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Par Le Fonds du Bien Commun - Publié le 3 juillet 2023 - 09:24 - Mise à jour le 3 juillet 2023 - 14:21
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« Le gouvernement doit davantage soutenir ceux qui agissent pour le bien commun »

Alban du Rostu, directeur général du Fonds du Bien Commun, loue les vertus de notre tissu associatif. Dans un contexte de baisse des dons, il est indispensable que le gouvernement mette en place un plan ambitieux pour préserver et développer nos associations, plaide-t-il.

Alban du Rostu appelle le gouvernement à développer un plan ambitieux en faveur du modèle associatif
Alban du Rostu appelle le gouvernement à développer un plan ambitieux en faveur du modèle associatif

Une grande partie des 100 jours que s'était donnés la première ministre pour conduire le pays vers l'apaisement s'est déjà écoulée, et si les manifestations se font plus clairsemées, les divisions politiques et sociales profondes demeurent. Pourtant, le gouvernement pourrait trouver dans les centaines de milliers d'associations qui irriguent le pays des relais précieux pour tisser le nouveau contrat social promis par le président de la République.

Abstention, défiance, démissions en masse, désaffiliation vis-à-vis des structures qui ont fait la France et la Vᵉ République (État, Église, partis, syndicats, etc.) dessinent pour l'observateur pressé un inquiétant tableau. Qui veut encore s'engager ? Regardant la jeunesse, on s'inquiéterait plus encore. Lors de la dernière élection nationale (législatives 2022) seuls 28 % des moins de 30 ans ont voté. Oui, mais… dans cette tranche d'âge qu'on dit volontiers centrée sur elle-même, 40 % sont bénévoles dans une association. Il suffit de regarder les rangs de la Protection civile, ou les engagements de chefs scouts pour se rendre à l'évidence : l'engagement est une réalité forte et quotidienne.

Paradoxe apparent de notre société divisée, la recherche de sens est devenue omniprésente : au travail, dans la consommation, dans l'éducation, pour l'environnement… partout, on s'interroge et on agit pour donner un sens à nos quotidiens. Et les Français agissent ! Selon un récent rapport de France Générosités, les dons ont augmenté de 10,7 % entre 2021 et 2022. Au-delà de l'argent, 16 millions de bénévoles agissent sur le terrain. Donateurs ou bénévoles, près de la moitié des Français s'engage pour les associations qui agissent sur les causes qui leur tiennent à cœur.

Le gouvernement veut agir pour l'éducation et la santé ? Il veut lutter contre l'exclusion et la pauvreté ? En première ligne des réalités de notre pays, les associations peuvent l'orienter et lui faire toucher une réalité qui, parfois, passe entre les mailles d'une approche purement administrative ou technique. C'est le sens de l'action qu'ont mené cinq associations sous le nom de « maraude des parlementaires » cet hiver. Tous les parlementaires, de toutes étiquettes, ont été invités à partir anonymement à la rencontre des sans-abri. Une soixantaine a relevé le défi et leurs témoignages humbles et nuancés, c'est-à-dire proprement humains, laissent espérer une évolution de la prise en charge des sans-abri dont le nombre a augmenté de 10 % entre 2022 et 2023.

En incluant les associations et leurs bénévoles et donateurs dans la cocréation et la mise en œuvre de ses réformes, le gouvernement s'offrirait une opportunité unique de rassembler les Français autour d'un grand projet commun. »

Alban du Rostu, Directeur général du Fonds du Bien Commun 

 De plus, les associations sont des laboratoires d'innovation sociale, elles permettent de tester de façon agile et localisée des initiatives qui pourraient ensuite être répliquées par l'État. L'exemple type est celui du partenariat entre Pôle emploi et la Fondation de l'engagement pour tous, qui expérimente localement le fait de confier des missions de bénévolat aux chercheurs d'emploi. Les résultats sont clairs : l'engagement bénévole facilite le retour en activité.

L'exemple de l'association 1001 mots, qui travaille avec les relais PMI et l'ensemble du réseau associatif pour aider les parents à éveiller le langage des enfants de moins de trois ans, est très parlant également : l'objectif est de limiter, avant même la scolarisation, l'écart qui pourrait se creuser entre les enfants. Au lieu de soigner les maux a posteriori, attachons-nous à les prévenir.

En incluant les associations et leurs dizaines de millions de bénévoles et donateurs dans la cocréation et la mise en œuvre de ses réformes, le gouvernement s'offrirait une opportunité unique de rassembler les Français autour d'un grand projet commun. Dans l'immense majorité des cas l'engagement associatif ne repose ni sur l'ambition personnelle, ni sur le goût de l'argent ou la soif de notoriété. Il est l'action de ceux qui croient à un idéal et sont en quête de sens.

Aujourd'hui pourtant le modèle associatif est menacé. Passée la vague de solidarité pour l'Ukraine, comment évolueront les dons en contexte d'inflation ? Près de quatre donneurs sur dix envisagent de moins donner en 2023. Pourtant, nombre de frais des associations évolueront avec l'inflation. L'allongement de la durée de cotisation et le départ plus tardif à la retraite ont inquiété nombre d'acteurs associatifs habitués à compter sur les jeunes retraités pour mener leurs actions.

Un plan ambitieux et transversal pour le soutien et le développement de la vie associative serait pour le gouvernement l'opportunité de soutenir mieux ceux qui agissent au quotidien pour le Bien commun. »

Alban du Rostu, Directeur général du Fonds du Bien Commun

 

Plus profondément, les associations sont limitées dans le déploiement de leur plein potentiel. Dans une économie où se développent par milliers les entreprises « à mission » et les fonds d'investissement « à impact », la distinction stricte entre lucratif et non lucratif pénalise parfois les associations. Plusieurs pistes pourtant pourraient être explorées comme le relèvement du plafond des recettes d'exploitation des organismes à but non lucratif. Combien d'associations limitent-elles aujourd'hui le développement de leurs activités lucratives (par exemple la dispense de formations ou de prestations de conseil) pour ne pas risquer de perdre leur qualification d'intérêt général ?

Les demandes sont nombreuses. Un plan ambitieux et transversal pour le soutien et le développement de la vie associative serait pour le gouvernement l'opportunité de soutenir mieux ceux qui, souvent dans la discrétion et de façon bénévole, agissent au quotidien pour le Bien commun.

Les millions de Français de tous âges, toutes conditions et toutes sensibilités politiques, qui s'engagent dans des associations témoignent du fait que l'engagement continue, en 2023, à être une aspiration soutenue dans notre société qu'on dit en mal de sens. Dans un contexte de vives tensions politiques et sociales, ces associations sont un signe d'espoir et pourraient servir d'inspiration et de relais pour les politiques attachés à l'unité de notre pays.

Par Alban du Rostu

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