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Par Le Labo de l'ESS - Publié le 10 juin 2020 - 10:00 - Mise à jour le 10 juin 2020 - 10:00
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[Portrait] Ecolibri, le club zéro déchet d’un collège breton

Rencontre avec Floriane Voyer, instigatrice de ce merveilleux projet, mêlant collaboration, réflexion et création zéro déchet.

Garçon utilisant une machine à coudre. Copyright : Ecolibri
Garçon utilisant une machine à coudre. Copyright : Ecolibri

 

On n’est jamais trop jeune pour devenir acteur du monde qui nous entoure, cultiver nos idées pour un monde plus juste et moins pollué ou pour avoir un impact positif. Cet engagement peut se développer tout au long de notre éducation et l’école y a une place indéniable. Tel le colibri qui peut faire sa part et avoir un impact plus large, un groupe d’élèves motivés arrive à réduire sa consommation d’emballages alimentaires en montant et animant un club zéro déchet dans leur collège. Rencontre avec Floriane Voyer, instigatrice de ce merveilleux projet, mêlant collaboration, réflexion et création zéro déchet.

Un club à l’initiative des collégiens eux-mêmes

Tout a commencé en 2019 au collège Camille Claudel de Saint-Quay-Portrieux lorsque Floriane Voyer, professeure d’histoire-géographie a dû aborder avec ses 5ème un chapitre de géographie sur le changement global et comment y faire face. « On a évoqué la question de la gestion des déchets dans le monde, et en fait il y a eu toute une discussion avec les élèves, on avait une élève dans la classe qui est dans une famille zéro déchet », déclare Floriane Voyer, pleine d’enthousiasme. Les élèves ne connaissaient pas vraiment la quantité de déchets qu’ils produisaient et de fil en aiguille, « on s’est dit qu’on [pourrait] créer un club autour de cette thématique du zéro déchet », au sein même du collège. La professeure a donc réfléchi autour de cette idée de club durant l’été 2019 et a pris contact avec L’ESPER pour le faire entrer dans le dispositif « mon ESS à l’école » et bénéficier ainsi de renseignements et conseils.

Le club zéro déchet était né avec l’avantage d’être « un projet qui peut convenir à tous types de profils d’élèves, tout en ayant comme objectif commun le fait de créer des objets et de créer une communication, une sensibilisation qui permette d’adopter des gestes du zéro déchet au quotidien » explique Floriane Voyer qui ajoute que créer ce club revenait à monter une mini-entreprise où les élèves font tout de A à Z, « il a fallu choisir un nom d’entreprise, et c’est là où ils ont choisi le nom Ecolibri », un joyeux mélange entre économie, colibri et école, raconte Floriane Voyer. La professeure travaille avec Caroline Le Strat, sa collègue documentaliste, pour encadrer les élèves, tous les vendredis midi pendant 55 minutes, au sein du CDI du collège. Les adultes sont là uniquement pour aider sur la partie logistique, comme par exemple pour financer l’achat de machines à coudre par l’association du collège. En ce qui concerne la collecte de tissus par exemple, tout est géré par les élèves. C’est en moyenne 25 élèves de la 6ème à la 3ème qui participent activement au club sur une base de volontariat.

Lors de la discussion avec les élèves, ils avaient remarqué que la majorité de leurs déchets venait des emballages alimentaires. C’est donc tout naturellement que « la première mission a été de faire des sacs de course en vrac, donc des petits sacs en tissu, qui permettent du coup de ne plus avoir d’emballages alimentaires » confie la professeure. Les élèves débordent de nouvelles idées et réfléchissent réellement à réaliser des projets pour réduire leurs propres déchets : confectionner des cotons lavables, des « tawashis », éponges lavables faites à partir de restes de chaussettes, et des bee-wrap, tissus enduits de cire d’abeille remplaçant le cellophane ou l’aluminium pour couvrir un plat.

