« Le mécénat territorial de la Fondation groupe EDF, une opportunité et un levier pour servir l’intérêt général à l’échelle locale »

• Quel est le rôle du mécénat territorial de la Fondation groupe EDF ?

Frédéric Busin : Il s’inscrit bien sûr en lien avec la raison d’être du Groupe EDF et celle de la Fondation. Plus globalement, il apporte sa pierre à un défi crucial auquel nous sommes tous confrontés, la transformation sociétale. Ce défi s’articule autour de deux composantes, pour moi indissociables : disposer de ressources convaincues et formées pour conduire cette transition, d’une part, et comprendre les évolutions nécessaires pour agir, chacun à notre niveau, d’autre part. Cela implique d’infléchir nos comportements individuels. Nous devons ainsi nous loger autrement, nous déplacer autrement, nous nourrir autrement, produire autrement et consommer autrement. Ces cinq thématiques renvoient à une sixième, qui en est à la fois le complément et la résultante : mieux préserver notre environnement. Ce paysage global est celui dans lequel la Fondation Groupe EDF inscrit son ambition. Le mécénat territorial la nourrit, l’illustre et l’amplifie à l’échelle locale. Il capitalise sur la culture de proximité, qui, avec le sens de l’intérêt général, s’inscrit au cœur de la culture d’entreprise du groupe EDF. J’ajoute qu’à l’instar de toutes les actions de la Fondation, il implique les salariés du Groupe, qui s’engagent comme professionnels et comme citoyens.

« Au travers des initiatives et des projets locaux que nous soutenons, nous contribuons à améliorer concrètement le quotidien des habitants de notre territoire » 

• Quelles sont les spécificités de la région Provence Alpes Côte d’Azur, notamment socio-économiques, qui orientent le mécénat territorial ?

Derrière l’image d’Épinal portée par le tourisme et des atouts réels, tels que sa formidable biodiversité maritime et terrestre – notre région est la deuxième la plus boisée de France et abrite plus de la moitié des espèces d'amphibiens, d'oiseaux, d'insectes, et les trois quarts des espèces de mammifères, de reptiles et de plantes de la France continentale –, notre région subit un taux de pauvreté élevé. À titre d’illustration, un Marseillais sur quatre vit sous le seuil de pauvreté. Cette grande précarité, si elle est souvent silencieuse notamment dans les arrondissements de l’hypercentre, n’en est pas moins marquée. Toujours à Marseille, 250 000 personnes vivent en situation de précarité et les associations, même celles disposant de moyens importants, telles que la Fondation Abbé Pierre, ne parviennent pas à accueillir les 14 000 sans-abris dénombrés sur le périmètre de la capitale régionale. 

• Quel type de projets soutenez-vous et pour quel type de bénéficiaires ?

Entre 2020 et fin 2023, nous avons soutenu 75 projets en région Provence Alpes Côte d’Azur, dont 65 au titre du mécénat territorial. Ils représentent un investissement total de 930 000 euros et touchent 530 000 bénéficiaires directs et indirects. Des chiffres qui démontrent notre capacité à agir mieux qu’un long discours ! Par le montant de ces investissements, notre mécénat territorial se classe en troisième position, derrière ceux de l’Île-de-France et d’Auvergne-Rhône-Alpes, ce qui est une performance d’autant plus significative que notre région a la particularité d’être restée identique après le nouveau découpage institutionnel de 2014. Elle ne figure plus, ni parmi les plus grandes, ni parmi les plus peuplées de notre pays.

Quand on regarde la répartition de ces 65 projets de mécénat territorial entre les trois domaines retenus par la Fondation pour la période 2020-2023, on constate la part prédominante des projets d’inclusion – 41 –, qui est, à elle seule, presque deux fois plus importante que le total des projets soutenus dans les deux autres axes, 12 pour l’éducation et 12 également pour l’environnement. Ce poids de l’inclusion dans nos actions est directement corrélé aux caractéristiques socio-économiques que j’évoquais il y a un instant.

La majorité des projets auxquels nous contribuons agissent au service de l’insertion ou de la réinsertion des personnes fragiles, en particulier des jeunes. Je pense notamment à notre engagement aux côtés des Apprentis d’Auteuil, de l’École de la deuxième chance ou encore l’action « Au cœur des quartiers », créée par la Fondation du Racing Club de Toulon.

• Pouvez-vous nous citer un projet emblématique mené au titre du mécénat territorial pour répondre aux enjeux de votre région ?

Tout à fait. Nous avons soutenu le projet de création d’un point d’accueil pour les personnes sans domicile fixe ou vulnérables, porté par la Fondation Hôpital Saint-Joseph, à Marseille. Ce local permet à celles et à ceux qui n’ont pas de logement un accès à des sanitaires et à une laverie. Il propose également une aide aux démarches administratives et à la recherche de logement. De nombreux travailleurs pauvres, qui vivent dans leur voiture, s’y rendent quotidiennement. Ce lieu est essentiel pour des raisons sanitaires évidentes mais aussi en termes d’estime de soi. Le voir fonctionner en vitesse de croisière au service de celles et de ceux qui en ont besoin est une grande fierté pour nous.

Nous intervenons bien évidemment aussi beaucoup dans les zones rurales, je pense notamment à un projet de jardins solidaires dans les Hautes-Alpes avec l’association De la graine à l’assiette. 

Enfin, nous répondons présents dans les situations d’urgence, comme après la tempête meurtrière Alex, qui a frappé de plein fouet le département des Alpes Maritimes en octobre 2020. Nous avons monté en 24 heures une action visant à financer les équipements de la Sécurité civile. 

Grâce à son effet de levier, le mécénat territorial joue un rôle de catalyseur pour faire naître et grandir tous les projets que nous soutenons. À ce propos, je suis, à titre personnel, très attaché à l’implication des salariés d’EDF dans toutes les actions de la Fondation. C’est une spécificité qui nous permet de mobiliser des moyens humains en plus des moyens financiers. Pour faciliter la mise en relation de nos salariés aspirant à s’engager avec des associations recherchant des bénévoles, nous avons créé, avec les collègues de la région Auvergne-Rhône-Alpes, la plateforme Human Pacte. En se connectant, les collaboratrices et collaborateurs peuvent donner aux associations de leur choix du temps et/ou des compétences. Née durant la crise sanitaire, cette plateforme collaborative s’est beaucoup développée sur nos deux régions, puis au niveau national, afin que toutes les bonnes volontés internes puissent se concrétiser au service des associations porteuses de projet.

« Grâce au mécénat territorial, nous avons les moyens, financiers et humains, de relever, aux côtes des acteurs de proximité, les défis environnementaux et sociétaux de notre région »