Interview de Thierry Roquefeuil, Président du CNIEL

• Pouvez-vous nous rappeler les missions du Cniel ?

Le Cniel, c’est une interprofession qui regroupe 4 collèges. L’idée, c’est de travailler tous ensemble dans l’intérêt de la filière laitière française. C’est-à-dire, assurer des produits de qualité en effectuant un suivi du producteur au consommateur ; travailler la communication pour promouvoir les produits laitiers ; et puis veiller à l’équilibre économique de l’ensemble des acteurs de la filière pour s’assurer de sa pérennité.

• En 2017, le plan France Terre de Lait a donné un coup d’accélérateur à la démarche RSE du Cniel. Quels sont aujourd’hui les engagements de responsabilité sociétale de l’interprofession ? 

France Terre de Lait est la démarche de responsabilité sociétale collective de la filière. Elle est l’un des engagements du plan de filière 2017 dont l’objectif prioritaire était de créer de la valeur et de mieux la partager. Cette démarche se nourrit du dialogue entre toutes les parties prenantes et accompagne les acteurs laitiers dans une dynamique d’amélioration continue. En 2023-2024, nos objectifs restent les mêmes mais les priorités s’ajustent en fonction du contexte et l’évolution de nos enjeux. C’est ainsi que trois thématiques ont été élevées au rang de priorités majeures pour la filière laitière : d’une part celle de l’attractivité de nos métiers et à travers elle, le renouvellement des générations, d’autre part celle de la décarbonation de notre secteur pour adapter la filière au changement climatique et atténuer notre impact. Enfin, le respect du bien-être animal qui fait partie intégrante du métier d’éleveur et qui contribue à la production laitière de qualité et à la compétitivité des fermes.

• Pourquoi les dons de lait sont-ils au cœur de l’ADN de la filière laitière ? 

Pour comprendre, il faut revenir un peu en arrière. Dans les années 1980, l’Europe obligeait les producteurs de lait à produire une certaine quantité de lait chaque année, c’était ce qu’on appelait « les quotas laitiers ». Si vous produisiez trop, vous deviez payer des pénalités. C’est comme ça que les dons de lait ont débuté. Et cette pratique s’est pérennisée, même après la fin des quotas en 2015. Le don de lait est une action solidaire en cohérence avec les valeurs fortes de notre filière, et nous y sommes attachés !

• Quels sont les freins qui peuvent exister pour les producteurs qui souhaitent donner du lait ?

La paperasse ! On ne va pas se mentir, les producteurs aiment rarement les démarches administratives (rires) ! Il y a des délais précis, des déclarations à faire, des questions de reçus fiscaux… ça peut décourager les producteurs. C’est pour ça qu’on travaille avec Solaal pour dire aux producteurs que c’est un geste important, même s’il n’est pas toujours simple.

• Avez-vous un message à adresser aux éleveurs concernant les dons de lait ?

Les banques alimentaires nous disent que les dons de lait sont essentiels parce que les familles ne peuvent pas se passer de lait, c’est fondamental dans leur équilibre alimentaire. Cela nous touche forcément en tant qu’éleveur. Alors, ayez en tête que peu importe la quantité de lait que vous pouvez donner, 100 litres, 200 litres ou 1 000 litres, c’est le geste qui compte. Ce don va permettre d’aider des familles et des enfants dans des moments difficiles, or, on sait qu’aujourd’hui, il y en a de plus en plus…