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Par Carenews PRO - Publié le 21 décembre 2015 - 10:10 - Mise à jour le 23 décembre 2015 - 17:58
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[EDITO] Les entreprises du CAC 40 et le mécénat : la difficile transparence

Si l'on parle de plus en plus du mécénat, et de la philanthropie en général, dans les médias traditionnels et dans la presse nationale, le sujet est encore essentiellement abordé sous un angle négatif. Qu'il s'agisse de problèmes (un des mécènes du Louvre impliqué dans des catastrophes et des affaires douteuses), de suspicion d'hypocrisie de la part des entreprises mécènes qui ne seraient généreuses et solidaires que pour de mauvaises raisons, on a en France du mal à mettre en avant les aspects positifs de la démarche. Question de culture ? Sans doute un peu. Mais c'est aussi parce que les entreprises mécènes ne jouent pas toujours le jeu de l’information et ont encore un traitement péripérique du sujet.

[EDITO] Les entreprises du CAC 40 et le mécénat : la difficile transparence
[EDITO] Les entreprises du CAC 40 et le mécénat : la difficile transparence

Le mécénat n'est pas encore un sujet acquis dans les entreprises : le fait de mélanger de fait solidarité et efficacité économique (du côté des entreprises comme de celui des associations) complique son intégration dans les politiques stratégiques ainsi que son positionnement, surtout depuis qu’on accepte l’idée que l’entreprise peut voire doit obtenir des bénéfices indirects du mécénat pour que celui-ci soit pertinent.

Récemment un article du Revenu.com en posant la question « Les groupes du CAC 40 sont-ils de généreux mécènes ? » dévoilait la difficulté d’obtenir des chiffres sur leur implication dans la société civile. En effet si la moitié des entreprises contactées n’ont pas répondu à l’enquête, parmi celles qui l’ont fait les données se limitent souvent aux dotations des fondations d’entreprise, ne prenant donc pas en compte les actions de mécénat souvent menées en complément dans l’entreprise.

Le risque d’une telle attitude est de renforcer l’opinion déjà sensiblement suspicieuse du grand public à l’égard des grandes entreprises mécènes : pourquoi et comment font-elles du mécénat ? À qui vont ces financements ? Pourtant on peut souligner que cette incapacité  à communiquer sur des chiffres précis tient sans doute plus aujourd’hui d’une absence de reporting global dans les grands groupes que d’une volonté de cacher certaines choses.

La multiplication des engagements sociétaux au sein des grandes entreprises, notamment en dehors des axes d’actions des fondations d’entreprise, rend un peu complexe la lisibilité de la politique de mécénat, et donc la communication la concernant. Sa complexe intégration dans la politique RSE (responsabilité sociétale des entreprises) joue sans doute aussi, là où il est plus facile de démontrer par A + B les engagements en matière d'environnement, de prise en charge du handicap, etc.

Reste également le frein culturel qui tend à reprocher aux entreprises de donner de l’argent en période de crise et de difficultés économiques (qu’elles soient réelles ou supposées pour ces dernières). Frein que les entreprises pourraient réduire fortement en expliquant davantage leurs motivations à faire du mécénat, et ses formes, notamment en interne. Sur le fait que précisément en période de crise il est utile de pouvoir soutenir des projets permettant de réduire les inégalités. Les entreprises de taille moyenne et intermédiaire ainsi que les PME ont plus naturellement cette démarche de transparence, favorisées par leur taille.

Il y a donc un tournant à négocier dans la communication et la transparence autour du mécénat de l’entreprise : l’engagement sociétal doit être intégré dans la politique globale de l’entreprise ne serait-ce que pour être traité comme un élément de reporting important. Les montants concernés, au total près de 3 milliards d’euros par an en France, méritent que l’on puisse s’informer sur la réalité des projets soutenus. Les associations qui portent ces projets n’en seront par ailleurs que davantage prises au sérieux et considérées comme ce qu’elles sont, de véritables acteurs de notre économie, partenaires des entreprises et des pouvoirs publics.

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