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Par Carenews INFO - Publié le 12 décembre 2025 - 18:52 - Mise à jour le 12 décembre 2025 - 19:19 - Ecrit par : Elisabeth Crépin-Leblond
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Territoires d’outre-mer, quartiers populaires, paysans… 10 ans après l'Accord de Paris, des associations militent pour « faire entendre d’autres voix »

Adopté le 12 décembre 2015, l'accord de Paris est un traité international qui pose l’objectif de maintenir la hausse des températures moyennes mondiales en dessous de 2°C par rapport à l’ère préindustrielle. Dix ans plus tard, plusieurs associations et collectifs appellent à « écouter les voix de ceux qui sont en première ligne » face au changement climatique.

« Le dérèglement climatique a des conséquences dramatiques et irréversibles envers les populations, en particulier les plus précaires », défend Albin Petit, membre du mouvement Action non-violente COP 21. Crédit : iStock / PeopleImages
« Le dérèglement climatique a des conséquences dramatiques et irréversibles envers les populations, en particulier les plus précaires », défend Albin Petit, membre du mouvement Action non-violente COP 21. Crédit : iStock / PeopleImages

 

« Nous n’avons plus le temps pour les reculs sociaux et environnementaux que nous sommes en train de subir », alerte Léa Geindreau, porte-parole du mouvement Action Justice Climat, en ouverture d’une conférence de presse organisée dans les locaux de Greenpeace France, vendredi 12 décembre. 

Dix ans jour pour jour après la signature de l'Accord de Paris, qui fixe un objectif de limitation du réchauffement climatique à moins de 2°C par rapport à l’ère préindustrielle, cet évènement rassemble plusieurs représentants de collectifs et associations. Face à « l’inaction des États » et à la multiplication des évènements climatiques dévastateurs, « il est important d’écouter d’autres voix », appuie Léa Geindreau, estimant que « les décisions politiques privilégient trop souvent l’intérêt privé à l’intérêt général ». 

 

Ce ne sont pas des paysages qui disparaissent, mais nos cultures, notre souveraineté, notre sécurité », Jason Temaui Man, militant polynésien du CLSE.

Les territoires d’outre-mer en première ligne 

  

Parmi ces « autres voix », Jason Temaui Man milite pour la protection des territoires d’Outre-mer et la prise en compte de leurs habitants dans les décisions publiques. « Nous sommes en première ligne du dérèglement climatique, alors que nous n’en sommes pas responsables », pointe ce militant polynésien, membre du Collectif des luttes sociales et environnementales. L’Accord de Paris « n’est pas juste un instrument diplomatique mais une ligne de vie pour les territoires français d’Outre-mer », souligne-t-il.  

Forêts primaires, lagons, océan…Les écosystèmes des territoires ultramarins sont directement menacés par le réchauffement climatique, affectant les populations insulaires et leurs modes de vie. « Ce ne sont pas des paysages qui disparaissent, mais nos cultures, notre souveraineté, notre sécurité », appuie Jason Temaui Man.  

Le militant déplore notamment une présence insuffisante des représentants de ces territoires dans les processus d’élaboration des politiques climatiques, que ce soit à l’Assemblée nationale ou lors des conférences internationales. « Ceux qui subissent le plus sont ceux qu’on écoute le moins, en témoigne l’absence de négociateurs ultramarins dans la délégation française de la COP 30 ou le Plan national d’adaptation au changement climatique 3 qui ne prend pas en compte nos spécificités », relève-t-il. 

  

La critique d’« une écologie descendante, réservée aux experts » 

  

« Les politiques climatiques nationales correspondent à des choix de consommation des CSP+ », dénonce de son côté Kaméra Vesic, fondatrice et directrice générale de l’association PikPik Environnement, qui agit pour une écologie populaire. « Les familles des quartiers populaires subissent une triple peine : ce sont les zones les plus exposées aux nuisances et risques climatiques, mais aussi les zones les moins financées sur ces questions tout en n’étant pas prises en considération dans les cercles de décision », analyse-t-elle. 

Présente lors de la COP 21 avec son association, Kaméra Vesic se dit aujourd’hui « extrêmement déçue ». « Il n’y a pas de coconstruction. On est dans une écologie descendante, réservée aux experts », déplore-t-elle.  

 


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Cette représentante associative estime également que les politiques publiques françaises ne s’adressent pas à l’ensemble de la population. « Qui dans les quartiers populaires peut demander des réductions d’impôts, avoir accès à des primes révov ou acheter des voitures électriques ? », questionne Kaméra Vesic.  

 

Il y a plein de solutions  », Florent Sebban, représentant du Miramap.

Des textes « qui affaiblissent les normes sociales et environnementales » 

  

Florent Sebban, maraicher bio installé dans l’Essonne et représentant du mouvement inter-régional des associations pour le maintien de l’agriculture paysanne (Miramap) était également présent. « Nous sommes à 4-5 degrés au-dessus des normales saisonnières. Ces températures sont dangereuses pour nos récoltes, surtout si elles sont suivies d’un gel tardif comme il y a deux ans », alerte-t-il. 

En avril, il a lancé avec 13 personnes et associations un recours contre l’État pour inaction climatique. Lors de la conférence de ce vendredi 12 décembre, ce paysan dénonce l’adoption de textes « qui affaiblissent les normes sociales et environnementales », comme la loi Duplomb ou l’accord UE-Mercosur. « Cela nous  frustre parce qu’il y a plein de solutions. Il est possible de soutenir des fermes plus robustes et plus résilientes qui plantent des haies ou font de l’agroforesterie par exemple », met en avant Florent Sebban.  

  

Un appel à l’action  

  

« Les femmes ont 14 fois plus de risques de mourir dans une catastrophe climatique », appuie de son côté Alicia L., membre de l’association Les Impactrices, appelant à « une diversité des voix entendues ».  

« Le dérèglement climatique a des conséquences dramatiques et irréversibles envers les populations, en particulier les plus précaires », défend quant à lui Albin Petit, membre du mouvement Action non-violente COP 21. « Chaque victoire arrachée, chaque loi limitant la crise climatique, chaque projet climaticide abandonné sont autant de vies qui sont sauvées », argumente-t-il, appelant à « rejoindre des associations, faire émerger des initiatives et aller voter ».  

 


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Élisabeth Crépin-Leblond 

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