qu’elle n’a pas réellement besoin de le chiffrer. »

« La mesure d’impact peut être vue comme un gendarme qui vient vérifier ce que fait l’association. Mais tout cela s’atténue avec le temps. »

Julie de Brux

Et pour cause : toutes les étapes sont cadrées, accompagnées, outillées. Les associations se rendent vite compte qu’accorder du temps à la mesure d’impact, c’est prendre du recul et consulter régulièrement sa boussole. Même si ce n’est pas toujours simple. « La mesure d’impact, c’est un peu comme escalader une montagne. Avant, tout semble prometteur, mais une fois lancés, on peut traverser des difficultés qui sont des défis à relever. Même si cela nous incite à affiner notre approche », témoigne Gaëlle Courson.

Est-ce que c’est adapté à tous les projets ?

Il est des sujets sur lesquels mesurer l’impact peut s’avérer plus difficile. Notamment les associations tournées vers la biodiversité, comme celle co-fondée par Julie de Saint Blanquat. « S’ils sont essentiels, les outils de mesure d’impact offrent parfois une vision partielle des résultats et bénéfices de nos projets, notamment dans le cas de nos mises sous protection de forêts existantes, témoigne-t-elle. À l'inverse, la plantation d'arbres est souvent nettement mieux valorisée en matière de mesure d'impact quand les bénéfices générés n'ont rien à voir avec ceux de la préservation d'un écosystème mature. »

Cela s’explique par le fait qu’il n’existe pas encore d’indicateurs aussi complets, capables de couvrir les projets plus complexes. Mais mesurer en partie un projet, c’est malgré tout ouvrir la voie vers de nouvelles possibilités d’indicateurs, en testant justement de nouvelles configurations. « Nous disposons d’une importante base d’indicateurs, précise Julie de Brux. Mais pour les sujets où la recherche est récente, comme la biodiversité, nous les combinons avec des « proxys ». Ces indicateurs « approchants » vont ouvrir la recherche et nous permettre de créer de la connaissance avec les associations. Si Citizing est un expert de la méthode, les associations sont les experts métier ! ». La mesure d’impact est donc aussi une affaire de co-construction et d’échanges, où chacun contribue à emmener l’autre vers de nouveaux horizons. 

Et pour aller un cran plus loin ?

Citizing propose depuis peu un nouvel outil aux lauréats Incub’Asso : le retour sur investissement socio-économique et environnemental, ou SROI, qui calcule la valeur générée par un projet. « Lors du FNAF, raconte Julie de Brux, nous avons ainsi montré que pour l’Atelier 17.91, chaque euro dépensé génère près de 3 euros de valeur économique sociale et environnementale. C’est une énorme reconnaissance de tout ce qu’ils font au quotidien. Et un argument supplémentaire pour faire financer leurs projets et inciter aux dons. »

En deux ans d’accompagnement des lauréats Incub’Asso, Julie de Brux avoue être saisie par l’engouement et le professionnalisme dont font preuve ces jeunes associations. « Elles prennent leur envol et à leurs côtés, notre approche s’affirme de plus en plus à chaque étape. »

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