Lettre d’engagement de l’IÉSEG contre les violences et les discriminations : quel bilan deux ans plus tard ?

• Coline Briquet, en quoi consistait cette lettre d’engagement ?

En 2019, un groupe de travail composé de personnels administratifs, enseignants et étudiants a mené une réflexion sur les actions que l’École pourrait développer sur la prévention des violences. Notre approche a aussi été enrichie grâce à des rencontres et échanges de bonnes pratiques avec d’autres Grandes Écoles et Universités, à travers le réseau de la Conférence des Grandes Écoles et la Conférence Permanente des chargés de mission Égalité Diversité. En janvier 2020, le comité de direction a validé la feuille de route du groupe de travail, composée d’une vingtaine actions autour de 4 axes : (in)former, protéger, responsabiliser et s’engager.

Ces engagements ont été annoncés à l’ensemble de la communauté IÉSEG via une lettre d’engagement.

• Qu’est-ce que l’École a mis en place pour l’accueil de personnes en situation de violence, harcèlement ou discrimination ?

Une des priorités de l’École a été de s’engager pleinement dans la mise en place d’une cellule d’écoute pour les étudiants, composée de six Référents qui ont bénéficié d’une formation spécifique, et sous la coordination d’une référente Egalité et Prévention des violences. Une brochure d’information à destination des étudiants a aussi été créée pour donner plus de visibilité à la cellule. En parallèle, pour les collaborateurs de l’École, une référente « Lutte contre le Harcèlement sexuel et agissements sexistes » a été nommée au sein du Département des Ressources Humaines ainsi qu’au CSE.

• Que propose l’École en matière de sensibilisation et formation auprès des étudiants ?

L’IÉSEG a créé des formations sous différents formats. Depuis 2019, à l’initiative de la Fédération des Étudiants, des formations spécifiques pour les Responsables associatifs ont été mises en place. Elles portent sur le rôle qu’ils et elles peuvent jouer pour prévenir les violences sexistes et sexuelles (VSS), et le harcèlement, et aider un·e étudiant·e qui serait victime ou témoin. En septembre 2022, 200 étudiants ont ainsi suivi une formation initiale de deux heures. 20 étudiants (« cadres associatifs ») ont suivi la formation approfondie de trois heures supplémentaires pour devenir Référents VSS lors de soirées et évènements.

En parallèle, l’IÉSEG a aussi créé un module de formation en ligne (SPOC) « Prévention des Violences Sexistes et Sexuelles » de 2h30 d’activités, en français et anglais, obligatoire pour tous les étudiants de 1ʳᵉ année. Depuis 2020, près de 4 000 étudiants ont ainsi validé le module. Selon le questionnaire de satisfaction, 96 % des étudiants se disent satisfaits ou très satisfaits du SPOC, et 83 % considèrent que ce SPOC a amélioré leur connaissance sur le sujet.

L’IÉSEG souhaite aussi intégrer davantage ces thématiques au sein même des cours. Par exemple, depuis 2020, une conférence sur les violences de genre dans le marketing et la publicité a été introduit dans le cadre du cours « Consumer Behaviour » proposé dans le Master PGE Marketing, du International MBA et certains Masters Spécialisés. 400 étudiants ont déjà suivi cet atelier.

• L’École s’était engagée à modifier son règlement intérieur et certaines procédures internes. Qu’en est-il ?

L’École a effectivement révisé son règlement intérieur pour mieux intégrer la prévention des violences. Une nouvelle procédure disciplinaire propre au comportement des étudiants et prévention des violences, harcèlement et discrimination a aussi été mise en place ainsi qu’un dispositif plus performant de signalement de ces violences. Plusieurs étudiants et étudiantes ont déjà été sanctionnés par l’École (notamment des mesures de responsabilisation et des exclusions) sur la base de ces nouvelles procédures.

Conformément aux recommandations du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ainsi que du Défenseur des droits, l’IÉSEG a mis en place une procédure pour permettre aux étudiants qui le souhaitent de modifier le prénom d’usage et/ou l’identité de genre qui apparaissent sur les documents et communications internes. Cette procédure s’adresse à tout étudiant qui estime subir un préjudice et/ou qui ressent une situation de mal-être concernant son prénom. Entre janvier et septembre 2022, 4 étudiants ont déjà bénéficié de cette procédure.

• Comment les étudiants sont-ils associés et impliqués dans la prévention des violences ?

L’École encourage bien sûr ses étudiants à développer leurs propres initiatives, soit dans le cadre de cours, projets collectifs ou encore associatifs.

En septembre 2022, après un travail de 18 mois, les représentants de l’IÉSEG au BNEM ont ainsi proposé une « Charte de Responsabilité étudiante contre les violences et les discriminations », en collaboration avec des membres de la Fédération des Étudiants et des membres de l’administration. Près de 6 000 étudiants l’ont déjà signée.

Les représentants des associations étudiantes des deux campus organisent également, chaque année, « une semaine de sensibilisation » et invitent notamment une association de prévention aux VSS. À noter qu’il existe deux associations étudiantes spécialisées qui organisent aussi régulièrement des événements sur les questions d’égalité : IESEGALITE (LGBT) et WOMEN IN BUSINESS. On remarque de nombreuses initiatives étudiantes comme le Projet « M’harcèle pas » ou Projet Wonder Woman d’intervention dans des lycées, etc.

• Quels sont les prochains projets de l’IÉSEG ?

L’École a fixé trois grandes priorités pour 2023 et 2024.

À partir de 2023, l’IÉSEG souhaite renforcer la sensibilisation du personnel enseignant et administratif. La nouvelle stratégie RSE comprendra une formation obligatoire pour l’ensemble du personnel, notamment sur les questions de diversité, égalité et inclusion. Un module sera notamment proposé sur le thème « Comment réagir face à des VSS et LGBTphobies au travail ? », autour d’un jeu pédagogique créé par l’Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail « Sexisme sans façon » et un module de e-learning proposé par SOS Homophobie.

Deuxièmement, nous souhaitons mener une analyse et réflexion de certaines actions mises en place, en interrogeant nos étudiants sur leur expérience et impressions. D’après un premier sondage réalisé, nous savons par exemple que certains étudiants n’osent pas contacter la cellule d’écoute. Nous aimerions mieux analyser cette situation pour rassurer les étudiants et les encourager à ne pas s’isoler.

Enfin, comme de nombreuses Écoles et Universités, l’IÉSEG va lancer une enquête en 2023 sur les questions de discriminations, violences sexistes et sexuelles ou encore harcèlement dans le cadre des études. Nous espérons que les étudiants seront nombreux à répondre à cette enquête qui permet de mieux comprendre leurs conditions d’études et de vie étudiante.