The Human Safety Net, Changer le narratif sur les réfugiés - Entretien avec Benoit Hamon
La fondation The Human Safety Net s’est associée à SINGA, dans le cadre de son programme dédié aux réfugiés. L'incubateur The Human Satety Net by Singa facilite leur intégration pour devenir entrepreneur ou les soutenir dans le retour à l'emploi, renforçant ainsi leur engagement commun envers l’égalité des chances. Benoît Hamon nous parle de SINGA, dont il est Directeur Général et des actions de l'association.
- SINGA accompagne les entrepreneurs réfugiés à travers deux incubateurs The Human Safety Net, quels sont les enjeux de ces dispositifs ?
"Avec ce travail d’accompagnement, nous visons plusieurs objectifs. D’abord, au niveau individuel, celui de permettre aux personnes réfugiées de révéler leur potentiel et de réaliser leur projet professionnel. Ensuite, nous nous sommes aperçus que ces projets développés avaient très souvent une utilité sociale. Ils résolvent bien souvent des problématiques rencontrées par les nouveaux arrivants liées à l’accès au droit, la santé ou encore à l’employabilité… Enfin, c’est valoriser des rôles modèles qui cassent les préjugés et changent le narratif sur l’immigration."
- Entreprendre n’est jamais simple, encore plus pour les nouveaux arrivants. À quelles difficultés sont-ils confrontés ?
"Le principal obstacle, c’est la méconnaissance de la langue et des codes culturels. Tout le sens de notre accompagnement, c’est de lever ces freins. Nos entrepreneurs bénéficient des « figures imposées » de l’accompagnement à la création d’entreprise (business plan, stratégie marketing, étude de marché, recherche d’investisseurs …), mais nous les préparons aussi à appréhender leur nouvel environnement culturel. On l’ignore souvent, mais les personnes de nationalité étrangère représentent 8 % de la population française et 15 % des entrepreneurs. Il y a chez eux un vrai goût pour l’entrepreneuriat qui s’explique, en partie, par leurs capacités d’adaptation, de résilience et de persévérance."
- Que vous apporte le partenariat avec The Human Safety Net ?
"C’est un partenariat à double niveau. Sur le plan international, The Human Safety Net nous a accompagné dans notre passage à l’échelle européenne : SINGA est maintenant une structure présente dans 20 villes d’Europe. Nous avions besoin d’un partenaire à dimension internationale, avec une bonne connaissance des écosystèmes de chaque pays. En France, The Human Safety Net apporte un soutien financier à nos deux incubateurs de Paris et Strasbourg. Mais surtout, depuis cinq ans, nous avons noué une relation de confiance avec les équipes de The Human Safety Net qui font preuve d’une véritable expertise sur la question de l’inclusion. C’est précieux pour nous d’avoir un partenaire qui ne demande pas d’objectif irréalisable. On sent que leur engagement est bien plus qu’une obligation de suivre les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance). Les orientations de la Fondation infusent dans l’entreprise Generali et pollinisent au sein des équipes sur le terrain, bien au-delà du top management."
- Que retenez-vous de cette année 2022 ?
"Sans aucun doute l’ouverture de notre incubateur transfrontalier à Strasbourg, un programme important et symbolique. Je retiens aussi les nombreux projets de nos entrepreneurs : Welcome Place, la première néobanque destinée aux nouveaux arrivants pour accélérer leur inclusion financière ; Café Plural, qui propose des formations de barista ou encore AALIA.TECH, une application qui traduit en temps réel la conversation entre un praticien et un patient qui ne parlent pas la même langue. Et enfin une réussite : 60 % de nos créateurs sont des femmes et 60 % des entreprises incubées sont encore actives après 3 ans."
- Quelles sont les ambitions de SINGA avec The Human Safety Net en 2023 ?
"Nous souhaitons renforcer l’accompagnement post-incubation de nos entrepreneurs et travailler sur un nouvel axe autour de l’employabilité des nouveaux arrivants au niveau européen."