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Par Fondation des solidarités urbaines - Publié le 20 octobre 2023 - 12:37 - Mise à jour le 20 octobre 2023 - 17:39
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La méthode pour développer les solidarités de proximité selon Astérya

En quoi les démarches d'accompagnement renforcent-elles les solidarités de proximité ? Et comment ? C’est à ces deux questions qu’entend répondre la recherche-action menée par Astérya à Paris, dans le 18ᵉ arrondissement. Fondée sur une méthode d’accompagnement participative – et l’analyse de ses résultats - l'initiative est soutenue par la Fondation d’entreprise des Solidarités Urbaines (ex-Fondation Paris Habitat).

Astérya mène une recherche-action pour soutenir l’émergence et le développement de projets associatifs à l’échelle locale.
Astérya mène une recherche-action pour soutenir l’émergence et le développement de projets associatifs à l’échelle locale.

Comprendre ce qui fait obstacle à l’envie d’agir

Dans le 18e arrondissement de Paris, le tissu associatif est dense. Les nombreuses initiatives locales cherchent chacune à apporter leur contribution à la transition sociale et écologique de leur territoire. Mais elles ont aussi en commun d’être confrontées, dans la mise en place de leurs missions, à de nombreux freins, qu’ils soient organisationnels, techniques, relationnels ou économiques.

Dans ce cadre, Astérya mène une recherche-action pour soutenir l’émergence et le développement de projets associatifs à l’échelle locale. Le projet AGICES (Agir pour des Communautés Environnementales et Solidaires) poursuit deux objectifs : engager la transition écologique et sociale de proximité par un accompagnement concret, mais aussi documenter les entraves rencontrées – et leurs solutions. Et ainsi produire de nouvelles connaissances sur les leviers d’action citoyenne. 

Astérya se fonde, pour ce faire, sur une méthode sur-mesure, précise, éprouvée, qui s’organise en deux temps : mener une phase participative de diagnostic, puis, selon ce qui en émerge, apporter des solutions pour le montage, la structuration et l’essaimage des initiatives. « Nous souhaitons consolider l’idée de communs environnementaux et solidaires, ces deux problématiques étant totalement imbriquées dans la transition durable des territoires », précise Maïté Juan, chercheuse et initiatrice du projet au sein d’Astérya.  

3 associations, 24 mois d’accompagnement

Astérya a resserré le périmètre de son projet autour de trois associations du 18e arrondissement : l’association de locataires du Champ-à-Loup, qui défend les intérêts des locataires et anime un jardin collectif, le centre social et culturel La Maison Bleue, qui anime la vie de quartier, et enfin, l’association culturelle et sportive De Monblémont, orientée vers l’accompagnement et l’insertion des jeunes.

La méthode qui leur est proposée évolue pendant deux ans en cinq étapes. En premier lieu sont organisées des réunions collectives, au cours desquelles les membres de l’association, guidés par un intervenant Astérya, s’expriment sur les objectifs poursuivis par leur projet. Car comme l’explique Romain Gallart, co-chercheur sur le projet et coordinateur du pôle recherche et formation d’Astérya, « il est essentiel de préciser le besoin collectif de l’association et de vérifier que les membres partagent les mêmes volontés. » 

Viennent ensuite des entretiens individuels, effectués de façon semi-directive, puis tous les quatre à six mois, l’organisation de groupes d’analyse partagée – « un temps important pour prendre du recul sur ce qui a été fait », précise Romain Gallart. Lors de ces focus groupe, des personnalités extérieures peuvent intervenir et éclairer les réflexions de leur expertise. 

En parallèle, Astérya mène un travail de cartographie des acteurs du territoire, susceptibles d’entrer en partenariat avec l’association pour mener à bien son projet. « En leur apportant cette connaissance du terrain, qu’ils ne peuvent pas aller chercher faute de temps, détaille Romain Gallart, nous leur permettons de visualiser avec qui ils pourraient s’engager. »

Dernier temps de la méthodologie Astérya : les formations. Selon les objectifs poursuivis par la structure, Astérya ouvre son propre catalogue de formations, ou fait appel à un intervenant extérieur lorsqu’il s’agit d’une expertise tierce, pour mettre en place un transfert des compétences nécessaires au projet.   

