COP 29 : des avancées modestes face à l’urgence climatique
La 29e Conférence des Nations Unies sur le climat (COP 29), qui s’est tenue à Bakou, s’est achevée avec des accords marquants, notamment sur le financement et les mécanismes de marché du carbone. Cependant, les défis restent immenses pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris et éviter les conséquences les plus graves du dérèglement climatique.
Triplement du financement climatique : une avancée insuffisante pour les pays en développement
Au terme de négociations intenses, un accord a été trouvé pour tripler le financement climatique destiné aux pays en développement. Cet objectif ambitieux porte le montant annuel à 300 milliards de dollars d’ici à 2035, contre les 100 milliards précédemment visés. De plus, l’accord prévoit de mobiliser un total de 1 300 milliards de dollars par an à la même échéance, provenant à la fois de sources publiques et privées.
Si cet engagement marque une étape significative, il reste insuffisant aux yeux des pays les plus vulnérables. Le Sierra Leone, au nom de plusieurs nations en développement, a dénoncé un manque de volonté des pays développés, affirmant que ce financement représente « moins d’un quart de ce qui est scientifiquement nécessaire pour éviter une catastrophe climatique ».
Adoptant un ton différent, un représentant de la délégation de l’Union européenne a déclaré que le nouvel objectif de financement de la lutte contre le changement climatique « apportera simplement beaucoup, beaucoup plus d’argent privé sur la table, et c’est ce dont nous avons besoin. Et grâce à ces fonds, nous sommes convaincus que nous atteindrons l’objectif de 1,3 billion de dollars ».
Accord sur le marché du carbone : un pas en avant vers la régulation
Autre moment clé de cette COP : les parties ont enfin trouvé un consensus sur la mise en œuvre du marché du carbone dans le cadre de l’Article 6 de l’Accord de Paris, un point bloquant lors des précédentes conférences.
- Échanges entre pays : l’article 6.2 permettra des échanges de crédits carbone entre États, avec une supervision renforcée pour éviter les dérives passées observées sous le Protocole de Kyoto.
- Participation des entreprises : les entreprises auront également accès à ce marché, sous la supervision des Nations Unies. Ce mécanisme devra cependant s’aligner rigoureusement sur les données scientifiques pour garantir son efficacité dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Manque de transparence : des efforts encore attendus
L’engagement des parties en matière de transparence a également montré des limites. À ce jour, seuls 13 pays ont publié leurs rapports biennaux sur la transparence, un impératif prévu par l’Accord de Paris. Les autres doivent le faire d’ici fin 2024, faute de quoi leur crédibilité pourrait être remise en question.
Et après ?
Bien que les accords signés durant cette COP 29 montrent une progression dans l’ambition des États parties à mettre en œuvre les objectifs de l’Accord de Paris, ces engagements pris doivent dorénavant réellement se matérialiser, et rapidement, notamment en ce qui concerne le financement.
« Il doit être honoré dans son intégralité et dans les délais impartis. Les engagements doivent rapidement se transformer en liquidité. Tous les pays doivent s’unir pour faire en sorte que ce nouvel objectif soit atteint », a ainsi affirmé le Secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres.
La prochaine étape sera la COP 30, prévue à Belém, au Brésil, en 2025. L’objectif sera non seulement de poursuivre sur la lancée de Bakou, mais aussi de répondre aux attentes croissantes des communautés les plus touchées par la crise climatique.