Tawashi réalisés par les collégien·ne·s du club
Tawashi réalisés par les collégien·ne·s du club

Un club à impact positif où se cultive le développement personnel

Comme le dit très bien leur professeure, grâce à ce club, les élèves deviennent vraiment « initiateurs d’idées ». Ils vont pouvoir développer des compétences qu’il est parfois difficile de faire travailler en classe, telles que la coopération, la collaboration entre eux et bien sûr la prise d’initiatives. En plus d’un développement de compétences personnelles, « ça les fait réfléchir sur leurs valeurs » explique avec joie Floriane Voyer.

Ce qui est intéressant à l’intérieur de ce club c’est que certaines habitudes que les élèves peuvent avoir au collège sont remplacées. Par exemple, l’aide qu’ils s’apportent entre eux est vraiment basée sur leurs compétences et pas sur leur âge ou leur sexe. Pour soutenir ce point, la professeure nous parle de cet élève de 5ème qui sait très bien coudre car sa mère est couturière, et a donc pu initier les autres membres du club aux bases de la couture.

Collégiennes réalisant un tawashi
Collégiennes réalisant un tawashi

Bien sûr, Ecolibri a un impact plus large que simplement sur ses jeunes membres. Certains comportements ont changé dans les familles des élèves puisque ces derniers ont par exemple fait découvrir à leurs parents, des magasins qui pratiquent la vente en vrac. Un impact positif qui permet de sensibiliser largement : « c’est l’objectif aussi, leur première sensibilisation, c’est leur cadre familial » assure leur professeure.

Avant la création du club, les élèves n’avaient jamais vraiment été confronté à l’économie sociale et solidaire, « c’est vrai qu’on a commencé sans aucune théorie finalement, par rapport à ce sujet-là, ils sont vraiment entrés par la pratique » relate la professeure. Les élèves ont quand même pu avoir un premier aperçu de ce qu’est l’ESS à travers la visite du correspondant de L’ESPER qui s’est présenté comme un acteur de l’économie sociale et solidaire. «  Il leur a mis un peu de perspectives finalement à leur projet et je pense que l’exposition va vraiment permettre d’élargir en fait, qu’ils se sentent vraiment appartenir à quelque chose de plus vaste » annonce Floriane Voyer. Elle soutient aussi l’idée que l’enseignement de l’ESS à l’école devrait se faire de manière transversale, comme est enseigné le développement durable, mêlant plusieurs professeur.e.s et matières.

Bee wrap
Bee wrap

Un foisonnement d’idées qui se confronte à un cruel manque de temps

Les élèves ne manquent vraiment pas d’idées, et Floriane Voyer d’ajouter : « on aurait peut-être besoin d’être plus d’adultes » afin de mieux les encadrer, les guider et les aider à développer tous leurs projets. C’est bien évidement le temps qui fait aussi défaut à ce club puisque 55 minutes par semaine peut rendre certains élèves frustrés, «  ils ont l’impression de ne pas progresser très vite, en tout cas dans leurs productions » explique Floriane Voyer.

Même si pour l’instant l’emploi du temps ne le permet pas, «  je serai ravie de les avoir un deuxième midi dans la semaine, c’est sûr » confie leur professeure. Elle peut être particulièrement fière de son accomplissement encourageant la collaboration entre les élèves de tous niveaux confondus autour du zéro déchet, elle le dit elle-même, « ces élèves du club, je les trouve hyper épanouis ». À l’avenir, la professeure aimerait intégrer de nouveaux élèves, avec des profils plus variés, afin de leur faire découvrir une autre facette du collège, tout en restant sur la base du volontariat.

Ecolibri, un bel exemple à suivre et à dupliquer pour apprendre aux jeunes à coopérer et expérimenter l’économie sociale et solidaire tout en réduisant leur impact environnemental !

Logo du club Ecolibri
Logo du club Ecolibri

Rédaction : Salomé Préaudat, Photos : Ecolibri

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