Nightline : une étude pour mettre en avant l’impact positif du bénévolat chez les étudiants
Chaque soir, la ligne d’écoute de Nightline reçoit les appels d’étudiants traversant des moments difficiles. À l’autre bout du fil : des bénévoles, eux aussi étudiants, qui ont choisi de tendre l’oreille à leurs pairs pour accueillir leur parole avec bienveillance. L’association Nightline a décidé, en collaboration avec le cabinet Asdo, d’en savoir plus sur ces jeunes écoutants. Comment leur engagement bénévole a-t-il redéfini leur rapport aux autres et favorisé le développement de nouvelles compétences ?
« Et toi, comment ça va ? »
Pour beaucoup d’étudiants, les soirées sont synonymes de sorties, d’instants joyeux entre amis, de liberté, mais pour d’autres, la nuit tombée est un moment difficile, loin de l’insouciance associée à leur âge, où ils se retrouvent seuls face aux maux qui les traversent. C’est à eux que Nightline s’adresse.
Créée en 2016 et lauréate de l’appel à projets de la Fondation Bouygues Telecom, l’association agit pour la santé mentale des étudiants en leur offrant tous les soirs, de 21h à 2h30, un espace d’écoute téléphonique anonyme et bienveillant. Les écoutants sont des jeunes de leur âge, formés à l’écoute active, c’est-à-dire sur l’empathie et l’absence de jugement. À l’échelle nationale, cela représente une communauté de plus de 450 étudiants bénévoles, répartis dans les 9 plateaux d’écoute de l’association – à Angers, Lille, Lyon, Nantes, Paris, Reims, Rouen, Saclay, Toulouse, et à Marseille dès 2026.
Tous bénéficient de 32 heures de formation initiale obligatoires avant de devenir écoutant, puis d’une séance mensuelle d’analyse de pratique animée par une psychologue – un parcours de bénévole engagé et réfléchi.
Si l’utilité d’une telle ligne d’écoute auprès des étudiants à la santé mentale fragile n’est plus à démontrer, Nightline a voulu interroger ceux qui l’animent au quotidien : quels impacts a l’activité de bénévole écoutant sur ces étudiants ?
L’association et le cabinet Asdo ont ainsi mené 30 entretiens semi-directifs entre avril et mai 2025 auprès de bénévoles âgés de 18 à 34 ans. Voici ce qu’ils ont révélé.
Une expérience qui sensibilise à la santé mentale
Pour de nombreux bénévoles, l’engagement en faveur de Nightline marque le début d’une prise de conscience que la santé mentale est un enjeu majeur, bien plus répandu qu’on ne pourrait l’imaginer. Certains, comme Mathieu, étudiant en école d’ingénieur, en témoignent : « C’est devenu un sujet pour moi qui n’existait pas avant. »
Grâce à la formation initiale et aux séances régulières d’analyse de pratique encadrées par des psychologues, les bénévoles acquièrent des connaissances solides sur les troubles psychiques, les dispositifs d’aide et la prévention du suicide. Cette montée en compétences se traduit aussi par une capacité à relayer les bonnes ressources auprès de leurs proches et à ouvrir le dialogue sur un sujet encore tabou parmi les étudiants et au sein des familles.
Apprendre à écouter sans juger
C’est l’un des effets les plus marquants de l’étude : l’apprentissage de l’écoute. Chez Nightline, écouter ne consiste pas à conseiller, mais à offrir un espace de parole libre et sans jugement.
« Je me suis rendu compte qu’écouter quelqu’un, ce n’était pas du tout inné », confie Estelle, 23 ans. « Maintenant, je suis plus attentive à mes amis. »
Ces compétences d’écoute active, acquises et pratiquées soir après soir, infusent ensuite dans le quotidien, que ce soit dans la sphère personnelle, les relations amicales ou amoureuses, et jusque dans les premières expériences professionnelles.
Une école du « prendre soin »
Nightline accorde une attention particulière à l’encadrement de ses bénévoles. Groupes d’analyse de pratique, accompagnement psychologique gratuit, référents lors des permanences, périodes de repos obligatoires… L’association prend soin de ceux qui prennent soin des autres.
Ces pratiques, centrées sur le bien-être, favorisent l’émergence d’une culture du « care », que l’on s’applique aussi à soi-même. Les bénévoles apprennent à écouter, mais aussi à s’écouter. Oscar, 21 ans, étudiant en psychologie, abonde : « On apprend à s’interroger sur ses émotions, à se donner du temps pour les accueillir. »
Des compétences transférables et un tremplin vers l’engagement citoyen
Au-delà de la posture d’écoute, les étudiants bénévoles développent un large panel de compétences. Gestion du stress, communication bienveillante, travail en équipe, gestion du temps… autant d’atouts valorisés dans leurs études puis lors de leur entrée sur le marché du travail. Certains en tirent même une confirmation de leur projet professionnel, comme Benjamin, 23 ans : « Ça me conforte dans l’idée que je veux devenir psychologue ».
D’autres y trouvent une première expérience de responsabilité ou un déclic pour s’engager durablement dans le monde associatif. Pour près de la moitié des jeunes interrogés, Nightline représente leur premier engagement bénévole. Et cette expérience, selon l’étude, éveille bien souvent une appétence durable pour l’action collective.
« Ça m’a fait goûter au bénévolat, et ça m’a fait aimer ça », témoigne Mathieu.
Certains poursuivent ensuite leur engagement dans d’autres associations, parfois même en orientant leur parcours professionnel vers les métiers du social, du soin ou de la santé publique.
Un lieu d’ancrage et de lien social
L’étude souligne aussi le rôle social de l’association. Pour beaucoup, les locaux de Nightline deviennent un point d’ancrage dans une vie étudiante parfois marquée par l’isolement.
« Le local, c’est un peu notre deuxième maison », raconte Jade, 21 ans.
Les liens tissés entre bénévoles, la convivialité des permanences et les valeurs communes nourrissent un sentiment d’appartenance fort. En écoutant d’autres étudiants, les bénévoles interrogent et redécouvrent leur propre place dans la communauté.
L’étude dresse donc un constat clair : le bénévolat à Nightline est un levier d’épanouissement personnel et professionnel. En s’engageant pour la santé mentale des autres, les étudiants renforcent leurs compétences, leur confiance, leur réseau, et leur rapport à eux-mêmes.
Nightline n’est donc pas seulement une ligne d’écoute — c’est aussi un espace d’apprentissage, de solidarité et de transformation, grâce au bénévolat.
L’association lance d’ailleurs dès aujourd’hui une grande campagne de recrutement, baptisée « Bonsoir Nightline », afin de convaincre de nouveaux étudiants de rejoindre les rangs de sa communauté d’écoutants bénévoles.
Pour en savoir plus : https://www.nightline.fr/devenir-benevole