Cinéma, réseaux sociaux... et si nous parlions influence ?

De la force des récits cinématographiques

Focus sur la réalisatrice Jeanne Herry en lice pour le Prix Alice Guy 2024 avec « Je verrai toujours vos visages »

Avec 9 nominations aux Césars 2024 et près d'1,2 million d'entrées, « Je verrai toujours vos visages » est un vrai succès. Pour autant, le film de Jeanne Herry a créé la surprise : les professionnels ne s'attendaient pas à ce qu'un film labellisé Art & Essai, au sujet délicat, au traitement sobre et réaliste suscite un tel engouement. Il vaut également à sa réalisatrice de figurer parmi les 5 nominées au Prix Alice Guy qui récompense le meilleur film français de l'année réalisé par une femme. Suspense, le jury se réunit justement aujourd'hui pour déterminer la lauréate. La fiction, un outil formidable pour aborder les différents aspects d'une problématique sociétale Depuis sa sortie au printemps 2023, "Je verrai toujours vos visages" a permis à un vaste public de découvrir le concept méconnu de "Justice Restaurative" et de mieux comprendre cette approche qui, depuis 2014 en France, propose à des victimes et des agresseurs de se rencontrer, dans le cadre d'un dispositif confidentiel et sécurisé.

La mécanique est complexe. S'il est question de réparation, il est aussi question de souffrance.

Pas facile d'en faire un film sans tomber dans le drama, le voyeurisme ou le cliché. Certes, Jeanne Herry n'en est pas à son coup d'essai : la délicatesse avec laquelle elle abordait déjà le sujet sensible de l'adoption et du rôle des travailleurs sociaux dans son précédent film, « Pupilles » (2018), avait été particulièrement remarquée.

À nouveau, la réalisatrice fait preuve d'une grande justesse dans sa narration, servie par un casting de haut vol (Leila Bekhti, Élodie Bouchez, Jean-Pierre Darroussin, Adèle Exarchopoulos, Gilles Lellouche, Miou-Miou…). Mais c'est sa connaissance approfondie du dispositif qui permet une telle authenticité au final. Pendant des mois, Jeanne Herry a travaillé main dans la main, avec les équipes de l'Institut Français pour la Justice Restaurative (IFJR)* pour acquérir une compréhension particulièrement pointue du process.  

« Je n’ai pas épluché les faits divers ; j’ai rencontré plein d’animateurs et des encadrants du côté de la justice restaurative, qui m’ont bien expliqué les protocoles. Quand on connaît bien les protocoles, on peut y adosser une dramaturgie »

Jeanne Herry

• Découvrez en vidéo le retour de Benjamin Sayous, Directeur général de l'IFJR

Investir la sphère médiatique pour favoriser, par ricochet, les progrès sociaux, une ambition du Projet Imagine

Au-delà du sujet, qui nous touche particulièrement*, le succès de ce film nous réjouit d'autant plus qu'il renforce notre conviction - et intuition première de la fondatrice de notre ONG : lorsqu'elles sont mises en fiction avec justesse, les thématiques sociales et sociétales, même complexes, peuvent intéresser le grand public et favoriser les réflexions pour l'amener à participer au débat… La magie du cinéma est de toucher les spectateurs sur un plan émotionnel. Ainsi, les perspectives proposées dans « Je verrai toujours vos visages » permettent de stimuler le débat sur des questions cruciales pour nos sociétés, à commencer ici par celle-ci : quelle justice voulons-nous en 2024 ? Et plus largement, qu'est-ce que la justice ?

* Membre du Conseil d'administration de l'IFJR, Frédérique Bedos a consacré un documentaire à la question à voir ou revoir en cliquant sur le lien ci-dessous (durée 22'36).

DU CARACTÈRE NÉFASTE DE CERTAINS RÉSEAUX SOCIAUX

Pourquoi nous quittons X (ex Twitter)

Lorsqu'en 2012 nous avons créé notre compte sur le réseau social Twitter, c'était un jeune, mais puissant outil de communication. Nous espérions alors pouvoir échanger des informations et alimenter le débat en faveur d'une société plus juste, inclusive et durable. Mais, comme le rappelle Dominique Wolton, penseur de la communication, "pour communiquer, il faut de l'égalité, de la liberté et du respect de l'autre."

Une menace pour la démocratie

12 ans après, c'est malheureusement l'inverse qui prédomine sur X : depuis son rachat par Elon Musk en octobre 2022 « X est devenu le réseau de la fachosphère, des trolls, des complotistes, etc. » analyse David Chavalarias, directeur de recherche au CNRS. Adieu, l'oiseau gazouillant dans un ciel bleu d'azur, bonjour, l'inconnu sur fond noir. Glaçant !

En monétisant la plateforme, en supprimant les comptes de personnes dont les propos ne lui convenaient pas, (journalistes, détracteurs…), en licenciant les modérateurs, en rétablissant l'accès aux personnes bannies (pour harcèlement, contenus violents ou haineux…), en modifiant ses algorithmes le patron de X en a fait une place qui donne la priorité aux contenus toxiques, aux mensonges et à la propagande.  Alors que plus de 4 milliards d'humains (51 % de la population mondiale dans  76 pays) sont appelés à voter dans le monde en 2024, notamment aux États-Unis et au Parlement Européen, ces infox représentent une véritable menace pour la démocratie. Parce que nous ne souhaitons pas participer à cette mascarade, source de désinformation, aux antipodes de notre mission d'ONG d'information, nous décidons donc aujourd'hui de supprimer notre compte X. Si vous désirez continuer d'échanger avec nous sur les réseaux sociaux, nous serons heureux de vous retrouver sur Linkedin, Facebook et Instagram.

UN MERVEILLEUX MOMENT DE COMMUNION…

Retour sur le concert exceptionnel donné par le pianiste virtuose Tristan Pfaff Salle Gaveau

Quel bonheur de retrouver Tristan Pfaff dans la mythique Salle Gaveau ! Son jeu unique, à la fois virtuose et sensible, nous a éblouis. En revisitant ses compositeurs préférés, Chopin, Schubert, Fauré, Godard, Weill, Schoenfield… le pianiste, merveilleusement accompagné d'Erminie Blondel (soprano), Marie Gautrot (mezzo-soprano), Laurent Arcaro (baryton), Alexis Cardenas (violon) et Julie Sévilla-Fraysse (violoncelle), nous a fait vibrer !

Saisi par une même émotion, le public a, le temps d'une soirée, pu échapper aux tourments que l'époque nous inflige.

Merci l'artiste, et chapeau bas !

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