Télétravail et inégalités de genre : comment y faire face ?
On le sait désormais, la COVID-19 et la pandémie ont changé nos manières de travailler et de vivre. Ce n'est plus un secret pour personne. Dans bon nombre de secteurs et d'entreprises, le télétravail va perdurer. Il a amené beaucoup d'avantages tant personnels (bien-être, temps de loisirs et famille plus équilibrés, moins de temps perdu en transport, etc.) que globaux (plus d'efficacité et productivité, etc.). Et même si l'adaptation a été rapide et souvent facilitée par les outils technologiques à notre disposition, force est de constater que la situation a néanmoins accentué bon nombre d'inégalités de genre.
À l'époque où « charge mentale » n'est plus un vilain mot, mais bien une réalité acceptée et discutée au sein du couple et dans le domaine du bien-être au travail dans cette situation de télétravail, tout n'est pas encore acquis.
Alors, puisque cette nouvelle méthode de travail prisée de tous voire requise par les employés, il nous a semblé pertinent de souligner les inégalités et problématiques de genre encore présentes afin que, qui sait, celles-ci puissent, lentement peut-être, mais sûrement, se dissiper. C'est tout ce qu'on espère.
La COVID-19 selon les femmes
En 2020, l'enquête française Coconel démontre que les adaptations face à la situation de confinement et de télétravail ont été lourdes d'inégalités. En effet, c'est seulement 25 % des femmes qui ont pu aménager un espace de travail digne de ce nom, contre 39 % des hommes. Les femmes, forcées d'improviser tout en maintenant leurs responsabilités habituelles au foyer, se sont contentées bien souvent d'une table de cuisine, de salon, d'un espace bruyant et souvent occupé également par les enfants, acteurs inoubliables dont elles ont dû se charger régulièrement durant leurs heures de travail.
Forcés de rester à domicile, il est possible d'imaginer des ménages dans lesquels les tâches ménagères sont désormais mieux réparties. Pourtant, en Belgique, 30 % des femmes interrogées ont admis avoir fait preuve de nombreuses difficultés pour jongler entre les charges familiales et leur emploi de travail, là où seulement 18 % des hommes se sont sentis dépassés par cette double responsabilité. La conséquence directe ? Une fatigue mentale constante, durant tout ce confinement déjà inquiétant dans une atmosphère anxiogène.
Au-delà de toutes ces complications liées au ménage, il est par ailleurs important de prendre en compte les situations liées à l'utilisation d'outils technologies et les répercussions que ceux-ci ont pu avoir pour les relations de travail virtuel des femmes. En effet, les situations de harcèlement au travail n'ont pas disparu comme par miracle, bien au contraire. Il semblerait que de nombreuses femmes se soient senties forcées de porter des tenues dites « attirantes », voire de porter du maquillage durant les vidéoconférences. Cependant, isolées à leur domicile, face à un écran virtuel, il peut être très complexes pour les travailleuses de dénoncer ces remarques sexistes et ces tendances au harcèlement lourdes à vivre dans un quotidien en confinement.
Enfin, là où le mansplaining - pratique par un homme visant à interrompre une femme dans son discours afin de la paraphraser - était déjà monnaie courante en entreprise, il a été démontré que plus de 10 % des femmes aient éprouvé des difficultés à se faire entendre et imposer leur expertise lors de vidéoconférences, souvent interrompues et diminuées par leurs collègues masculins.
Tout ceci ne relate que d'exemples, mais les situations peuvent bien évidemment être variées. Les barrières imposées par le télétravail et les communications en virtuel ne sont pas le cœur du problème per se. Le problème, comme souvent, est encore et toujours l'information dont dispose les collègues hommes et femmes sur ces comportements.
Comment en sortir ?
Il ne s'agit pas de se forcer à rendre l'environnement virtuel plus favorable pour les femmes que pour les hommes, mais plutôt leur accorder les mêmes temps de parole, traitements et respects. Dès lors, sur base de nombreux exemples, nous vous délivrons quelques idées pouvant donner lieu à de beaux projets inspirants pour rendre les inégalités de genre en télétravail moins présentes, si ce n'est inexistantes au sein de votre organisation. Les voici :
- Éduquez les collaborateurs - hommes et femmes - sur les problématiques liées au genre en télétravail
- Invitez les managers d'équipe à encourager des prises de parole équitables lors de réunions d'équipe
- Nommez un responsable, une personne de confiance, chargée de recevoir les rapports de situations conflictuelles et inégalitaires pouvant surgir durant le télétravail (cyberharcèlement, invisibilisation de la femme, mansplaining, etc.)
- Faites du sujet « Féminisme » et « Inégalités de genre » une thématique comprise, entendue et respectée par chacun en communiquant régulièrement à ce sujet : informations, anecdotes, questions-réponses, etc.
- Permettez à chacun de faire part d'idées et de projets à mettre en place pour améliorer la situation, de manière anonyme si nécessaire
- Encouragez les prises de paroles au sein des équipes : par exemple, organisez un certain nombre de fois par mois une réunion globale permettant à un·e collaborateur·trice de parler de son métier, son expertise, son travail au sein de votre organisation
L'émancipation de la femme comme sujet RSE
Les questions d'inégalité de genre peuvent être une thématique à aborder et organiser dans le cadre de vos projets de Responsabilité sociale des entreprises. Les idées pour instaurer des activités RSE dans cette thématique sont nombreuses et à l'ordre du jour.
Enfin, pour gérer tous vos projets si inspirants et à fort impact social et sociétal, n'hésitez jamais à opter pour la facilité technologique : certes, elle a ses défauts, nous l'avons vu, mais elle a également ses avantages et non des moindres !
