Grenelle des violences conjugales : « Une déception aussi immense que les attentes » pour les associations
Le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé ce 25 novembre les mesures retenues par le gouvernement à l’issue du Grenelle des violences conjugales. Pour les associations, le compte n’y est pas. Elles déplorent notamment un budget largement insuffisant et des annonces correspondant à des mesures déjà existantes.
« C’est le regard de toute une société qui doit changer. » Ce 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé les mesures retenues à l'issue du Grenelle des violences conjugales.
Après que la barre des 100 féminicides a été franchie cet été, Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'égalité femmes-hommes, a annoncé la tenue d’un Grenelle. Organisé autour de onze groupes de travail thématiques, il s’est conclu à peine 48 heures après les manifestations contre les violences sexuelles et sexistes organisées en France par le collectif féministe #NousToutes ce 23 novembre.
Une enveloppe de 360 millions d’euros
Le gouvernement, et en particulier Marlène Schiappa, avait annoncé certaines mesures en amont de la clôture de ce Grenelle. Parmi elles, la réquisition des armes à feu d’un homme violent « dès la première plainte », ainsi que l’élaboration d’une grille d’évaluation du danger destinée aux gendarmes et aux policiers qui accueillent les femmes victimes.
Education, protection des victimes, suivi des auteurs de violences, moyens financiers… Ce lundi, Édouard Philippe a annoncé la totalité des mesures, qui seront ensuite défendues à l’Assemblée. Le budget 2020 consacré à la lutte contre les violences faites aux femmes, de 360 millions d’euros, a notamment été confirmé. La notion d’« emprise » psychologique, qui « prépare souvent la violence physique », a expliqué le Premier ministre, va par ailleurs être inscrite dans le code pénal et civil.
Édouard Philippe a également confirmé que les règles régissant le secret médical seraient aménagées, afin que les professionnels de santé puissent signaler plus facilement les « cas d’urgence absolue où il existe un risque sérieux de renouvellement de violence ».
« Les mesures annoncées ne sont pas suffisantes »
Le compte n’y est pas pour les associations et collectifs féministes qui fondaient de grandes espoirs sur ce Grenelle. Dans un communiqué commun, la Fondation des Femmes, le Planning Familial et six autres associations saluent « une prise de conscience salutaire », et notamment la correction d’« aberrations » telles que l’obligation alimentaire pour les enfants envers un parent meurtrier. Elles estiment toutefois que les annonces sont insuffisantes face à l’ampleur et la gravité du phénomène et la saturation des associations. Pour #NousToutes, « la déception est à la hauteur de l’immense attente soulevée ces derniers mois ». Le collectif déplore un budget identique à celui de 2019, ainsi que l’annonce de nombreuses mesures déjà existantes, comme l’a également souligné l’association Osez le féminisme ! :
« La formation des enseignant.e.s sur la question des violences sexistes est prévue dans la loi depuis 2010. L’interdiction pour le juge de proposer une médiation entre un conjoint violent et sa victime est obligatoire depuis la ratification par la France de la Convention d’Istanbul en 2014. Même la grille d’évaluation mise à disposition des commissariats et censée aider les forces de polices à prendre en charge les victimes correctement n’est pas une nouveauté… »
[ACTION] Les annonces de clôture du Grenelle sont une immense déception. En réaction, #NousToutes organise un rassemblement à Paris ce soir pour exprimer notre colère. RDV à 18h au métro Varenne ⁰⁰ Inscrivez-vous : https://t.co/BOiL2S85Us Venez https://t.co/eBaGSelc4a ! pic.twitter.com/Toj4P9fQoC
— #NousToutes (@NousToutesOrg) November 25, 2019
Mélissa Perraudeau