[INTERVIEW] Alexandre Perra : « Nous aidons à construire un avenir durable en donnant sa chance à chacun »

• Quelques jours après votre prise de fonction à la tête de la Fondation groupe EDF, dans quel état d’esprit êtes-vous ?

Je suis heureux et déterminé ! Heureux d’apporter ma pierre à l’intérêt général. Et déterminé à le faire avec efficacité. Aux côtés des autres acteurs que sont l’État, les collectivités territoriales, les associations et les citoyens, je suis convaincu que les fondations d’entreprise ont un rôle crucial à jouer pour « réparer » notre société de plus en plus fragmentée et la faire progresser. La Fondation groupe EDF est investie au service d’une cause qui me tient personnellement beaucoup à cœur : l’éducation au sens large. Je ressens un très fort sentiment d’injustice devant le sort de nombreux jeunes ou moins jeunes qui voient leur horizon limité par trop de freins : financiers bien sûr, mais aussi sociaux, culturels, géographiques, et même physiques, pour celles et ceux qui se trouvent en situation de handicap. À la place qui est la nôtre, avec nos moyens et notre énergie, nous pouvons aider à lever ces freins afin que chacun puisse se réaliser, en exprimant tout son potentiel. C’est absolument motivant. 

Étant moi-même issu d’un milieu populaire, j’ai eu la chance de pouvoir dépasser les entraves d’un faible capital social et culturel initial, grâce à des rencontres avec des enseignants, des associations, des mentors, qui ont cru en moi et m’ont donné ma chance.

J’arrive à une étape de ma vie professionnelle où j’ai l’opportunité de rendre ce qui m’a été donné. Pour moi, c’est un juste retour des choses. 

• La Fondation groupe EDF est engagée de longue date au service de l’éducation. Comment envisagez-vous son action dans ce domaine ?

Nous prenons le terme d’éducation au sens premier, celui qui en fait une clé de l’émancipation, nécessaire à l’action sur le plan individuel comme sur le plan collectif. C’est l’éducation qui permet de devenir soi, en s’affranchissant des limites reçues ou imposées. C’est aussi grâce à l’éducation qu’une société progresse collectivement et fait mieux face aux problèmes du monde. Et c’est encore l’éducation qui rend le passage à l’action possible, notamment sur le plan environnemental.

Dans le champ de la scolarité et plus largement de la formation, nous soutenons donc des associations qui redonnent à chacun sa chance pour l’amener à utiliser tout son potentiel.

Et puis s’émanciper, c’est aussi réussir à penser collectivement les grands sujets de société. C’est tout le sens de l’implication de la Fondation dans le domaine culturel. Nos expositions ouvertes à tous invitent toujours à réfléchir aux enjeux de notre monde, tels que le changement climatique, pour s’affranchir du « prêt à penser » et mieux se mettre en mouvement, collectivement. 

Enfin, pour construire un avenir neutre en carbone et créer un monde plus juste et plus responsable, il faut sensibiliser, informer et inciter à passer à l’action. D’où notre soutien aux projets écocitoyens, qui constitue notre troisième « terrain » d’intervention. 

« Nous voulons contribuer à rendre chacun maître de son propre avenir et acteur d’un projet de société collectif. »

Alexandre Perra, délégué général de la Fondation groupe EDF

• Quelles sont vos premières priorités en tant que délégué général ?

Ma toute première priorité est d’installer le nouveau mandat de la Fondation dans son écosystème, en rendant son rôle et ses actions lisibles, pour faciliter le travail du monde associatif. 

Je pense aussi beaucoup en termes d’impact. Nous ne pouvons pas agir sur tous les fronts. Pour être efficace, il nous faut nous concentrer là où nous sommes le plus légitime et avons le plus à apporter. Notre Fondation fonctionne en synergie avec le reste du Groupe pour donner aux actions menées par les associations que nous soutenons un maximum d’impact, en leur apportant bien plus qu’un soutien financier. Les associations que nous encourageons trouvent chez EDF une vraie mobilisation des salariés, au travers du bénévolat, du mentorat et du mécénat de compétences. Nous avons la spécificité d’être présents dans tous les territoires en France et bénéficions d’une bonne empreinte internationale avec des correspondants mécénat et des salariés engagés. Cela démultiplie la portée des associations en déployant leurs actions à grande échelle. Et parce que le Groupe a un réseau de partenaires industriels allant bien au-delà des secteurs de l’énergie, nous pouvons élargir le champ des possibles pour nos bénéficiaires et faire œuvre d’intérêt général. 

Ensuite, il nous faut explorer de nouvelles formes de collaborations avec d’autres fondations, pour qu’ensemble nous ayons plus d’impact. Il y a un enjeu à rendre la philanthropie plus systémique : palier les manques ou rétablir une égalité des chances n’est pas suffisant. Il faut contribuer à faire évoluer les choses en profondeur, en s’attaquant à la racine des problèmes qu’on entend résoudre.

• Pour conclure : en cette période de vœux, que pouvons-nous souhaiter à la Fondation pour 2024 ?

Nous organisons à partir du 17 janvier une exposition sur le thème de la sobriété intitulée « Demain est annulé ». Elle invite tous les publics à découvrir ce thème de à travers le regard d’artistes contemporains. Au-delà du caractère nécessaire de la sobriété, nous posons la question de sa désirabilité. Cette exposition, qui dessine un nouveau chemin pour nos sociétés et les citoyens donne le ton des projets que nous voulons porter et défendre à la Fondation, en démontrant la cohérence de nos actions. J’y suis très attaché et puisque nous parlons de souhaits pour la nouvelle année, je fais le vœu qu’elle rencontre tout le succès qu’elle mérite. J’invite tous les lecteurs et les lectrices de Carenews à la découvrir.   

« Nos expositions sont conçues pour aider chaque visiteur à s’affranchir des idées toutes faites pour penser par lui-même. »

Alexandre Perra, délégué général de la Fondation groupe EDF