[SOLITUDE][CHIFFRES] 300 000 personnes âgées en situation de mort sociale
Nul besoin de mourir pour disparaître. Se retirer du monde et refuser tout contact avec l'extérieur peut arriver si facilement, surtout lorsque la vieillesse gagne du terrain petit à petit. Selon une étude des petits frères des Pauvres et du CSA parue en septembre 2017, 300 000 personnes de plus de 60 ans se trouvent en situation de mort sociale en France.
La différence entre solitude et isolement, l'exclusion numérique, liens entre précarité et isolement
Inévitable solitude...Mais évitable isolement. La première est constitutive de la condition humaine quand le deuxième est une rupture ou fragilisation anormale du lien social. Qui sont, alors, selon l'étude, ces 300 000 personnes isolées ? Le portrait robot est celui d'une femme de plus de 75 ans avec des revenus modestes. Un des grands enseignements de cette étude est le constat de l'exclusion numérique des personnes âgées. L'utilisation d'internet s'étant démocratisée ces dernières années, faisant partie du quotidien, le fait de ne jamais l'utiliser (31 % des plus de 60 ans et 68 % des plus de 85 ans) sous-tend la situation d'isolement. Autre facteur, la précarité. Malheureusement, le lien entre l'isolement et la précarité se confirme : plus les revenus sont faibles, plus les contacts sociaux se font rares et plus le sentiment de solitude s'exacerbe. Enfin, une bascule s'opère clairement à l'âge de 85 ans, et nous ne pouvons que songer à la clairvoyance de Jacques Brel :
Mourir cela n'est rien Mourir la belle affaire Mais vieillir... Ô vieillir
Comment l'isolement et la mort sociale se mesurent-t-ils ?
La Fondation étudie plusieurs critères :
- Le fait de ne pas sortir ou de peu sortir
- Le fait de ne pas avoir quelqu'un sur qui compter au quotidien (avec qui manger, à qui parler de choses intimes, à qui confier ses clés en cas de besoin...)
- Le manque d'autonomie
- Le sentiment d'être malheureux
- Le manque ou l'absence de contacts avec les quatre cercles de sociabilité (la famille, les ami·e·s, le voisinage, le travail et le réseau associatif)
Qu'est-ce que la mort sociale ?
La mort est loin de se limiter à la simple mort physique, et possède différentes formes, dont celle de la mort sociale. Phénomène sociologique mis en évidence pour la première fois par les chercheurs·euses Marie Jaboda et Hans Zeisel, elle est en fait l'illustration de la notion de rupture des liens sociaux, conduisant l'individu à être considéré comme « mort » au regard des critères de sociabilité. Plusieurs facteurs peuvent y conduire : la maladie, l'incarcération, le divorce, la retraite...