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Par Carenews INFO - Publié le 30 octobre 2017 - 11:05 - Mise à jour le 3 novembre 2017 - 08:20
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[RÉFUGIÉS] [CNJ9] La nouvelle réalité de la crise migratoire

Juillet - août 2015. Des dizaines d’images d’hommes, de femmes et d’enfants traversant les Balkans et la mer Méditerranée font la une des médias. En Allemagne, une foule en liesse accueille les réfugiés syriens, irakiens ou encore afghans. Le 2 septembre, le corps du petit Aylan noyé sur une plage turque alors que sa famille tentait de rejoindre la Grèce rappelle toute l’horreur de la migration. En quelques semaines, la réalité des réfugiés et des exilés s’impose à tous. L’Europe fait alors face à la plus grande vague de migrations depuis la Seconde Guerre mondiale.

[RÉFUGIÉS] [CNJ9] La nouvelle réalité de la crise migratoire
[RÉFUGIÉS] [CNJ9] La nouvelle réalité de la crise migratoire

 

Une situation d'urgence pourtant annoncée par les experts

Depuis plusieurs mois, les signaux étaient au rouge. Les raisons de cette migration étaient prévisibles : enlisement du conflit en Syrie commencé en 2011, détérioration des conditions de vie dans les camps de réfugiés en Turquie, au Liban ou en Jordanie et dans les autres pays limitrophes qui accueillent 3,8 millions de réfugiés syriens, extension de la présence de Daesh en Irak et en Iran, attentats suicides et tensions interethniques en Afghanistan, aggravation du conflit en Libye, sans oublier la pauvreté et les dictatures des pays de la corne de l’Afrique. Autant de persécutions et de misère qui poussent des familles entières à prendre la route pour survivre et chercher refuge chez le voisin ou plus loin. Les experts l’avaient annoncé, et pourtant tout le monde semble surpris. À l’échelle du monde, c’est près de 60 millions de personnes déplacées ou réfugiées. Au niveau européen, c’est un million de migrants en 2015 : des hommes, des femmes et des enfants se retrouvent bloqués entre deux frontières, dans des campements de fortune, les pieds dans la boue, dans des camps de réfugiés ou des gymnases transformés en hébergement d’urgence.

 

Paralysie des dirigeants et mutation des migrations

Face à cette réalité, les dirigeants européens peinent à agir. De fortes divisions et des tensions diplomatiques opposent les pays. Si la Commission européenne veut imposer, avec le soutien d’Angela Merkel et de François Hollande, des quotas d’accueil à chaque pays de l’Union, les pays de l’Europe de l’Est s’y opposent avec force, ferment leurs frontières et érigent des murs. En 2016 et 2017, le nombre de réfugiés a certes fortement baissé, mais le nombre de morts et de disparus aux frontières de l’Europe, dans la mer  Méditerranée, a augmenté. Les migrants qui arrivent sont de plus en plus jeunes, de plus en plus fragilisés par leurs parcours et de plus en plus vulnérables. De nouvelles routes migratoires sont tentées malgré les risques encourus et la violence subie lors des périples.

 

Zoom sur la situation française : une crise de l'hospitalité

En France, c’est dans les Hauts-de-France et à Paris que cette réalité se rend le plus visible. Jusqu’à 10 000 personnes originaires du Soudan, d’Afghanistan, d’Irak, d’Iran ou encore d’Érythrée, vivent dans la jungle de Calais, un grand bidonville autoconstruit et autogéré avant son expulsion en novembre 2016. Au nord de Paris, dans les 18e et 19e arrondissements, ce sont plusieurs centaines de personnes qui dorment, sous tente ou à même les trottoirs, en attendant de pouvoir déposer leurs demandes d’asile et d’obtenir un hébergement d’urgence.

Ces situations ne laissent personne indifférent et interpellent les politiques, les médias, les chercheurs et les structures caritatives. Ce qui a longtemps été appelé la « crise des migrants » se révèle surtout une crise de l’asile et de l’hospitalité, une crise d’autant plus étonnante que la France a accueilli nettement moins d’exilés que ses voisins et que, par le passé, elle a su accueillir d’autres vagues importantes de réfugiés – à l’image des demandeurs d’asile yougoslaves dans les années 1960, des Espagnols et des Portugais entre 1950 et 1980 ou plus récemment des « boat people » en 1980. [Les « boat people » sont des migrants qui fuyaient le Vietnam pour des raisons politiques et économiques sur les embarcations très précaires. Souvent en surcharge et sans sécurité, ces départs ont fait de très nombreuses victimes qui ont succombées à la noyade, à la famine ou au froid. Entre 1979 et 1986, c’est plus de 150 000 personnes originaires du Vietnam qui obtiennent automatiquement le statut de réfugiés en France.] Aujourd’hui, le système d’asile, de l’avis des autorités et des associations de défense des réfugiés, est « à bout de souffle » pour reprendre les mots de Manuel Valls, en mai 2013, alors ministre de l’Intérieur. La loi du 29 juillet 2015 relative à la réforme du droit d’asile commence à porter ses fruits bien que les délais d’attente pour déposer une demande demeurent très longs et que le système d’hébergement et de mise à l’abri soit fortement saturé. [La loi transpose de nouvelles directives européennes adoptées en juin 2013 et vise à réformer en profondeur le droit d’asile, afin d’une part de renforcer les garanties des personnes ayant besoin d’une protection internationale et d’autre part de statuer rapidement sur les demandes.]

L'émergence d'une solidarité individuelle et collective

Alors que les pouvoirs publics sont plus dans une logique sécuritaire que dans une approche humanitaire, les associations d’aide aux plus démunis ou d’accompagnement des étrangers n’ont pas les moyens d’intervenir partout où cela est nécessaire. Dans ce contexte, les initiatives citoyennes, militantes, bénévoles, afin d’améliorer l’accès aux droits et les conditions de vie des migrants, prennent une place particulière. Si d’un côté on assiste à ce que certains appellent une politique d’inimitié, de l’autre on vante une solidarité citoyenne extraordinaire reposant sur l’hospitalité individuelle. Au côté des associations comme Emmaüs, Médecins du Monde, le Secours Catholique ou la Cimade, des universités et des grandes écoles ouvrent des programmes dédiés aux réfugiés, de jeunes structures voient le jour comme la startup Singa, l’association Paris d’Exils ou l’école Thot qui accompagnent les réfugiés dans tous les domaines. Il faut surtout souligner que des citoyens et des indépendants s’organisent pour venir en aide aux exilés que ce soit dans la jungle de Calais, dans les campements de Paris, dans les CAO (centres d’accueil et d’orientation) ouverts à travers la France pour désengorger Calais, auprès des mineurs à Nantes et Lille ou encore à la frontière italo-française.

Autant d’acteurs qui, au quotidien et souvent dans l’ombre, dessinent avec les exilés une nouvelle hospitalité et des nouveaux outils d’accompagnement. La solidarité individuelle et privée fait désormais pleinement partie de la réalité des réfugiés et de la route des migrants.  

 

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Semaine thématique réalisée avec le soutien de la Fondation Sanofi Espoir.

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