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Par Carenews INFO - Publié le 2 février 2021 - 11:30 - Mise à jour le 29 avril 2021 - 16:44 - Ecrit par : Christina Diego
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La Fondation Abbé Pierre alerte sur une crise durable pour les mal-logés

La Fondation Abbé Pierre tire la sonnette d’alarme dans son dernier rapport sur le mal-logement. Elle qualifie de « bombe à retardement » les difficultés de logement qui émergent depuis le début de la crise.

La Fondation Abbé Pierre alerte sur une crise durable pour les mal-logés. Crédit : Stephane Levy
La Fondation Abbé Pierre alerte sur une crise durable pour les mal-logés. Crédit : Stephane Levy

 

« Bombe à retardement ». « Double peine ». Ce sont ces mots, au-delà des chiffres alarmistes, qui sautent aux yeux à la lecture du 26e rapport de la Fondation Abbé Pierre sur la situation des mal-logés en France, publié ce 2 février. Après une année 2020 marquée par la crise sanitaire, sociale et économique, les personnes les plus fragiles socialement sont en passe de basculer dans une extrême précarité durable, si rien n’est fait. Les périodes de confinement, déconfinement et reconfinement ont accentué la crise du logement, déjà existante.   

Le rapport est teinté par ce qui nous arrive, nous sommes tous frappés par une crise profonde, sanitaire, sociale et économique, dont on ne mesure pas encore l’ampleur de l’onde de choc mais on sait déjà qu'elle pénalise particulièrement les plus fragiles. Des crises qui sont multiples qui se superposent et qui appellent au développement de politiques publiques renouvelées et ambitieuses » introduit Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre lors de la présentation des résultats du rapport.

 

Bombe à retardement pour les plus modestes

Les différentes enquêtes menées tout au long de l’année passée viennent confirmer l’impact indéniable de la pandémie. De nouvelles situations de mal-logement ont émergé pour les ménages ou personnes les plus modestes. Pendant le premier confinement, le rapport pointe l’émergence de conditions de vie en surpopulation et, de fait, d’un risque plus élevé de contamination au virus. Sur le plan sanitaire, les Quartiers de politique de la ville (QPV) ont subi le plus fortement les conséquences de la crise, du fait de l’infection ou des effets induits du confinement. Ainsi, d’après les données de l’enquête EpiCov, 8,2 % des habitants des quartiers prioritaires avaient été touchés par le virus en mai, contre 4,5 % de la population générale. Autre point de vigilance du rapport, le nombre de loyers impayés ne cesse d’augmenter depuis que les effets du chômage partiel et de l’arrêt de certains petits boulots (restauration, jobs étudiants, guides indépendants, etc) se sont fait sentir.  En même temps, le nombre de ménages bénéficiaires du RSA a augmenté de 10 % suite au confinement. 

 

Perception du mal-logement et l’impact de la crise de la Covid-19

Un dernier sondage IPSOS pour la Fondation Abbé Pierre, réalisé les 14 et 15 janvier dernier, nous renseigne plus précisément sur la perception du mal-logement et l’impact de la crise de la Covid-19.

Un tiers des Français a vu sa situation financière se dégrader depuis le début de la crise sanitaire. Et ce sont les personnes qui étaient, avant la crise, déjà les plus fragiles qui sont le plus fortement touchées soit 43 % des 18-24 ans et 55 % des allocataires APL.

Près de 14 % des Français ont eu des difficultés liées au logement (paiement des loyers, dégradation du logement) en 2020 et 29 % des Français expriment des craintes liées au logement pour cette nouvelle année.

Les étudiants en première ligne

Les jeunes sont particulièrement concernés. Durant le confinement, 58 % des étudiants qui exerçaient une activité ont arrêté (36 %), réduit ou changé leur activité rémunérée. Parmi les étudiants pour qui cette activité a été interrompue, seuls 27 % ont bénéficié du dispositif de chômage partiel. Parmi les étudiants ayant arrêté de travailler pendant cette période, 37 % n’ont pas repris d’activité rémunérée après le déconfinement et 13 % ont repris la même activité mais avec des horaires de travail réduits.

Dans le sondage IPSOS réalisé mi-janvier, un focus spécial jeunes a été fait. La situation financière constatée affecte davantage les 18-24 ans (43 %). Dans le détail, 20 % des jeunes ont éprouvé des difficultés à payer leur loyer et 12 % à voir leurs conditions de logement se dégrader (contre 7 % en moyenne). Face à la précarité, 20 % ont dû solliciter l’aide alimentaire. Parmi eux, les trois quarts sollicitaient cette aide pour la première fois. Enfin, plus d’un tiers d’entre eux (35 %) craint de ne pouvoir faire face aux dépenses de logement en 2021.

 


A lire aussi >> #CeuxQuiFont : interview de Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre


Double peine pour les personnes sans abri ou mal-logées 

Autre analyse tout aussi alarmiste, celle des personnes sans-abri. Dès les premiers jours du confinement de mars, le mot d'ordre était lancé : « Restez chez vous ». Or, pour les personnes « sans chez soi », vivant à la rue, la situation ne pouvait que s’aggraver. Privées de tout, elles ont vu leur quotidien basculer et n’ont pu, pour la grande majorité, assouvir leur besoins de première nécessité. Se nourrir était devenu quasi impossible, toutes les associations, accueils de jour, restaurants sociaux ont fermé. 

 

Les personnes nous disaient qu’elles n’avaient aucune information, ne savaient pas où manger. Pour la première fois, pendant le confinement, on a eu des gens qui nous disaient “j’ai faim, je ne sais pas où manger”, ce qui est très rare en France »  explique l'association La Cloche dans le rapport. 

Des restrictions qui se sont étendues aux fréquences des maraudes qui ont diminué. La perte de mendicité n’a plus permis de gagner les quelques pièces pour une boisson chaude. « Au départ il n’y avait pas de maraudes, personne n’en faisait. Pendant deux semaines il n’y avait rien. Les gens ont eu peur, les associations, la population. Donc les gens de la rue se sont retrouvés tous seuls. Il n’y avait qu’eux et moi, personne d’autre, c’est ça qui m’a fait bizarre. J’avais l’impression que c’était l’apocalypse », rapporte un bénévole de La Cloche à Marseille dans le rapport. 

Pire, l’accès à l’eau, pour boire ou se laver, était quasi inexistant. Les douches, fontaines et toilettes publiques ont fermé. L’isolement s’est accru et leurs liens avec les riverains ont disparu pendant la période de confinement stricte du printemps.

Pendant le confinement, toutes mes astuces sont tombées à l’eau : par exemple quand il fait chaud ou froid je vais dans une médiathèque jusqu’au soir, je rentre ici vers 20h, mais là ce n’était pas possible », témoigne un homme vivant en bidonville. 

 

La précarité sociale liée au logement concerne 14 620 millions de personnes

4,1 millions de personnes mal logées Dont 1,68 million de personnes privées de logement personnel Et 2,819 millions de personnes vivant dans des conditions de logements très difficiles

 

12,1 millions de personnes fragilisées par rapport au logement Dont 2,713 millions de personnes en situation d’effort financier excessif Dont 1,443 million de personnes modestes en précarité énergétique Dont 1,55 million de personnes en situation de surpeuplement modéré

*d’après le rapport sur le mal-logement de la Fondation Abbé-Pierre du 2 février 2021

 

Christina Diego 

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