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Par Carenews PRO - Publié le 8 novembre 2017 - 19:18 - Mise à jour le 29 janvier 2018 - 08:19
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[ÉCLAIRAGE] Étude KPMG : état des lieux 2017 du secteur associatif en France

Dans son rapport consacré aux modèles socio-économiques des associations, publié en octobre dernier, le cabinet KPMG dresse un état des lieux du secteur associatif en France. Ce dernier fait face à de nouvelles problématiques liées à la mutation de la conjecture économique, mais aussi à la transformation des pouvoirs publics et à l’évolution des pratiques de solidarité. Répondre à des besoins sociaux dans un contexte de financement décroissant, c’est ainsi tout l’enjeu auquel sont confrontées les associations.

[ÉCLAIRAGE] Étude KPMG : état des lieux 2017 du secteur associatif en France
[ÉCLAIRAGE] Étude KPMG : état des lieux 2017 du secteur associatif en France

 

 

 

Un modèle économique instable

 

Alors que « la baisse des subventions » inquiète depuis de nombreuses années et ne cesse d’être dénoncée, l’étude menée par KPMG détaille et analyse plus précisément cette problématique. En 6 ans, les financements issus de la puissance publique ont diminué de près de 17 %. Une donnée d’autant plus frappante, lorsqu’on sait que la moitié du budget des associations en France est issu des aides de l’État. Les commandes publiques tendent également à se substituer aux subventions. Entre 2005 et 2011, elles enregistrent en effet une hausse de 75 %. Cette transformation s’explique notamment par la volonté des pouvoirs publics d’allouer des dotations à des initiatives plus spécifiques, souvent sélectionnées à la suite d’appel à projets lancés par les collectivités locales. Ces nouvelles pratiques placent en conséquence les associations dans une situation paradoxale. Tandis que d’une part elles voient leurs ressources diminuer, elles doivent, d’autre part, toujours davantage faire preuve d’organisation et de professionnalisme pour espérer obtenir une commande publique. Plus inquiétant encore, au-delà de la remise en cause de la stabilité économique du secteur, c’est aussi une inversion de ses logiques de fonctionnement qui s’opère : les associations étant progressivement privées de leur potentiel d’innovation et d’initiative pour devenir des « prestataires » de l’État. Le rapport KPMG souligne finalement, à juste titre, le risque inhérent à ces bouleversements de standardisation de l’action associative. Pour faire face à cette conjecture, les associations n’ont finalement donc d’autres choix que solliciter davantage leurs usagers. La solution cependant, si elle peut être temporairement salvatrice, est loin d’être durable.

 

Les acteurs du tissu associatif fragilisés par la concurrence

 

Malgré la baisse des financements, ces 6 dernières années ont aussi été marquées par une augmentation du nombre d’associations (+ 400 000). Pouvant être interprétée comme une dynamique positive pour le secteur, il en résulte, dans les faits une configuration déséquilibrée qui donne naissance à une concurrence accrue entre les différents acteurs du secteur. Course à la subvention ou à la commande publique, tentative de « séduction » des mécènes et des bénévoles, projet de renouvellement pour satisfaire leurs adhérents, ou encore recherche d’une stratégie de visibilité globale… autant de nécessités qui détournent parfois les associations de leurs missions initiales, désormais contraintes de jouer le jeu du marché. Cela est sans compter les inégalités territoriales de plus en plus marquées, engendrées par les successives lois de décentralisation qui laissent aux collectivités locales le soin d’administrer le portefeuille qu’il dévoue au soutien d’initiatives d’intérêt général ; certaines d’entre elles se montrant immanquablement plus généreuses que d’autres. Enfin, la sphère privée s’invite également dans l’équation et vient faire de l’ombre à certaines associations notamment dans les domaines de l’aide à domicile, du sport et du tourisme solidaire. L’enjeu est donc grand pour les acteurs associatifs, qui devront apprendre à s’insérer dans une économie globale sans perdre leur finalité originelle. Pour y parvenir, l’étude KPMG suggère alors que soit emprunté le chemin de la professionnalisation des bénévoles mais aussi celui du développement de nouveaux outils de gestion et de suivi des performances sociales.

 

 

 

Répondre au défi des ressources humaines

 

Au-delà de variables exogènes, ce sont aussi des problématiques endogènes qui méritent d’être identifiées. Les ressources humaines constituent un défi de taille pour les associations qui sont aujourd’hui confrontées à l’évolution des modalités du bénévolat. Si le nombres de citoyens engagés a progressé entre 2010 et 2016 de 16,8%, pour atteindre actuellement 11,3 millions de bénévoles, ces derniers adoptent toutefois des comportements différents de leurs prédécesseurs, en privilégiant notamment l’action locale et ponctuelle à la prise de responsabilités. Dès lors, il apparaît d’autant plus difficile pour les structures associatives de renouveler leurs effectifs. Également frappées par « une crise de la gouvernance », à mi-chemin « entre essoufflement et recherche d’efficacité », ce manque de « nouvelles têtes » est encore plus alarmant. En effet, seul un véritable changement générationnel, mettant fin à l’immobilisme des personnels souvent rencontré sur le terrain, pourra permettre d’assurer la modernisation des associations. Au cours des entretiens réalisés par KPMG, nombreux responsables avouent mal connaître les nouveaux dispositifs de financements mis en place (Fonds NovEss, Fonds d’Investissement dans l’Innovation Sociale (FSIO) soutenu par BPI France, Prêt ESS, CIS…) ou confient se sentir inaptes à organiser des campagnes de collectes de fonds efficaces auprès d’acteurs institutionnels ; or, cette nouvelle expertise est probablement à aller chercher auprès de nouveaux actifs. Afin d’adopter des stratégies en adéquation avec leur temps et leur technologie, les associations doivent donc plus que jamais convaincre de leur attractivité. Des programmes sont déjà à l’œuvre et des partenariats sont établis avec des grandes écoles de commerce (ESSEC, HEC, Dauphine) ; tout l’objectif tient à présent alors à perpétuer ces initiatives et à diffuser plus largement les opportunités offertes par l’économie sociale et solidaire.

 

À suivre –  Étude KPMG : quels modèles socio-économiques pour les associations ?

À suivre Étude KPMG : comment moderniser le secteur associatif français ? 

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