Retour sur la soirée de lancement de l’ouvrage « Vers une société de l’engagement ? Futurs possibles à horizon 2040 »

Ouverture d’une soirée sous le signe de l’engagement

La soirée a débuté avec un mot d’accueil de responsable des programmes et des partenariats au Philanthro-Lab, partenaire de la Fonda. Cendrine Nazos a notamment rappelé la qualité des interventions de la Fonda auprès des porteurs de projets incubés. Elle a également annoncé l’organisation, le 20 mai, d’une rencontre-débat sur les alliances et les fusions dans le secteur associatif.

Agathe Leblais, présidente de la Fonda, a appuyé lors de son mot d’ouverture la dimension participative de la démarche prospective dont l’ouvrage rend compte. Ce travail collectif est tissé de nombreux échanges rendus possibles grâce à un cadre d’animation bienveillant et structuré. Elle l’a mis en perspective avec les travaux de la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury sur l’humanisation des liens sociaux. De plus, les dérives des systèmes entropiques présentent le risque de voir l’engagement s’estomper, voire disparaître.

Yannick Blanc, vice-président de la Fonda, a ensuite rappelé l’évolution du concept d’engagement : longtemps centré sur le bénévolat, il sort aujourd’hui ce cadre pour toucher l’ensemble de la société. Cette « extension du domaine de l’engagement » coïncide paradoxalement avec un affaiblissement des institutions, interrogeant la manière dont se fabrique aujourd’hui le lien social. À partir de ce questionnement, la Fonda a structuré au cours des trois dernières années une démarche prospective, avec l’appui notamment de Futuribles international, et construit de l’intelligence collective.

Un ouvrage pour comprendre et agir

Charlotte Debray, déléguée générale de la Fonda, a présenté l’ouvrage comme une synthèse la plus accessible possible d’une compréhension du présent établie en croisant les regards. Grâce à l’étude menée par Destin commun pour la Fonda en septembre 2024, cette synthèse tente de bousculer les conformismes de pensée. L’objectif de l’ouvrage ? « Faire le point sur le présent pour nourrir les décisions stratégiques pour l’avenir », a rappelé Charlotte Debray.

Les travaux, qui ont mobilisé plus de 800 participations, ont permis de mieux cerner le halo de l’engagement, d’en saisir la diversité des formes et d’en dégager les spécificités selon les territoires, les causes ou les générations. Grâce au groupe de pilotage, la Fonda a pu identifier neuf domaines où l’engagement est amené à jouer un rôle essentiel. Avec l’aide de François de Jouvenel, délégué général de Futuribles international, la Fonda a ensuite établi quatre scénarios possibles pour l’avenir de la société de l’engagement. Ces derniers ont vocation à susciter des prises de position.

Des interventions pour mieux comprendre la société de l’engagement

Hannah Olivetti, cheffe de projet prospective de la Fonda, a poursuivi en présentant quelques enseignements issus de cette exploration, en s’appuyant notamment sur les travaux des sociologues Anne Muxel et Roger Sue. L’ouvrage aborde ainsi la pluralité des formes d’engagement, les déterminants comme la transmission familiale ou le territoire de vie, mais aussi les motivations profondes des engagements comme l’utilité, la reconnaissance, ou la réalisation de soi.

Des témoignages de terrain sont aussi venus nourrir cette restitution. Depuis l’automne 2024, les équipes de la Fonda multiplient les interventions auprès d’acteurs engagés au service de l’intérêt général pour leur présenter ces travaux et nourrir leurs réflexions stratégiques :

• Dorothée Cognez, responsable du pôle vie associative et accompagnement structurel à la Ligue de l’enseignement, a souligné la richesse du processus collectif et la diversité des personnes rencontrées dans ce cadre. Pour la Ligue, elle a jugé les scénarios précieux pour formuler des choix stratégiques.
• Aude Bourden, responsable du développement associatif, à APF France handicap, a mis en avant l’utilité des scénarios pour interroger les représentations comme les pratiques. Réfléchir à leur place dans les mutations sociales permet aux associations d’ajuster leur rôle à la fois militant et structurant.

Table ronde : « En 2040, toujours en démocratie ? »

Animée par Yannick Blanc, la table ronde a réuni Axelle Davezac, directrice générale de la Fondation de France, Marie Leclerc-Bruant, élue à Fresnes et Armel Le Coz, cofondateur de Démocratie Ouverte. Ensemble, ils ont interrogé le lien entre démocratie et engagement. Ce dernier peut-il être un des moteurs de la revitalisation de la démocratie ?

Les échanges ont mis en lumière plusieurs points clés. Marie Leclerc-Bruant observe une tension entre démocratie représentative et participative, une inquiétude partagée par les trois intervenants. La nécessité d’innover dans les modes de gouvernance locale, pour aller vers davantage de coopération entre élus, administration et citoyens, n’en est que renforcée. En effet, « les défis que pose le changement climatique appellent des changements de méthode importants, en associant encore davantage les citoyens, et pas seulement ceux qui participent déjà » a rappelé Marie Leclerc-Bruant.

Cofondateur d’une association appelant à une démocratie ouverte, Armel Le Coz a quant à lui insisté sur L’importance de bâtir une démocratie délibérative capable de produire du consensus. Rebondissant sur le titre de la table ronde, il a partagé une alerte : « la fragilisation du fonctionnement démocratique et l’affaiblissement des contre-pouvoirs amènent à se demander si nous serons toujours en démocratie dès 2027 ».

Axelle Davezac a quant à elle insisté sur Le rôle fondamental de la philanthropie dans la Cité, mais aussi la nécessaire adaptation des pratiques pour favoriser la participation et l’engagement des citoyens. « La philanthropie est légitime non pas en faisant elle-même de la politique, mais en donnant les outils pour celles et ceux qui veulent s’engager. »

Pour clore les échanges, Thibaut de Saint Pol, délégué interministériel à la jeunesse et directeur de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative a rappelé que la Djepva et la Fonda cheminent ensemble de longue date, parce qu’elles partagent des constats et des défis communs. Il a souligné l’importance de construire un continuum de l’engagement, dès le parcours scolaire, et de faire évoluer les dispositifs existants, dont le Service civique et Réserve civique, en lien étroit avec les associations, de sorte qu’ils s’adaptent aux besoins de ceux qui s’engagent, et en particulier les jeunes. Les travaux de la Fonda posent des questions fondamentales : Quelle place de l’État ? Facilitateur, coordinateur, administrateur ? Avec quels moyens ? Quelles relations avec la société civile ? Pour le délégué interministériel, la coopération est un élément central, y compris entre les administrations de l’État. La soirée s’est clôturée par un verre de l’amitié, rassemblant quelques-unes des presque 40 contributeurs et contributrices à l’ouvrage.

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