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Par Carenews INFO - Publié le 7 mai 2015 - 08:45 - Mise à jour le 22 mai 2015 - 11:32
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Reportages sur France 24 : la marchandisation de la solidarité

Invité sur le plateau d’Ali Laidi sur France 24, le 12 Avril dernier, Jean-Claude Boual président du Collectif des Associations Citoyennes, était interrogé sur la valeur qu’il accorde à l’investissement des entreprises dans des causes humanitaires ainsi sur l’action des entrepreneurs sociaux.

Reportages sur France 24 : la marchandisation de la solidarité
Reportages sur France 24 : la marchandisation de la solidarité

Le premier reportage de Marlène Haberard sur l’implication de Danone pour la plantation d’arbres au Guatemala via le Fonds Livelihoods amenait donc la question de l’engagement humanitaire ou, comme c’est le cas ici, environnemental d’une multinationale. Pour la reforestation au Guatemala et aider ainsi à la préservation de la biodiversité, Danone a engagé 2,5 millions d’euros pour le projet qui permet également à 12 000 habitants d’augmenter leurs revenus en travaillant au plantage des arbres. Cette action, outre le bénéfice pour l’image de la marque, permet à Danone d’obtenir des « crédits carbone ». Ces crédits compensent l’empreinte écologique laissée par l’entreprise du fait de son activité. Ils sont certifiés par des auditeurs indépendants pour ensuite être redistribués aux entreprises membres du Fonds et participant à l’action.

L’attitude des entreprises de chercher coûte que coûte à retirer un avantage plus que seulement honorifique agace Jean-Claude Boual. Il comprend la nécessité pour les entreprises, dans le contexte social et environnemental actuel, de vouloir « se refaire une virginité ». Seulement il n’accepte pas le fait qu’elles cherchent quoi qu’il arrive à vouloir faire de l’argent en réalisant leurs dons. Il ne croit pas en la sincérité des entreprises qui financent des causes humanitaires alors que, dans leurs activités, elles adoptent une attitude parfois contraire à ce qu’elles défendent avec leurs dons. M. Boual souhaiterait que les entreprises puissent adopter le comportement d’un « citoyen du monde » de manière générale, pas simplement en finançant des comptes. Ce changement légitimerait davantage et rendrait plus crédible leur investissement dans des causes humanitaires.

Le second reportage présentait l’engagement des entrepreneurs sociaux. tous les mardis, un marché éphémère est organisé par « La ruche qui dit oui » à la Gaîté Lyrique. Le principe: commander par internet ses fruits et légumes frais, bios, collectés auprès de producteurs régionaux. Cette petite entreprise présente dans cinq pays européens, a pour but de « permettre à l’agriculture de se réinventer, de pouvoir retrouver de la qualité, de la proximité avec les gens pour une bonne alimentation » tout en permettant aux producteurs de « bien vivre et de continuer à produire ». C’est avec l’aide d’Ashoka, le plus grand réseau mondial d’entrepreneurs sociaux, que la ruche a pu se développer depuis quatre ans. Ashoka a accompagné 3 000 entrepreneurs dans 80 pays différents. Son budget lui permet également parfois de financer certains projets. L’idée de cette organisation est de tenter d’améliorer certains problèmes sociaux grâce au système économique, au marché qui permet d’assurer à une action sociale sa réalisation pérenne sur le terrain. Selon la responsable communication d’Ashoka France, « il ne faut pas du tout diaboliser le onde de l’entreprise, ni idéaliser le monde des ONG » mais plutôt tenter de « trouver des solutions communes ».

Pour Jean-Claude Boual, l’entreprenariat social n’est pas une solution valable car elle touche une minorité qui ne peut contrer les inégalités grandissantes produites par le marché. Selon lui l’entreprise n’est pas en mesure de régler les problèmes sociaux par son action humanitaire tant qu’elle fonctionnera dans sa conception actuelle qui a pour principal objectif de verser des dividendes aux actionnaires. Le fonctionnement d’une entreprise va à l’encontre d’une quelconque idée légitime de vouloir régler les problèmes sociaux. Il critique l’action des entreprises qui veulent se placer en mécènes avec dans l’idée de toujours vouloir faire des profits. Les entreprises seraient également coupables du désintéressement de l’État en raison des avantages fiscaux qui leur sont accordés, faisant ainsi baisser les revenus de l’État et donc les budgets alloués à la solidarité, l’environnement et autres actions soutenues par les associations citoyennes. L’argent des entreprises n’est bon à prendre qui s’il est donné aux ONG sans attente d’aucun retour ou lorsqu’il provient d’entreprises qui n’ont pas d’actionnaires et qui ne placent donc pas le bénéfice au cœur de leur politique.

Il n’est certes pas de société idéale mais, à une époque où le mécénat attire de plus en plus d’entreprises françaises et que les subventions de l’État sont en baisse, est-il nécessaire de critiquer tout engagement de multinationales sous prétexte qu’elles exigent une certaine gratification en retour? Le rôle d’une entreprise est certes de faire des profits, mais ce sont ces profits qui, aujourd’hui, leur permet d’être mécènes et de soutenir des projets pour lesquels l’État n’a plus forcément les moyens. Les entreprises sont un moteur de la société et elles deviennent un acteur essentiel dans le monde associatif, humanitaire ou culturel. Le pallier à ne pas franchir est celui d’assimiler le fonctionnement des associations, des ONG ou autres organisations d’intérêt public à celui des entreprises.

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