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Par Yann Peyrat - Publié le 23 juillet 2014 - 15:21 - Mise à jour le 11 février 2015 - 13:43
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Le récit exceptionnel de Yann au challenge Roth 2014

Dans ce récit poignant Yann nous fait revivre de son expérience hors du commun au cours laquelle il est allé au bout de lui-même dans cette course titanesque qu'est le challenge Roth. Yann nous relate comment il a su trouver la motivation nécessaire pour se dépasser et réaliser cette course exceptionnelle avec toujours à l'esprit son combat la cause d' Enfance et Cancer.

Le récit exceptionnel de Yann au challenge Roth 2014
Le récit exceptionnel de Yann au challenge Roth 2014

Arrivé jeudi à Nuremberg, après 8h de route. Premier constat, il fait chaud, très chaud, 35 degrés. Vendredi matin, le réveil se fait facilement, pas de stress, on part à Roth pour récupérer mon dossard et flâner sur le parc. Seul problème, il fait toujours aussi chaud, si ce n est plus qu’hier donc je décide de récupérer rapidement mon dossard et de ne pas trop traîner sur le parc, ne pas flaner dans les nombreux stands. On prend le repas près du parc à l’ombre, des pâtes bien-sûr.

Retour à l’hôtel pour une petite sieste et ensuite dîner dans la ville de Nuremberg. Le serveur du restaurant, le chambre sur la victoire de l’Allemagne contre nous en coupe du monde avec un p'tit 0-1 à côté de la note... Samedi, c est le jour où il faut poser le vélo au parc, je décide de me lever à 7h pour faire un footing de 30 minutes à jeun.

Direction le parc à vélo vers midi, il fait encore plus chaud que la veille. Je décide de ne pas m’éterniser non plus, on mange des pâtes sur place, je pose mon vélo et ensuite direction l’hôtel pour ne pas prendre trop chaud.

 

Dimanche :

Réveil a 3h45, j’ai du dormir 4 heures mais je me sens bien. J’avale mon muesli et ma banane avec un petit café. Départ à 4h30, 30 minutes plus tard nous voilà à Hilpostein, il est 5 h du matin le jour se lève mais le parc est déjà bondé de coureurs et de spectateurs. Je retourne voir mon vélo, je gonfle mes pneus que j’avais dégonflé la veille pour éviter que la chambre à air éclate à cause de la chaleur. 5h30, tout est près seulement je pars dans 2h, l’attente va être longue, très longue.

  • 6h30, le départ des pros est donné, les différents groupes vont suivre. 7h15: je commence à mettre ma combinaison de natation, petit échauffement, pas important, je prévois de partir doucement et d’augmenter le rythme, comme à l’entraînement.
  • 7h40 : Un an de préparation: 250 km de natation, 4000 en vélo, 1700 à pied mais ça y est je suis dans l’eau avec mon groupe de départ, pas de stress, la natation c’est ce que je maîtrise le plus je sais que ça va le faire. Le coup de canon retentit. Il n y a pas trop de monde autour de moi alors je pose ma nage tout de suite, repsiration en deux temps. Je prend au plus cours, le long des bouées, comme d’habitude.  Je nage sereinement, j ai envie d’envoyer la sauce mais je me retiens la journée va être longue, alors je gère. Sorti de l’eau en 1h11, pas entamé du tout. Je récupère en marchant, avec mon sac de vélo et file dans la tente me changer. Je récupère mon vélo et c’est parti pour 180km.  
  •  Je ne vise pas un record sur la distance, alors je gère, ne pas dépasser 140 pulsations sur le cardio. Je m’y tiens. Il y a du monde partout sur la route, c’est génial. Première grosse côte au 40ième km, c est pas encore solar mais il y a plein de monde, on se croirait sur le tour, les gens vous touchent et vous crient dans les oreilles, la sono passe I will survive, et là le serveur de Nuremberg: « tu la connais celle là?! »Bref je fredonne l’air, ça me donne des ailes.
  • 50 km le premier pro me double, une fusée.
  • 53km , quatre pros me double en même temps, il y a Sylvain Sudrie, je m’ose un petit "Allez Sylvain", il fait un p'tit geste du doigt, sympa. La chaleur commence à se faire sentir. Je m’hydrate un max, je mange régulièrement comme prévu et testé à l’entraînement. Voila Solarberg (si on s'inscrit à Roth c'est pour cette montée) qui arrive, un truc de fou, juste la place pour un coureur (on se croirait au Tour de France), je suis derrière une concurrente qui ne monte pas très vite, mais vu le monde impossible de la doubler, pas la place pour deux concurrents, alors je me cale derrière elle et je profite de ce moment magique, on vous touche, on vous pousse, on vous crie dans les oreilles: j'avais lu plusieurs commentaires sur cette montée mais à vivre c'est incroyable. Le 1er tour se termine, les nuages arrivent, j’en profite pour accélérer un p'tit peu le rythme. Il fait moins chaud.
  • 130km, le soleil revient il fait encore plus chaud qu’avant ça devient difficile.
  • 150e, il y a des concurrents allongés sous les arbres, des ambulances sur le bord de la route, on se croirait à Doussard un mois et demi plus tôt. Je ne veux pas me faire avoir comme à Doussard, alors je ralentis, je m’hydrate et je mange. La chaleur commence quand même à se faire sentir, il est temps que le vélo s’arrête.
  • 180e (en 6h34), c est bon je vais pouvoir descendre du vélo. Je me sens un peu pris par la chaleur mais je me dis que ça va aller. J'ai bu 6 bidons, jamais bu autant sur le vélo.
  • Je prends le temps de me changer intégralement dans la tente et de me ravitailler en pastèque. Et à la sortie de la tente mes supporters sont là, avec deux surprises (deux collègues de travail). Je donne le change mais je sens au fond de moi que ça va pas si bien. Je commence à trottiner, les jambes sont un peu lourdes.
  • Les 3 premiers km passent, j’arrive encore à courir mais après c’est une autre histoire...
  • Du 4 au 24e, il m’est impossible de courir: dès que je commence à courir je vomis, tout le sucré que j’ai pris ressort petit à petit. Alors je marche, une seule obsession avancer en marchant,en rampant peu importe je dois avancer.
  • 15e km les douleurs au ventre s’intensifient, je me plie en 4 pour tout ressortir. Je suis au fond du trou au 18e km, allongé au sol en rendant tout ce que j’ai dans l’estomac. Un bénévole m’aide à me relever et me demande si ça va, je lui dit "it's good" (je deviens bilingue quand je fais du sport !! ).
  • Je reprend ma marche, je pense fort, très fort à la collecte mise en place pour l’Association Enfance et Cancer, à mon papa qui me regarde la haut, à mes supporters et à moi, j ai pas passé autant de temps à m’entraîner pour laisser tomber, pourtant l’envie d’abandonner est plus que présente. Une négociation s’entame entre moi et moi. Pendant ce temps je continue de marcher. 

