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Par Fondation de France - Publié le 10 avril 2024 - 14:20 - Mise à jour le 10 avril 2024 - 17:29
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Gilles Pagès : « Mettre au point de nouveaux traitements contre le cancer »

Comprendre les mécanismes de résistance aux thérapies ciblées, notamment dans le cas du cancer du rein, afin de développer des traitements plus efficaces et moins toxiques, c’est ce qui anime depuis plus de 15 ans le cancérologue Gilles Pagès, Directeur de recherche à l’INSERM et chef d’équipe au sein de l’Institut de Recherche sur le Cancer et le Vieillissement de Nice. Alors qu’il vient de recevoir le Prix Chercheur sénior de la Fondation de France / Jean Valade pour l’ensemble de sa carrière, il revient sur l’évolution de ses recherches et sur la découverte d’une nouvelle molécule très prometteuse pour le traitement de certains cancers.

Lauréat 2024 de la recherche médicale
Lauréat 2024 de la recherche médicale

 

  • Sur quoi portent vos travaux de recherche et quels sont les enjeux associés ?

 

Nous travaillons depuis de nombreuses années sur les mécanismes de résistance aux thérapies ciblées contre le cancer, en particulier dans le cancer du rein métastatique dont l’incidence est en constante augmentation ces dernières années. Ces thérapies ciblées sont dites « anti-angiogéniques » : leur but est de bloquer l’angiogenèse tumorale, c’est-à-dire la création des vaisseaux sanguins qui alimentent la tumeur. Nous sommes partis du constat que, dans le traitement des cancers du rein, ces thérapies ont une certaine efficacité mais transitoire : les rechutes sont en effet systématiques, même si elles ont lieu à des échéances différentes selon les patients. Certains ne répondent pas au traitement d’emblée, d’autres connaissent une rechute au bout d’un an, d’autres encore au bout de plusieurs années. Nous avons donc étudié précisément les mécanismes de rechute dans ces différents cas de figure afin d’affiner les traitements proposés pour améliorer la survie des patients.

À partir de 2015, de nouveaux types de traitements, les immunothérapies, sont apparus. Nous avons donc étendu nos recherches et mené des études comparatives entre thérapies anti-angiogéniques et immunothérapies. Nous avons par exemple montré que les mécanismes de résistance que nous avons identifiés permettent de prédire l’inefficacité des immunothérapies chez certains patients. À partir de là, nous avons développé des recherches sur de nouvelles molécules pour dépasser les impasses thérapeutiques et proposer de nouveaux traitements plus efficaces.

 

  • En quoi la molécule que vous avez découverte est-elle porteuse d’espoir pour la mise au point de nouveaux traitements contre le cancer ?

 

Cette première molécule, fruit d’une collaboration de longue date avec nos collègues de l’Institut de chimie de Nice, devrait faire l’objet d’essais cliniques que nous espérons dans un an (au plus tôt), ce qui est très encourageant. Une de ses propriétés est d’inhiber la vascularisation tumorale en ciblant des récepteurs membranaires spécifiques que nous avons découverts. Ces récepteurs sont également présents sur les cellules tumorales et sur les cellules immunitaires présentes dans les tumeurs, qui induisent une inflammation chronique. La molécule agit donc à 3 niveaux : elle inhibe la formation des vaisseaux sanguins des tumeurs, mais également la prolifération des cellules tumorales et l’inflammation chronique. Nous avons aussi constaté que cette molécule boostait les effets des immunothérapies qui sont actuellement utilisées en clinique. On peut par conséquent imaginer de nouveaux traitements qui reposeraient sur une combinaison de plusieurs thérapies. Cette découverte nous donne beaucoup d’espoir pour l’amélioration des traitements contre le cancer du rein métastatique, mais également contre plusieurs autres cancers.

 

  • À quels autres types de cancers avez-vous étendu vos recherches ?

 

Nous avons étendu nos recherches à 3 autres types de cancers : les cancers de la tête et du cou, les médulloblastomes pédiatriques, un type de tumeur du cerveau chez les enfants, et le mélanome uvéal, le cancer de l’œil le plus fréquent chez l’adulte. Dans le cas des médulloblastomes pédiatriques, les enjeux sont très importants : en cas de rechute, ce type de cancer est fatal en quelques mois. Au cours de nos recherches sur les mécanismes de résistance aux traitements anti-angiogéniques utilisés dans le cancer du rein chez les adultes, nous avons identifié un traitement efficace sur les médulloblastomes pédiatriques, sans induire d’effets toxiques. Suite à cette découverte, un essai clinique va démarrer prochainement pour repositionner ce traitement sur les cancers du cerveau de l’enfant. C’est une preuve très concrète que la recherche sur le cancer avance, notamment grâce à des soutiens comme ceux de la Fondation de France. Le but de nos travaux est de mettre au point de nouveaux traitements moins toxiques qui guérissent du cancer ou, à défaut, qui améliorent le plus possible la survie des patients. C’est pour cela que nous venons au laboratoire tous les jours.

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