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Par Carenews PRO - Publié le 8 janvier 2015 - 16:05 - Mise à jour le 11 février 2015 - 14:02
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JeSuisCharlie. NousSommesCharlie.

Aux familles et aux proches des victimes. A la rédaction de Charlie Hebdo. A la liberté.

JeSuisCharlie. NousSommesCharlie.
JeSuisCharlie. NousSommesCharlie.

Il n'y a pas de mots. Nous en écrirons pourtant des millions.

 

Ce soir, des familles et des proches sont endeuillés. Qu'ils sachent notre soutien. Et que nous pensons à eux.

 

Une profession est sous le choc. La France a mis ses drapeaux en berne. 

Le monde a peur. Le monde est fou. 

 

Si je vous écris aujourd’hui, c’est pour vous apporter un fragment de moi. C’est pour que leurs proches sachent qu’à la vie ou à la mort, d’un coup de crayon ou de fusil, des vies ont changé. Et que dans leur douleur, ils peuvent être fiers du sacrifice à la liberté qui vient d’être perpétré. Nous rirons encore. Et debout. À lutter avec ses mots et son art contre les maux des fusils, on ne gagne pas en face-à-face, pas tout de suite … mais on éduque, on informe et on rend à la vérité ses habits de noblesse dans la pérennité.

 

Je ne suis pas une lectrice de Charlie Hebdo et je ne prétends à aucun militantisme. J'ai peu d'opinions mais beaucoup de convictions.

 

J'ai toujours voulu écrire, encouragée et oppressée, tout à la fois, par le talent et l'aisance des autres, par une famille marquée par le discours... Ce n'est que depuis peu que, timidement, tout en retenue, je trace des mouillettes de ma plume hésitante, s'affirmant toutefois, tous les jours un peu plus. Parce que souvent, je ne me positionne pas dans mes écrits. Je dis en riant que j'ai une écriture de Normand. Sans doute, l'humour traduit là le malaise et, n'ayons pour une fois pas peur des mots, une grosse trouille. Et pourtant, j'écris sur le bien, sur l'engagement et ses vertus. Rien qui, en apparence, ne mérite des tergiversations. Et elle m'interroge pourtant, cette épine dorsale propre à l'encre des mots. Cette limite et ces nuances, qui nous font passer de l'objectif au subjectif, du timide à l'éclat, de l'énonciation au choix.

 

Il y a une phrase de Théophile Gautier que j'emploie souvent pour me décrire : "Je suis de ceux pour qui le superflu est nécessaire". Parce que le superflu, pour beaucoup, est lié à la forme : le verbe, l'art, l'apparence. Les dessins, les caricatures, les articles, la culture, sont des nécessités qui n'en ont pas l'air. Et ce qui n'a pas l'air d'être ce qu'il est, c'est précisément le paradoxe le plus fécond.

Parce que l'on se trompe sur ce qui est indispensable et sur ce qui ne l'est pas. Et que j'aime en jouer. 

 

Je suis fière d'être française, pas par patriotisme ou par nationalisme. Mais parce que je suis du pays des droits de l'homme, de la liberté, et de l'école gratuite, laïque et républicaine. Parce que j’ai eu la chance d'apprendre à écrire, à penser, à lire, à regarder, à rire et à toujours grandir.

 

Je travaille depuis peu pour un média dédié au monde associatif, au mécénat et à l'engagement citoyen. Nous écrivons, nous relayons. Sur ce site, des centaines d'associations s'expriment. Des journalistes aussi. 

Parmi ceux que je considère comme des confrères et des collègues, qu'ils s'engagent dans le secteur non-lucratif ou par leur plume, il en est qui connaissent des dangers que je ne connaîtrai jamais que par eux. Il y a la guerre, les crimes, la famine, la maladie, les inégalités et tout ce qui ne tourne pas rond sur cette Terre qui continue, malgré tout, sa rotation. Certains ont des vies périlleuses, parce que nous vivons dans une époque où faire le bien, même en le faisant bien, peut attirer le mal. 

Nous nous accrochons à ne pas tomber dans les extrêmes, à rester objectifs, neutres. À dire plutôt que dénoncer, à l'information plutôt qu'à la propagande. Parce que protéger cet espace, c'est garder la liberté de tous. Et que cette liberté d'opinion, de pensée et d'expression, c'est ce en quoi je crois farouchement. Sans le panache de Charlie et des autres, avec beaucoup de modestie, nous réfléchissons beaucoup à cet avenir de média. Aux responsabilités. À l'indépendance. Aux mots.

 

Quand on perce une cartouche d'encre sur un buvard, la tache est impressionnante. Elle diminue, se patine avec le temps... Mais elle reste. Et réapparaît à la moindre goutte d'eau. Comme une éponge qui se gonflera chaque fois que l'on mutilera la liberté. 

 

Malgré eux, qui qu'ils soient, quelles que soient leurs ineptes motivations, ceux qui ont commis l'indicible ont mis en lumière ce qui germait depuis trop longtemps en France et ailleurs. Ils ont, par ce crime, renforcé la veille incandescente de toutes nos consciences. Rien n'y pourra désormais changer.

 

Parce qu'aujourd'hui a aussi été frappé ce que je ne soupçonnais pas en moi.

Parce que ce drame a attisé ce qui se cachait derrière mon superflu, irrémédiablement.

 

JeSuisCharlie, NousSommesCharlie.

 

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