Recherche et action : un projet en vases communicants

Tout au long de l’accompagnement, Astérya va observer et analyser les différentes trajectoires d’engagement émergentes, que ce soit au niveau individuel ou collectif. « Nous voulons accompagner les trois structures comme elles le souhaitent. Nous ne voulons pas créer de décalage entre les intérêts des chercheurs et les besoins concrets sur le terrain », explique Romain Gallart. Une idée fondatrice pour Astérya, qui la place au cœur de sa démarche : « la recherche vient irriguer l’accompagnement, tout comme nous, chercheurs, alimentons notre enquête à partir des actions de terrain, il y a une réciprocité entre pratique d’accompagnement et production des savoirs scientifiques », abonde Maïté Juan.

L’accompagnement proposé par Astérya est également un poste d’observation privilégié pour comprendre, au-delà des besoins exprimés, les rapports de force en jeu – entre les membres de l’association, entre l’association et les acteurs du territoire ou les collectivités. « Lorsqu’on cartographie un territoire, par exemple, les interactions existantes ou les non-interactions ont des explications intéressantes. Nous n’arrivons jamais dans un territoire neutre », précise Romain Gallart. Les données recueillies au cours de la recherche conduiront ainsi à une compréhension encore plus fine des freins au déploiement de l’engagement citoyen.  

Répondre aux besoins du terrain

Le projet AGICES a entamé sa mise en œuvre depuis le mois de mars 2023, notamment auprès de l’association culturelle et sportive De Monblémont, qui a pour objectif de se professionnaliser et de développer l’engagement citoyen autour de son projet de quartier – organiser des temps de convivialité et des activités ludiques autour de la place Blémont.

« Au tout début, raconte Romain Gallart, l’enjeu était de comprendre le fonctionnement de l’association, de se rencontrer et d’apprendre à se faire confiance mutuellement. ». Ensemble, après un temps de concertation et d’entretiens-diagnostics, ils ont identifié quatre axes d’accompagnement : la gouvernance et la prise de décision collective, un soutien sur le volet socio-éducatif, le développement de partenariats et l’accompagnement administratif. « Nous avons également validé plus largement de nouveaux objectifs à moyen et long terme, ainsi qu’un calendrier », précise Romain Gallart.  

De nouvelles perspectives

Au cours de ces premiers mois auprès de l’association De Monblémont, au contact des besoins concrets d’accompagnement, Astérya a enrichi sa méthode d’un nouvel outil, fondé sur l’autobiographie. De même que les chercheurs tiennent un « cahier de terrain », il s’agit d’encourager l’association à tenir un « cahier autobiographique », écrit ou audio, où sont consignés au fil de l’eau les faits et étapes importants de leur action. « Nous souhaitons les encourager à prendre du recul et s’interroger eux-mêmes sur leur parcours, appuie Romain Gallart. Ce serait une manière innovante d’observer leurs trajectoires d’engagement. Les données recueillies serviraient de base à un entretien-bilan organisé avec Astérya tous les deux à trois mois. »

En parallèle, Astérya poursuit l’accompagnement des deux autres associations engagées dans le projet AGICES. Au-delà de porter plus loin l’action de chacune de ces associations et, avec elles, de susciter de nouvelles envies d’agir, Astérya souhaite voir émerger un écosystème local. « Le dernier niveau d’action est de créer une dynamique inter-collective et de favoriser un changement d’échelle en impliquant les associations d’un même territoire », comme l’explique Maïté Juan. Mais pas seulement : « les enseignements de terrain de la recherche-action pourraient, conclut-elle, irriguer les pratiques professionnelles et politiques locales sur la question des solidarités de proximité ».

 

 

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