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Par Carenews INFO - Publié le 17 octobre 2025 - 15:00 - Mise à jour le 20 octobre 2025 - 16:29 - Ecrit par : Léanna Voegeli
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« Les gouvernements passent, mais les besoins restent » : le secteur associatif inquiet pour les populations en difficulté

La troisième édition du colloque annuel de l’Observatoire des Restos du cœur s’est tenue le mercredi 15 octobre, rassemblant plusieurs acteurs de la vie associative pour débattre autour des enjeux et défis du secteur, dans un contexte particulièrement difficile.

De gauche à droite : Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire français, Najat Vallaud-Belkacem, présidente de France terre d'asile, Didier Duriez, président du Secours catholique, Yves Merillon, membre du bureau national des Restos du cœur. Crédit : Léanna Voegeli
De gauche à droite : Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire français, Najat Vallaud-Belkacem, présidente de France terre d'asile, Didier Duriez, président du Secours catholique, Yves Merillon, membre du bureau national des Restos du cœur. Crédit : Léanna Voegeli

 

 

« Les gouvernements passent, mais les besoins restent », lance Patrice Douret, le président des Restos du cœur à l’occasion du colloque annuel de l’association, ce mercredi 15 octobre. Cette année, l’événement s’inscrit dans un contexte particulier. Il fait en effet suite aux mobilisations du secteur associatif s’étant tenues le 11 octobre.  

Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif, note la nécessité d’une refonte du financement des associations. « Dans cette optique une proposition sera présentée le 30 janvier afin de sortir du schéma dans lequel on se trouve », explique-t-elle.  

C’est de ce schéma dont il est question dans la première conférence de l’après-midi, qui porte sur l’engagement associatif à l’épreuve des crises. Les intervenants mettent aussi en évidence l’évolution des caractéristiques de la pauvreté. « Contrairement aux décennies précédentes, nous accueillons beaucoup de travailleurs en difficulté. Alors que la majorité des gens que nous suivions étaient des personnes au chômage », souligne Didier Duriez, président du Secours catholique. Il note également le développement d’une pauvreté rurale qu’il attribue « possiblement à la dématérialisation des services publics »

 

Contrairement aux décennies précédentes, nous accueillons beaucoup de travailleurs en difficulté. Alors que la majorité des gens que nous suivions étaient des personnes au chômage » 

Didier Duriez, président du Secours catholique.

 

L’évolution du discours sur la pauvreté 

 

« Créer du lien social et aider les bénéficiaires à accéder à leurs droits fait partie de nos missions essentielles », rappelle quant à lui Yves Merillon, porte-parole des Restos du cœur. Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire français, réagit en évoquant les actions de son organisation, fondées sur l’entraide. L’objectif est ici d’encourager des personnes en difficulté à créer des événements en faveur d’autres personnes dans la même situation. « Quand je vois ce que parviennent à mettre en place certains jeunes, c’est la preuve que ça marche », souligne-t-elle. 

Autre sujet évoqué : l’évolution du discours sur la pauvreté. Didier Duriez se remémore les campagnes d’un « genre nouveau » ayant émergé à la fin des années 2000 et au début des années 2010. « Laurent Wauquiez parlait notamment du “cancer de l’assistanat”. Nous sommes passés d’un discours disant que la pauvreté est insupportable à des paroles très culpabilisantes », détaille-t-il. 

Najat Vallaud-Belkacem, présidente de France terre d’asile, élargit la réflexion initiée par le président du Secours catholique. Elle fait le lien avec la méfiance pesant sur les demandeurs d’asile, qu'elle situe à l’arrivée des réfugiés syriens en 2015. Elle s’alarme notamment de la fermeture de certains chemins d’arrivée vers l’Europe qui ont laissé place à des itinéraires plus dangereux. « Les choses sont aussi plus difficiles en matière de travail. À l’époque, si une personne n’obtenait pas le statut de réfugié, il était possible de trouver un emploi dans un secteur en tension. Aujourd’hui si le statut n’est pas obtenu, une OQTF est de manière générale automatiquement prise », déclare l’ancienne ministre de l’Éducation nationale. 

 


À lire aussi : Le monde associatif alerte sur sa situation à l’aube des mobilisations du 11 octobre 


 

Une porte sur le monde de la culture   

 

Anne-Cécile Mailfert, fondatrice et présidente de la Fondation des femmes, dénonce la baisse des subventions allouées aux associations féministes en 2025. Pour exemple, elle évoque la fermeture de sept centres de santé sexuelle dans la Drôme, en raison du budget attribué par le Conseil départemental.

Elle s’inquiète également d’une certaine mise sous silence des associations œuvrant pour les droits des femmes. « Les associations sont étouffées par les réseaux sociaux car les algorithmes de Meta déréférencent les mots que l’on utilise, comme les termes de viol, de ménopause ou de femme », explique-t-elle. 

Marie-Carmela Mini, présidente de France Festivals et directrice du festival Latitudes contemporaines à Lille, souligne quant à elle que 85 % des festivals ont un statut associatif et que ces événements favorisent l’accès à la culture des publics précaires.  « Nous accueillons chaque année 30 mineurs isolés et nous leur proposons un travail au sein d’un des festivals », explique-t-elle à titre d’exemple. Des artistes afghanes sont également épaulées dans leurs projets.  

 

Léanna Voegeli  

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