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Par Carenews PRO - Publié le 17 octobre 2018 - 10:05 - Mise à jour le 19 octobre 2018 - 08:13
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[TRIBUNE] S’engager pour le bien commun : une réalité pour 22 M de Français

Les Français sont champions du pessimisme. On connaît tous l'antienne. Seraient-ils également désengagés, car inquiets du futur et démoralisés ? Non, répond Nils Pedersen. Dans cette tribune, le président de La Fonda, le laboratoire d'idées au service du monde associatif, montre, chiffres à l'appui, que l'implication bénévole des Français n'a jamais été aussi forte. 22 millions de bénévoles ont donné de leur temps pour une cause philanthropique. Entre actions individuelles et collectives et mouvements solidaires, l'engagement des Français connaît une grande mutation.

[TRIBUNE] S’engager pour le bien commun : une réalité pour 22 M de Français
[TRIBUNE] S’engager pour le bien commun : une réalité pour 22 M de Français

 

 

Pessimistes et défaitistes, les Français ? Les enquêtes d’opinions se succèdent et se ressemblent tristement. 65 % d’entre eux se déclarent inquiets, voire en colère (50 %). Plus d’un Français sur deux augure que la situation économique du pays va se dégrader dans les 12 prochains moins et seuls 9 % ont le sentiment que le contexte économique va s’éclaircir au cours de l’année qui vient. Quant à la mondialisation, elle est perçue comme une menace pour 61 % des sondés (More in Common, Les Français et leurs Perceptions de l'Immigration, des Réfugiés et de l'Identité, juillet 2017).

 

Dans ce contexte plus que morose, les Français font-ils confiance aux partis politiques pour dessiner la société de demain ? Non, répondent-ils à plus de 89 % ! Aux syndicats ? Seuls 39 % des Français leurs accordent du crédit ! Aux médias ? Encore moins, avec 26 % de taux de confiance. Il y a pourtant des acteurs auxquels les Français accordent leur confiance : les entreprises (59 %), les Maires (53 %), les collectivités locales (72 %) et les associations (55 %). Autant d’acteurs de proximité avec lesquels les Français sont en relations directes et immédiates (Baromètre de la confiance 2018, Comité de la Charte – Kantar Sofres).

 

Avec une telle défiance envers les partis politiques (qui se traduit par une baisse continue des dons : de 402 000 donateurs en 2013 à 291 000 en 2016 [Panorama national des générosités 2018, Observatoire de la philanthropie – Fondation de France] et une abstention record : 50 % des inscrits se sont abstenus à au moins un tour des élections en 2017 [La participation électorale en 2017, Insee]), et une chute du taux de syndicalisation (de 22 % à moins de 8 % [Taux de syndicalisation dans les pays de l’UE – OCDE 2015]), il serait tentant de croire que l’engagement associatif a tout autant reculé. En effet, ces deux piliers démocratiques (articles 4 et 34 de notre Constitution), ferments traditionnels de la cohésion sociale qui s’affaissent, ont laissé dire aux Cassandres médiatiques que la société française se recroqueville sur elle-même, pour céder à un individualisme et à un égoïsme latents, renforcés par le tsunami du numérique.

 

Pourtant, il n’en est rien ! La France s’engage, avec force et constance. Entre 2002 et 2017, le bénévolat a bondi de plus de 83 % : 22 millions de bénévoles de plus de 18 ans ont ainsi donné entre une heure et plus de 100 heures de leur temps à un projet associatif (Lionel Prouteau, Le bénévolat en France en 2017). Aussi, plus de 43 % de la population française est-elle engagée dans une action associative. Et encore, ce chiffre ne tient-il compte que du bénévolat stricto sensu, c’est-à-dire d’un engagement librement consenti pour mener une action en direction d’autrui, non soumis à aucune obligation et hors du temps professionnel ou familial (Marie-Thérèse Cheroutre). Engagement bénévole plus que conséquent, car il représente plus de 1,3 million d’équivalents temps plein travaillé (quand on sait que le secteur associatif emploie à lui seul 1,8 million de salariés, soit 10 % de l’emploi en France). Cette confiance dans les associations (et fondations) se vérifie dans les dons que les Français leur font chaque année : 70 % de croissance des dons individuels aux acteurs de l’intérêt général entre 2006 et 2015 et plus de 7,5 milliards de dons au total en 2017 (Panorama national des générosités 2018).

 

Signes qui ne trompent pas, c’est la défense des causes, des droits et des intérêts, mais aussi les activités dans le domaine du sport, de la culture et des loisirs qui mobilisent plus de la moitié de bénévoles ; autant de domaines d’actions qui constituent le vivre-ensemble. Les associations (et fondations) qui font appel à la générosité du public ont acquis une légitimité forte dans chacun de leur domaine d’intervention : 54 % des Français font confiance aux associations qui agissent dans la lutte contre la pauvreté (contre 33 % pour l’État), 50 % aux associations qui agissent en faveur de l’accompagnement des réfugiés et des demandeurs d’asile (contre 31 % pour l‘État), ou encore de l’accompagnement aux personnes malades ou handicapées (51 % versus 39%) (Baromètre de la confiance 2018). Les Français jugent de manière unanime que les associations permettent de créer du lien social (90 %) et qu’elles jouent un rôle indispensable pour la société (86 %) (Baromètre Les Ffrançais et l’action associative 2018).

Et la relève est assurée ! Si 8 jeunes sur 10 s’intéressent à la politique, mais s’en méfient (Observatoire de l'Engagement des Jeunes, L’engagement politique 2014), 44 % des élèves de Terminale se sont engagés bénévolement dans une association (Engagement citoyen des lycées, CNESCO 2018). Quant au service civique, il a accueilli près de 125 000 jeunes en 2017 (plus de 260 000 jeunes volontaires depuis 2010) ( Agence du service civique, Rapport d’activité 2017).

 

Cet engouement associatif tord le cou à l’individualisation rampante qui menacerait notre société. L’appartenance au collectif est simplement en train de muter. L’association offre ainsi un cadre idoine aux libertés individuelles qui peuvent s’exprimer indépendamment de l’âge, du sexe, de la condition sociale, des expériences… Comme le souligne le Conseil d’État : « Une nouvelle citoyenneté du quotidien, faite d’engagement et de solidarité, renoue avec une dimension fondamentale de la citoyenneté : l’exemplarité par l’action. Être citoyen, c’est d’abord s’engager au service du bien commun dans la vie quotidienne. » (La citoyenneté - être (un) citoyen aujourd’hui, Conseil d’État 2018)

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