La philanthropie internationale à l'heure du coronavirus [2/2]
Face à la pandémie de coronavirus Covid-19, comment les philanthropes et les entreprises se mobilisent-ils à l'international ? Dans ce deuxième volet, William Renaut recense et analyse les promesses de dons et actions en provenance d’Allemagne, d’Espagne, du Danemark, et d’Estonie.
Lire le premier volet de « La philanthropie internationale à l'heure du coronavirus »
1,3 milliard de dollars. C’est le montant total des promesses de dons pour lutter contre la pandémie de coronavirus enregistrées dans le monde. Si elles proviennent à plus de 80 % des entreprises et en majorité de Chine et des États-Unis, voyons comment le secteur de la philanthropie a réagi en Allemagne, en Espagne, au Danemark et en Estonie.
en Allemagne, les fondations s'organisent
Alors que la chancelière Angela Merkel s’impose un confinement strict après avoir été en contact avec une personne porteuse du coronavirus, les fondations allemandes s’organisent. Un fonds d’urgence a été mis en place au niveau national par la Croix-Rouge Allemande. D’autres fonds sectoriels ont également été créés : dans le domaine des associations sportives, par le Lotto Sport, ou dans celui de la culture par le Bundesverband Deutscher Stiftungen, le Centre allemand des fondations.
Des acteurs comme la Fondation Rudolf Augstein (du nom d’un célèbre journaliste allemand) ont répondu de manière rapide à la situation : la fondation a suspendu son appel à projets dans le domaine des arts pour répondre « rapidement et de façon a-bureaucratique » aux besoins urgents du secteur. L’ensemble des financements engagés peut être ré-alloué en fonction des besoins et après discussion avec les équipes de la fondation.
L'Espagne, en pointe sur les initiatives d'aide aux soignants
Dans ce pays, où l’épidémie a connu une accélération dramatique ces derniers jours, les fondations ne sont pas en reste : don du sang, exercices d’activité physique à domicile pour les personnes âgées, distribution de coupons alimentaires pour les associations d’aide aux personnes sans domicile et aux migrants… Les initiatives se multiplient. Parmi ces dernières, la Fondation des personnels soignants a renforcé son programme d’aide à domicile pour ces derniers : garde d’enfants, téléassistance 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. La Fondation Amigo, spécialisée dans la résolution de conflits entre parents et adolescents issus de milieux difficiles, propose un programme complet : structuration de la routine quotidienne en situation de quarantaine et management de l’anxiété.
Danemark, le pays des fondations actionnaires mobilisé
Plusieurs fondations du groupe Carlsberg ont fait un don de 95 millions de couronnes danoises (environ 13 millions d’euros) : 25 millions pour la recherche médicale, 25 millions pour la recherche en sciences sociales (pour étudier les comportements dans ce contexte de crise) et 10 millions pour analyser « l'épidémie, sa propagation et l'arrêt des épidémies historiques ». 30 millions iront à différents musées et 5 millions à des actions dans la société civile. Dans le même pays, la fondation du laboratoire pharmaceutique Novo Nordisk (qui détient d’ailleurs la majeure partie des parts de l’entreprise) a annoncé un don de 50 millions de couronnes (6,7 millions d’euros) pour tout type d’initiative scientifique, sociale, d'information et de sensibilisation permettant de répondre à la crise.
En Estonie, des hackathons pour lutter contre le covid-19
Pays balte de 1,3 million d’habitants, l’Estonie a reçu les honneurs de Forbes pour sa réponse à la crise. Il faut dire qu’en une semaine, ce pays est passé de zéro à 135 cas confirmés. Fidèle à sa réputation de pays le plus digitalisé du monde, c’est en ligne que la mobilisation s’est initiée avec un hackaton virtuel, Hack the Crisis. L’objectif : faire émerger des idées prototypables en 48 heures pour « aider à faire face à la crise et à bien positionner l'Estonie dans l’après ». Résultat : 1 000 participants et 30 équipes avaient déposé un projet. Et ce n’est que l’un des 25 hackathons recensés par Garage 48 (co-organisateur de l’évènement) en Lettonie, Biélorussie, Portugal, Inde, Pologne, Lituanie et Ukraine. À quand une grande mobilisation de la tech en France?
William Renaut