    « Vous pouvez abandonner quand vous voulez, personne ne s'en souciera. Mais vous le saurez pour le reste de votre vie. »

    — John Collins. Co-fondateur de l'Ironman.

  • Au 20e km, je découvre qu’il y a de la soupe au ravitaillement, voilà la première chose qu’il me faut: du salé. Pas de rejet, je peux courir 200 mètres sans avoir envie de tout ressortir.
  • 21e km, ça fait 3h30 que je suis parti du parc à vélo. C’est pas possible j’arriverais pas à temps.
  • 22e km, mon Sauveur, Tonny, mon petit frère, 16 ans. Je vois à sa tête que je dois pas être beau à voir. Il me pousse, m’encourage, me brasse quand je lui dit que je peux plus. Il court avec moi, il m’a redonné la force de courir, 1 km sans m’arrêter c’est un exploit, je remarche de temps en temps puis je recours etc... Je prends de la soupe à chaque ravitaillement, de la bière sans alcool au 29e km. Je croise Michèle, du pays de Gex avec qui  j’ai fait connaissance au 14e km. Elle a l’air d’aller pas trop mal, mieux que moi en tout cas même si elle peut pas courir. Tonny continue de courir avec moi, il me pousse toujours autant, je marche toujours autant mais j’avance. Les vomissements ont cessé je cours parfois à 9 km/h, un escargot.
  • 36, 37, 38, 39, 40 . Plus que deux km on va y arriver ( je dis on parce que sans Tonny j’en serais pas là...)
  • 41, allez encore 1 km, j’ai mal partout, j’ai faim, j’ai soif... Plus que 300m j’aperçois le stade d’arrivée, je remonte la fermeture de mon t-shirt, je remets ma casquette, mes lunettes...
  • Nous entrons dans le stade, je tape dans les mains de mes supporters, le stade est plein a craqué nous sommes que deux sur la piste Tonny et moi, le public nous applaudit, on les applaudit en retour, c’est génial ! C est inimaginable !!
  • La ligne d’arrivée est là, j’y ai pensé très fort pendant 6h30, le temps qu’il m’aura fallu pour faire les 42 km... C est indescriptible, j’embrasse mon frère pour la centième fois, juste avant la ligne... Nous la franchissons ensemble, c est magique !!! J’ai souffert plus que de raison pendant cette course, plus que mon corps pouvait le supporter mais j’ai été au bout.  Je me suis rapproché de mon frère comme jamais j’aurais pu le faire. Tu es un grand Tonny, et moi un Ironman.
  •  
  • « Swim 2.4 miles! Bike 112 miles! Run 26.2 miles! Brag for the rest of your life!  » « Nagez 3,8 km ! Roulez 180 km ! Courez 42 km ! Vantez-vous pour le reste de votre vie ! » 
  •                            — John Collins. Co-fondateur de l'Ironman.

C’était une journée difficile, il faut que je règle mon problème d’alimentation si je veux un jour me représenter sur une distance aussi longue. Lundi matin, tout va bien, un peu KO mais les jambes vont bien. Le physique était prêt pour la distance, pas mon estomac. Je ne quitte plus ma médaille.

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